Cochons. Voyage aux pays du Vivant: Petit précis de mondialisation VI
de Erik Orsenna

critiqué par Colen8, le 22 novembre 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Précieux alliés
Tout est bon dans le cochon dit le vieil adage. De sa plume alerte et riche en anecdotes digressives Erik Orsenna, l’académicien aux questions sans fin, amoureux de la mer, de la Bretagne, des voyages, de la vie a choisi de révéler les innombrables bienfaits de ces animaux de la ferme à notre endroit. A ceux que l’on connaissait depuis la première domestication survenue il y a bien longtemps en Mésopotamie viennent s’ajouter ceux que les multiples croisements au fil des siècles ont apporté à l’alimentation des gens et à l’élimination de leurs déchets, dernièrement ceux que la biologie et la médecine ne cessent de découvrir.
Après avoir utilisé leurs valves cardiaques pour remplacer les valves humaines défaillantes, avoir permis l’extraction d’insuline de leurs cellules de pancréas pour soigner les diabétiques avant l’insuline de synthèse, la recherche médicale se focalise sur l’étonnante compatibilité entre tissus porcins et humains. A force d’améliorations au fil du temps la perspective des greffes à partir d’organes de ces doux cousins domestiques se rapproche. En attendant ils apportent aux grands prématurés le seul lubrifiant capable de garder ouvertes les alvéoles pulmonaires sans lesquelles ceux-ci ne pourraient pas respirer.
A une étape de son voyage Erik Orsenna souligne l’unité et la continuité comme les marques du vivant végétal et animal qu’il convient de respecter. Les mêmes molécules et protéines, des mécanismes cellulaires analogues se sont constitués au fil de l’évolution avant de se diversifier pour animer notre monde actuel. A une tout autre étape il rappelle les enjeux liés aux marchés du porc comme une illustration de la mondialisation en soi, pour la Chine premier producteur et consommateur mondial suivi par l’Europe et l’Amérique du Nord. Enfin, les nuisances des élevages industriels commencent à être prises en compte dans une économie circulaire de valorisation des déjections.