Mauvaises herbes
de Dima Abdallah

critiqué par CHALOT, le 26 septembre 2020
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
tendre, beau et lucide
"Mauvaises herbes"
roman écrit par Dima Abdallah
Sabine Wespieser éditeur
août 2020
233 pages

Ici et Là-bas

Voici un livre, véritable bijou en écriture, tant par le vocabulaire que par le rythme .
Comment vivent-ils ?
Pourquoi partent ils et pourquoi ont-ils tant de mal à se faire une nouvelle vie?
Ce sont des questions que se posent beaucoup de personnes sur les immigrés qui arrivent en France et notamment sur ceux et celles qui ont quitté la guerre et la désolation.
La petite fille, très attachée à son père, à sa famille d'ailleurs, vit avec eux à Beyrouth, pendant la guerre civile...
Leur vie n'est pas simple, il y a le bruit des bombes, les déménagements incessants et la peur du lendemain.
Le père n'appartient à aucun parti, à aucune fraction.... c'est un intellectuel qui aime son pays et la paix.
Il finit pas décider que les siens partiront en France et qu'il restera là seul , "c'est une bonne chose qu'ils soient partis. Je ne veux pas qu'ils grandissent ici.... Même si la guerre est finie.... Ici, on vit dans les cadavres de ce qui a été."
Ce livre est beau et triste à la fois.
La petite fille va grandir en France, déracinée à 12 ans. Elle a du mal à sa construire car elle est ici à Paris et aussi là-bas dans ce pays de rêve malgré la guerre.
C'est le déchirement.
Ce premier roman est un chef d'oeuvre, tendre, triste car il y a toujours la mémoire de la jeune fille devenue femme qui travaille et qui se remémore son enfance qu'elle juge et pour cause avoir été en miettes.
Son père lui manque et ce ne sont pas ses visites ou son retour au pays pour un petit séjour qui vont donner le change.
Son père, c'était son géant qui l'accompagnait, qui l'emmenait et la ramenait de l'école....
Ce géant n'a pas pu la protéger en la gardant près d'elle.... Il y a toujours les fleurs, le jasmin et les autres, certaines rappellent le pays mais il est loin et quand on y retourne on a du mal à la reconnaître et de toutes façons, l'enfance n'est plus .
Jean-François Chalot
mektoub 8 étoiles

Le destin de deux êtres, un père et sa fille, deux êtres à la sensibilité exacerbée, que la guerre, celle du Liban, va meurtrir, définitivement pour l’un, avec une embellie pour l’autre au bout de longues années d’errance. Dima Abdallah, dans une langue polie à l’extrême, empreinte d’une profonde délicatesse, décrit les tourments de ces deux âmes angoissées, que les aléas de la vie vont séparer mais qu’un lien reliera à jamais tant ils sont le reflet l’un de l’autre. Un beau roman, dérangeant à la limite, parfois, de l’insupportable, non dénué toutefois d’une certaine préciosité qui peut agacer lorsqu’elle empêche de faire corps avec les personnages et les sentiments qu’ils expriment. Mais un très bel objet littéraire, malgré tout…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 2 avril 2022