Elles se rendent pas compte
de Boris Vian, Jean-David Morvan (Scénario), Patricio Angel Delpeche (Dessin)

critiqué par Shelton, le 6 octobre 2020
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
C'est à découvrir !!!
Le 10 mars 1920, naissait en Région parisienne, un météore surprenant qui allait traverser à grande vitesse notre monde de la littérature, de la musique, de la fête… Trente-neuf ans plus tard, il disparaissait en laissant de gros regrets à certains, dans l’indifférence pour d’autres… En 2020, à l’occasion du centenaire de la naissance de Boris Vian – c’est bien de lui que je veux parler aujourd’hui – de nombreuses publications et rééditions tentent de le remettre sur le devant de la scène. Oui, ce génie protéiforme peut encore nous surprendre, nous apprendre, nous détendre… C’est aux adaptations en bandes dessinées que je vais donc m’intéresser maintenant…

En effet, pour célébrer ce centenaire, plusieurs adaptations sortent en bédé, en particulier, aux éditions Glénat, quatre adaptations des romans signés Vernon Sullivan : J’irai cracher sur vos tombes, Les morts ont tous la même peau, Elles se rendent pas compte et On tuera tous les affreux. Ces quatre romans ont été écrits entre 1945 et 1950 et sous ce pseudonyme, Boris Vian joue à l’auteur américain… Attention, un auteur américain plein de violence, de sexe et d’humour noir…

Boris Vian prend des risques car dans ces romans il joue avec les barrières de l’époque et ses romans viennent surprendre, choquer, déranger… Il propose une vision de la sexualité « autre », c'est-à-dire avec une forme de cynisme, de violence, de mépris, de passion, d’homosexualité, de bisexualité dont la littérature de l’époque ne se faisait pas écho… Il y aura d’ailleurs des procès, des interdits, la censure… ce qu’il cherchait probablement plus que la simple évocation de fantasmes cachés…

Le scénariste de ces quatre adaptations est Jean-David Morvan, un créateur solide de la bande dessinée contemporaine. Il n’a pas cherché le mot à mot, le strict collé au texte original, il a voulu une adaptation fidèle mais moderne, une version qui puisse créer le même choc pour les lecteurs que les romans dans les années 1946-1950… L’esprit des romans est donc bien là et c’est une grosse claque pour les lecteurs qui découvrent et une belle piqûre de rappel pour les autres !

Pour que cela fonctionne bien, il fallait des dessinateurs à la hauteur, c'est-à-dire capables graphiquement de faire revivre ces personnages souvent cruels, ces scènes crues, cette violence surprenante, ce noir pétri d’humour car l’humour reste bien présent dans ces bande dessinées… Ils sont tous bons et parfaitement dans le tempo, ce qui n’empêche pas le lecteur d’avoir son petit préféré…

Je ne sais pas si c’est à cause de l’histoire, de l’adaptation, du dessin ou simplement parce que je n’avais pas lu le roman au départ, mais mon adaptation préférée est celle de « Elles se rendent pas compte ». On peut dire qu’il s’agit d’une affaire policière dans un roman noir et cruel. Tout commence lors d’un bal masqué, quand Francis Deacon se déguise en femme et découvre que sa maitresse est une grosse camée, ce qu’il ne supporte pas… Très rapidement, Francis qui n’est pas un pro se retrouve dans la panade totale et, heureusement, son frère Ritchie est là pour lui donner un coup de main… Bon, ce résumé est bien en deçà de la réalité, que voulez-vous, il est impossible de résumer correctement un roman de Vian… d’autant plus s’il est signé Vernon Sullivan !

Alors, puisque nous célébrons le centenaire de la naissance de Boris Vian, puisque qu’il y a de magnifiques adaptations de ses romans en BD, puisque vous avez donc un grand choix face à vous, je ne peux que vous souhaiter bonne lecture à tous !