Les petites Mazarines
de Pierre Combescot

critiqué par Du matin calme, le 28 août 2000
( bruxelles - 53 ans)


La note:  étoiles
La vie tumultueuse des nièces de Mazarin
Avec les Petites Mazarines, Pierre Combescot choisit de mettre en avant la vie tumultueuse de quatre nièces du Grand Cardinal Mazarin.
On plonge tout de suite dans un monde de dorures, de pierreries, d'intrigues et de complots. Ces Mazarines bravèrent parfois la morale de l’époque pour pouvoir vivre et jouir de leur liberté. Tout est relaté : leurs amours, leurs passions, leurs disputes, leurs exils pour certaines, dans un style vif où l'on décèle une pointe d’ironie envers cette " cour " ne vivant que de faste et de plaisirs. Grâce à une multitude de détails, de personnages, d’indications généalogiques, on est vite pris dans l'atmosphère et le temps qui furent ceux du règne de Louis XIV.
Les souris dansent 6 étoiles

On peut apprécier le romanesque de ces destins de libertines. Mais, ce faisant, ne se laisse-t-on pas prendre au mot "libertinage" en n'y voyant que sa racine (liberté) qu'il exhibe trop ostensiblement ? Il faut lire Combescot pour réaliser ce qu'au 17ème siècle le mot charrie en fait de vices, de mépris, d'arrogance, d'hypocrisies, d'appétits insatiables. C'est que les quatre nièces déniaisées de Mazarin ne sont que le reflet d'une société qui les vaut bien et qui ne leur laisse guère le choix des armes. De l'esprit, de l'entregent (ô combien!). Mais de coeur, point! Versailles, dont l'auteur nous rappelle qu'il fut bâti sur des marécages (cfr.le film "Le Roi danse")pue comme la gangrène qui aura raison du Roi-Soleil et de son siècle qui fut aussi, l'ouvrage le montre à merveille, celui de la démesure, de la licence, de la cruauté, de l'ignominie. Bref, cette ombre dure qui naît avec le soleil. Combescot a la phrase bien troussée. Le récit est enlevé. On s'emmêle toutefois un peu les pinceaux à tenter de maîtriser cet attelage à quatre juments rétives. Que n'a-t-il misé sur un seul cheval! Ce n'est pas du roman, mais un récit historique rigoureux dont le sujet est pourtant éminement romanesque. Tellement qu'il valait mieux en rester au récit. Bien joué!

Persée - La Louvière - 73 ans - 27 août 2001