Le Ministre est enceinte
de Bernard Cerquiglini

critiqué par Colen8, le 11 janvier 2021
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Querelle en fin de compte dénuée de fondement
Avant 1600 les noms de fonctions et de métiers féminins allaient de soi jusqu’à ce qu’une chape masculine les retire du vocabulaire courant sous prétexte de pureté sémantique. Venue du Québec il y a une quarantaine d’années, relayée par les locuteurs francophones et les féministes la revendication de féminiser les métiers dans un premier temps, les fonctions, grades et titres quelques années plus tard, a suscité moult polémiques moqueuses ou oppositions féroces des soi-disant puristes. Pas celles des linguistes voulant y voir la vitalité de la langue, plutôt celles de l’Académie française figée dans un conservatisme et une misogynie dépassés. Depuis, les règles du bon sens, de la simplicité et de la grammaire ajoutées à des initiatives venant d’ici ou là ont conduit à renoncer à l’écriture inclusive. Les auteures, ingénieures, professeures, procureures sont entrées dans la pratique sans plus faire couler d’encre comme il y a bien longtemps les prieures et supérieures. On a conservé ou élargi le sens de noms préexistants, ambassadrice, étudiante, formé celui de chancelière sur infirmière ou cuisinière, accordé les épicènes avec leur article, la commissaire, la ministre, la journaliste et ainsi de suite. Même la très controversée écrivaine, d’usage avéré il y a pourtant fort longtemps ne fait que dériver du prestigieux modèle de souveraine.