Eclipse
de John Banville

critiqué par Sahkti, le 17 août 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Qui suis-je?
Alexander Cleave est un comédien talentueux bronzant au soleil du succès. Mais un soir, le choc se produit, il a un trou, il ne peut plus jouer. Cherchant ses mots et ses idées, l’homme se voit obligé de puiser au fond de lui-même à la recherche de nouvelles forces et de l’inspiration. Pour ce faire, il va se livrer à une véritable psychanalyse qui mettra en avant ou réveillera de vieux fantômes cachés, des pans de vie heureux ou peu glorieux et des souvenirs parfois douloureux. Le comédien se mêle à l’homme, quand s’arrête le jeu et où débute la réalité ? Alex Cleave a-t-il joué avec sa vraie vie, son épouse Lydia ou sa fille Cass ? Le théâtre qu’il affectionne tant n’a-t-il pas imposé un jeu de dupes et d’apparences dans lequel il a été fait prisonnier ?
Réflexions ardues et profondes qui poussent Alex Cleave à s’isoler pour réfléchir dans l’ancienne demeure maternelle. Il doit faire le point et décortiquer ce dédoublement de personnalité dont il pense être victime. Difficile, voire impossible, de distinguer l’être et le paraître. Et si cela rendait Alexander Cleave complètement fou ?

Eclipse est un roman fort et prenant, le portrait sans concession d’un homme qui se cherche et ne se trouve pas. Beaucoup de zones d’ombres qui peu à peu sont mises en lumière, non pas pour briller mais au contraire pour révéler toute leur noirceur.
Léger et efficace! 8 étoiles

J'avais apprécié la finesse des descriptions ou évocations des sentiments dans "La mer".
Banville est vraiment très bon analyste des intermittences du coeur, des caractéristiques de certains lieux, des parfums et odeurs.
Ses personnages sont à la fois cyniques et fragiles, passant d'un état à l'autre. Banville parvient à découvrir lentement mais sûrement (parfois brutalement) les abîmes de ses héros.
Il pointe souvent le détail intéressant dans les portraits ou les descriptions de paysages.
Ces atmosphères me semblent tellement "anglaises" et me rappellent les "Forsythes" où, sous la surface des convenances et des rituels sociaux, bouillonnent les désirs et les passions.
Ce n'est pas neuf, mais très efficace.

Je suivrai désormais cet écrivain.

Merci Sakhti.

Donatien - vilvorde - 81 ans - 20 août 2009