La grande épopée des chevaliers de la Table Ronde, Tome 2 : Lancelot et Guenièvre
de Sophie Lamoureux, Olivier Charpentier (Dessin)

critiqué par Fanou03, le 7 décembre 2020
(* - 49 ans)


La note:  étoiles
Lancelot est dans une charette
Ce deuxième tome de l’épopée des chevaliers de la table ronde reprend avec bonheur le même principe que le premier de la trilogie qui était consacré au Roi Arthur. Cette fois-ci l’ouvrage traite des exploits de Lancelot, autre personnage incontournable s’il en est du cycle arthurien. Comme le précédent également, Sophie Lamoureux commence par l’enfance du héros, ce qui ne peut que parler au jeune public auquel est destiné cette réécriture. Il faut noter dans cette première partie un chapitre mettant en scène Lancelot qui s’entraîne à se battre avec les yeux bandés contre ses deux cousins, Lionel et Bohort, sous le regard à la fois bienveillant et exigeant de son maître d’arme. Les conseils que celui-ci donne au futur chevalier et la composition de la scène m’ont évoqué quelques passages célèbres de la première trilogie de la Guerre des Étoiles et de l’entraînement de Luke Skywalker... Je ne sais pas si cela a été fait consciemment ou non par Sophie Lamoureux, mais c’est un tout cas un « retour à l’envoyeur » savoureux quand sait que les films de Georges Lucas trouvent une partie de leur source dans le cycle Arthurien !

Que cette anecdote ne vous trompe pas : le livre est loin de céder à la facilité. Je n’ai pas lu les sources originales sur lesquelles s’est appuyée Sophie Lamoureux (Chrétien de Troyes évidemment en particulier) mais il me semble que l’essence de l’esprit et du ton de la littérature médiévale est tout à fait conservée dans cette adaptation. Les situations sont parfois cruelles, sanglantes, et surtout déconcertantes. J’ai été tellement surpris par le contenu de certains épisodes que je suis allé régulièrement vérifier s’ils étaient vraiment inspirés des sources originales. Ce fut le cas en particulier de celui sur « la fausse Guenièvre » et de la « Charrette d’infamie », qui, de tous les « morceaux de bravoure » (le Val sans Retour, l’enlèvement de Guenièvre par l’infâme Méléagant, le pont à l’épée) m’ont vraiment déconcerté, voire mis mal à l’aise. Lancelot m’inspire un peu moins de sympathie que le roi Arthur je l’avoue, mais c’est un personne de tragédie. Tout pur et invincible qu’il soit il va quand même sacrément souffrir. Déchiré entre la fidélité à son roi et son amour pour Guenièvre, mis plusieurs fois en échec par la ruse de Méléagant, il pourra heureusement compter sur l’amitié des autres chevaliers de la Table Ronde, comme ses cousins ou bien encore Gauvain.

Je ne peux que conseiller, comme pour le premier tome, d’accompagner cette lecture pour les plus jeunes, car au-delà des combats de chevalier c’est tout un univers symbolique et complexe qui se découvre à nos yeux. La structure de l’ouvrage, en cinquante courts chapitres, invite à la lecture à haute voix et peut être un beau moment de partage et de découverte aussi bien pour les enfants que les adultes d’ailleurs !