Virus ennemi: Discours de crise, histoire de guerres
de Jean-Noël Jeanneney

critiqué par Colen8, le 5 octobre 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Réflexion à chaud
L’historien commente en mai 2020 la métaphore guerrière des allocutions de l’Elysée prononcées en mars et avril. En un court cahier de 50 pages il établit un parallèle entre la pandémie Covid-19 et les deux conflits mondiaux du siècle passé :
- même indifférence des médias à l’annonce de la menace
- même impréparation des pouvoirs publics
- même sidération générale imposant des mesures drastiques de restriction des libertés
- même cafouillage des décisions politiques ignorantes de leur responsabilité suprême au point de se défausser derrière les avis d’experts plus ou moins légitimes, militaires à l’époque, sanitaires aujourd’hui
- même appel à l’union sacrée pour un soutien massif à la République et à ses institutions en attendant des jours meilleurs
- même absence de moyens comparativement : masques, réactifs, respirateurs, soignants, lits de réanimation, médicaments par suite d’une gestion purement comptable des services publics hospitaliers.
En ces temps troublés la démocratie qui n’est pas invulnérable mérite aussi d’être défendue. Les fractures sociales se creusent, les inégalités s’aggravent surtout chez les enfants privés d’école, l’incertitude génère davantage d’angoisse, favorise les rumeurs. Ce serait à la puissance de l’Etat fragilisé par la doxa libérale des dernières décennies de reprendre ses droits, de réguler un capitalisme hors sol, de remettre la priorité dans le sens de l’intérêt collectif, d’infléchir l’action de Bruxelles vers plus de coordination y compris sur le plan sanitaire. Quant au financement de la dette, on verra plus tard !