Blaise de Monluc: Soldat et écrivain (1500-1577)
de Jean-Charles Sournia

critiqué par Shelton, le 27 novembre 2020
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Passionnant et prenant !
Un grand serviteur du royaume de France qui a l’honneur de servir successivement cinq rois mérite certainement notre attention d’autant plus quand il laisse une œuvre mémorielle et littéraire… Blaise de Monluc a servi François 1er, Henri II, François II, Charles IX et Henri III… ce qui n’est pas rien d’autant plus que l’on pourrait affirmer qu’il a servi aussi une certaine Catherine de Médicis…

Il fut un homme de guerre qui a connu les fameuses Guerres d’Italie et les Guerres de religion, là encore, reconnaissons qu’il ne s’agit pas de petites campagnes anodines…

Voilà pourquoi j’avais décidé il y a quelques semaines de me lancer dans la lecture de ses Commentaires et de la biographie que Jean-Charles Sournia lui a consacrée. Depuis, j’ai décidé d’ajouter à mes lectures sur le sujet «Introduction à la France moderne, 1500-1640» de Robert Mandrou qui, après ma lecture de «La France moderne» de Jean Meyer, est venue me donner quelques jalons et repères sérieux pour comprendre cette période…

La première chose à préciser est que ce pauvre Blaise de Monluc ne fut pas un grand chef, ne fut pas un artisan majeur de son temps, n’appartient pas aux assassins qui ont fait basculer l’histoire un jour sur un coup de tête ou coup de couteau… Blaise de Monluc est plutôt de ceux qui subissent, qui sont ballottés par les faits et qui tentent de survivre alors que les dangers les entourent… De plus, dans ses écrits, il n’hésite absolument pas à se justifier a fortiori ou à déformer quelque peu l’histoire pour se mettre en avant… Vous voyez, il ne s’agit absolument pas de prétendre que Blaise de Monluc serait un héros voire un super-héros. En fait, il sert l’Etat mais ne le dirige pas, ne le guide pas… C’est aussi, donc, un personnage très humain !

Ce qui est le plus surprenant, dans cette période, c’est la cruauté de ces Guerres de religion. Il y a, du début à la fin, pendant de très longues décennies, une escalade de la violence, un enchainement des vengeances, une perte de confiance dans la parole des « autres » et il n’y a pas que le massacre de la Saint-Barthélemy…

Il faut aussi bien préciser que tous les conflits de ce seizième siècle ne sont pas liés aux problèmes religieux. Tout d’abord, les Guerres d’Italie, même si le pape y participe abondamment, sont avant tout des guerres de conquête pour un roi de France qui prétend au trône de Naples avec des cités italiennes qui s’unissent et se désunissent au gré de leurs princes…

Puis, les Guerres de religion en France sont des guerres politiques qui divisent les princes de France y compris les plus proches de la couronne. On est, de fait, dans une guerre civile plus que dans une guerre religieuse. A partir de la mort d’Henri II lors d’un tournoi, Catherine de Médicis tente de prendre et conserver le pouvoir plus pour elle que pour ses enfants… Les questions de son attachement au catholicisme semblent très éloignées de la politique française…

Par contre les différents ouvrages lus ces derniers jours sont passionnants et je ne peux que vous conseiller de découvrir ce siècle particulier qui a laissé de nombreuses traces indélébiles dans le cœur des Français…

Très bonne lecture à tous !