Les chefs d'oeuvre de Lovecraft, tome 4 : La couleur tombée du ciel
de Gō Tanabe

critiqué par Blue Boy, le 25 octobre 2020
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Terreur d’outre-espace
Lorsqu’un jeune ingénieur arrive dans la vallée d’Arkham pour y effectuer des relevés topographiques en vue de la construction d’un barrage, il découvre un terrain désolé où la végétation ne pousse plus, recouverte d’une couche de cendre grise. Tout cela ne semble pas naturel, comme si le lieu était frappé par une étrange malédiction. Serait-ce lié à la météorite qui s’est écrasée il y a quelques années juste à côté du puits de la famille Gardner, entraînant celle-ci dans un cortège de malheurs?

Rares sont les œuvres de Lovecraft, illustre pionnier de genre fantastique, qui ont bénéficié d’une adaptation réussie dans le neuvième art. En ce qui concerne l’auteur japonais Gou Tanabe, qui avec « La Couleur tombée du ciel », en est à sa troisième adaptation, on peut affirmer sans se tromper que son travail est à la hauteur de celui de l’écrivain américain. Respectant fidèlement la narration d’origine, Tanabe rend un hommage digne de ce nom à l’auteur du « Mythe de Cthulhu ».

Graphiquement, c’est du grand art. Le dessin sombre et réaliste, en noir et blanc, s’accorde parfaitement bien au scénario, axé principalement sur la descente aux enfers des Gardner, une famille de paysans qui vivait tranquillement jusqu’à ce qu’une météorite s’abatte près de leur maison. Gou Tanabe semblerait presque avoir fusionné spirituellement avec Lovecraft, tant la dimension intemporelle de la bande dessinée est frappante. Non dénué d’un certain académisme, le trait est assuré et d’une grande finesse, se déployant avec talent dans plusieurs scènes spectaculaires. Tanabe sait très bien exprimer l’horreur propre aux romans de Lovecraft, suscitant ce sentiment chez le lecteur par un cadrage serré des regards apeurés sous des ombres menaçantes.

D’aucuns, c’est certain, pourront reprocher à l’auteur de s’être limité à un copier-coller par rapport au récit originel. Pourtant, le dessin, tellement admirable, parvient à magnifier l’œuvre du maître sans la dénaturer, savant dosage entre modestie et vénération. On pense un peu à la récente adaptation de « Dracula » par Bess, qui relève de la même démarche. Enfin, on ne manquera pas de saluer le formidable travail éditorial des Ki-oon, avec cette reliure souple en simili-cuir gravé.