Modeste Mignon
de Honoré de Balzac

critiqué par Monocle, le 11 octobre 2020
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
Modeste ?
Modeste est une jeune fille cultivée, aimée par ses parents, rêveuse mais surtout indécise. Elle aime tout et son contraire.
Elle se lance dans une aventure épistolaire avec un écrivaillon parisien. Mais ses lettres sont interceptées par son secrétaire qui se substituera au destinataire.
L'auteur va tricoter une intrigue qui ferait sangloter un écrivain actuel afin d'organiser un séjour qui réunira les prétendants afin que Modeste puisse déterminer celui qui méritera ses faveurs.
Le roman se divise en plusieurs parties. La présentation de la vie familiale, des parties de cartes folkloriques. Puis les lettres entre Modeste et l'écrivain. Ensuite après le retour du père, le séjour des trois amants dans la propriété familiale (amant ayant un sens différent de celui utilisé de nos jours).

Qu'en penser ?

Particulièrement indigeste, non par le style mais par l'organisation lunaire de la trame j'ai eu bien du mal à rester dans le texte.



LIEU : LE HAVRE - IGOUVILLE, furtivement PARIS

PERSONNAGES :

– Jean BUTSCHA : il vient du peuple, fils d'un marin suédois, orphelin à 6 ans. Premier clerc de Me Latournelle, amoureux sans espoir, il devient en cour de route un gnome facétieux et bouffon, toujours aux aguets, sensible et dévoué, qui introduit dans le roman une figure de fantaisie.

– Baron Constant-Cyr-Melchior de CANALIS : le faux poète Canalis. Indigne objet des adorations de cette amoureuse fourvoyée, il n'a rien à voir, dans le réel, avec l'idole qu'elle s'est forgée, à coups d'alexandrins vagues et à l'aide d'une lithographie avantageuse. C'est un arriviste, un Tartuffe, un poète parvenu par les douairières du noble Faubourg, tel le jeune Lamartine. Un tricheur, tel Liszt ou Victor Hugo, selon Balzac qui a une conception de ses pairs assez tranchée.
Déjà bedonnant et à bout d'inspiration, il songe à se reconvertir dans la haute politique, encouragé en cela par la duchesse de Chaulieu, qui le tient par l'ambition.

– HÉROUVILLE : c'est un peu une fin de race. Le premier maréchal duc d'Hérouville Il a 23 ans à la mort de son frère. On le voit dans Le Cabinet des Antiques, entre autres. Pensionné du roi en tant que pair pauvre, amateur de galanterie, il sera tout de même témoin au mariage de Modeste.

– Ernest de LA BRIÈRE : par contraste, avec les autres prétendants, il a le sérieux, la modestie, la vertu des « bons jeunes hommes » que le prix Monthyon guette, et aussi leur côté effacé au premier abord.
L'amitié qu'il porte malgré tout à son patron et l'honnêteté foncière qui l'habite le portent à avouer la supercherie. Et tout le défi du romancier sera alors de parvenir à sauver le « pauvre jeune homme » malgré sa naïveté et ses maladresses, et à lui donner une intériorité un peu moins lisse.

– Comte Charles MIGNON de la Bastie : le père de Modeste est un aventurier de grand format ; le seul survivant d'une illustre famille, officier des armées républicaines puis de la Grande Armée, il tâte du négoce (soieries), se ruine et refait une fortune en trafiquant en Asie Mineure et en Extrême Orient, avant de revenir du Havre.

– Modeste MIGNON : son portrait est bien réussi Elle vit. (ce qui pour une jeune fille de l’époque est exceptionnel)
Modeste, du fait de ses contradictions : jeune Bovary mélancolique, éprise par livre interposé, se lance dans l'aventure d'une correspondance pseudonyme où elle fait assaut d'esprit, – et où Balzac déploie sa verve épistolaire. Mais c'est aussi une jeune fille libre, qui, ne voulant pas être épousée pour ses millions, met à l'épreuve ses prétendants avec une férocité allègre. Une fois devenue vicomtesse de La Bastie, elle évoquera dans le grand monde : son nom est mentionné ! Serait elle béatrix ?