Silence radio
de Alice Oseman

critiqué par Dervla3012, le 29 novembre 2020
( - 18 ans)


La note:  étoiles
Un livre comme une paire de pantoufles : agréable mais pas mémorable
De quoi ça parle ?

Frances est brillante. Toujours première de sa classe, sa vie tourne autour des cours et des notes… en permanence. Ses relations sociales sont mises de côté et ses « amies » ne servent qu’à donner l’illusion que tout est normal. Elle garde le secret sur son hobby, le fan-art : est-il bien sérieux qu’une jeune fille si correcte passe ses heures perdues à gribouiller dans des carnets ?

En somme, c’est le SILENCE RADIO. Tout est formaté pour construire un dossier solide, qui lui permettra d’atteindre l’ultime objectif d’une « vie accomplie » : rentrer à Cambridge.

Néanmoins, en cours d’année, Frances rencontre Aled, un garçon sympathique qui partage les mêmes intérêts qu’elle, ainsi que des perspectives de futur identique : bonnes notes et université prestigieuse. Toutefois, leur rencontre, en apparence banale, va receler des surprises. Il s’avère rapidement qu’Aled, ce jeune homme simple et discret, est le créateur de « SILENCE RADIO », l’émission MP3 favorite de Frances – celle qui la tient éveillée jusque tard le soir, à remplir des pages et des pages de croquis. Elle, fan invétérée, confrontée au concepteur : quel choc ! Une grande amitié ne tarde pas à naître.

L’été passe, et alors que la rentrée se profile à l’horizon, les choses se gâtent : Aled va de moins en moins bien à mesure que la date de son départ pour l’université se rapproche. Frances va alors être forcée de se remettre en question : est-il possible de ne pas vouloir fréquenter une grande école ? Souhaite-elle réellement mettre sa vie sur pause pour ses études ? Est-ce ainsi qu’elle aspire de vivre ?

Mon avis :

Ces derniers mois, Silence Radio d’Alice Oseman a connu un succès retentissant parmi les communautés Booktube et autres réseaux sociaux livresques. N’ayant eu ni le temps ni particulièrement l’envie de me plier au mouvement général, j’ai ignoré le battage publicitaire. Jusqu’à il y a peu, lorsque ce livre a été proposé dans le comité de lecture auquel j’appartiens.

Points positifs :

Globalement, cette histoire est comme une bonne vieille paire de pantoufles : c’est doux, agréable et on est content de la retrouver chaque soir. Mais lorsque vient le moment de la quitter, on ne verse pas beaucoup de larmes.

Les personnages sont sympathiques et drôles mais ne nous bouleversent guère. Frances présente quelques de traits de caractères originaux et sa personnalité très scolaire m’a parfois permis de m’identifier à elle.

La trame est en soi intéressante et la relation entre Frances et Aled est une de celles que l’on qualifierait de « sympathique », voire de « mignonne ». Dès le départ cependant, le lecteur est prévenu : il n’y aura pas d’histoire d’amour entre eux. Ce petit détail n’a pas manqué de me soulager !

Points négatifs :

Le livre n’est pas marquant. La morale de l’histoire (suivre ses rêves peu importe l’opinion des autres) est jetée sur le lecteur avec un peu trop de grossièreté, dans le style qui ne laisse aucune place à l’imagination.

Le principal personnage antagoniste est la mère d’Aled : une tortionnaire doublée d’une psychopathe qui force ses enfants à travailler jusqu’à épuisement et n’hésite pas à les enfermer dans leurs chambres si les résultats obtenus ne sont pas assez bons. Alors d’accord, je veux bien comprendre que l’auteure souhaite dépeindre les extrêmes de la pression sociale imposée aux jeunes personnes faisant leur entrée dans le monde « adulte », mais cela aurait pu être fait avec un peu plus de…subtilité. Rien n’est jamais tout blanc ou tout noir.

Encore une fois, je ne peux m’empêcher de remarquer l’un des nombreux défauts de la littérature Young Adult. Ces romans étant conçus à l’intention des… disons 13-16 ans, leur auteur semble toujours se sentir obligé de caser quelques leçons de morale bien-pensantes aux détours des péripéties. Dans la majorité des cas, ces sermons sont faits avec la délicatesse d’un bulldozer qui abat les murs de votre maison. Ce n’est pas parce que le public est « jeune » qu’il accepte tout et ne voit pas les gros sabots. De plus, cela n’apporte généralement que très peu, voire rien du tout, au livre. En conclusion, les contes de fées, c’est bien sympa, mais très peu pour moi !