L'effervescence des images : Albert Kahn et la disparition du monde
de Adrien Genoudet

critiqué par Colen8, le 3 janvier 2021
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Le créateur mystère des Archives de la Planète
Né dans une famille pauvre alsacienne, décédé à l’âge de 80 ans dans un complet dénuement, entre les deux Albert Kahn a conçu et réalisé un projet grandiose en ces débuts de la civilisation de l’image. Disciple d’Henri Bergson, mais aussi capitaliste et spéculateur vite devenu richissime, par une prise de conscience à mi-parcours il a endossé les habits de l’humaniste pacifique et du philanthrope visionnaire pour donner à voir par films, photos, autochromes interposés, l’état de son monde contemporain. Ses collections initialement destinées à une élite nous sont parvenues grâce à une énergie qui leur était propre traduite par ce terme d’effervescence. Pendant plus de vingt ans Albert Kahn a commandité des opérateurs choisis pour sillonner méthodiquement nos voisins en Europe ainsi que les pays plus lointains d’Asie par exemple. Dès le départ il s’était fixé l’objectif de créer une banque d’images représentatives de la vie locale qu’il a appelée « Archives de la Planète ».
Dans sa thèse de doctorat d’art, Adrien Genoudet mène une minutieuse enquête biographique, historique et philosophique sans parvenir à éclairer complètement la personnalité paradoxale d’Albert Kahn resté secret sur sa vie privée. Sa mort dans l’indifférence (1940), lui qui avait si longtemps côtoyé les plus grands n’a pas détruit l’œuvre de sa vie. Indirectement il s’est trouvé des cinéastes pour remployer partie de ses images : Abel Gance l’un des grands, Frédéric Rossif le réalisateur de documentaires, une écrivaine Nicole Vedrès assistée d’Alain Resnais avec son « Paris 1900 » présenté à Cannes et prix Louis Delluc (1947).
L’accès public en est dorénavant possible sur le site du musée départemental des Hauts-de-Seine : https://opendata.hauts-de-seine.fr/explore/…