West Legends 03 - Sitting Bull
de Olivier Peru (Scénario), Luca Merli (Dessin)

critiqué par Septularisen, le 16 septembre 2020
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
DERRIÈRE CHAQUE MYTHE, IL Y A UN HOMME!
Au début de l’histoire, nous sommes en 1870. Nous suivons une petite troupe de six cavaliers de l’armée en mission secrète et sans uniforme. Il sont eux-mêmes à la poursuite d’autres cavaliers dans le territoire des Black Hills (région à cheval sur le Dakota du Sud, le Wyoming et le Montana). Pourtant, officiellement, depuis la signature du traité de Laramie (1868), aucun homme blanc n’a le droit de fouler le territoire sacré des Black Hills. Au cours d’un bivouac, les militaires tombent dans une embuscade, non seulement leur nourriture a été empoisonnée, mais ils sont pris sous le feu croisé de nombreux assaillants.

Un seul homme en réchappe et parvient à survivre au poison, grâce à un groupe de cinq indiens. Mais, il est maintenant le prisonnier du plus grand des chefs Sioux Sitting Bull (de son vrai nom: Thathanka Lyotanka 1831 – 1890). Celui-ci ne tarde pas à comprendre qui est ce blanc qui parle leur langue : il s’agit de “Butterfly Heart”, un ancien soldat Sudiste qui a été otage pendant un an chez les les Ongalas et leur chef “Red Cloud” (de son vrai nom : Maȟpíya Lúta 1822 – 1909)…

Très vite Butterfly Heart, Sitting Bull et ses braves se mettent en chasse de l’autre groupe de blancs qui a violé leurs frontières…

Si le fond de la BD est toujours le même que les deux volumes précédents, - à savoir des chapitres, commençant chacun par une phrase en chapeau et en langue anglaise -, et le découpage assez classique, cette fois (et contrairement à celui du premier épisode de la série), je dois dire que le scenario du français Olivier PERU (*1977) tient bien la route.
C’est solide, inventif, bien fait, bien amené. C’est un scenario inventé de toutes pièces, mais qui s’intègre bien dans la vraie ligne historique. Il y a un bon équilibre entre les scènes d’action et le reste et surtout, il est très réussi par le fait qu’il est “polyphonique”. Il arrive en effet à nous faire partager les pensées de Sitting Bull comme celles de Butterfly Heart.

Il y a bien sûr quelques imprécisions, qui tiennent plus de la méconnaissance des traditions indiennes qu’autre chose, ainsi p. ex. Aucune chance que d’autres indiens appellent Sitting Bull par ce nom, étant donné que celui-ci est le nom qui avait été donné au chef de tribu par les blancs, aucune chance non plus que celui-ci appelle un indien d’une autre tribu, un “Crow”, encore une fois ceci est un nom donné à cette tribu par les blancs! Désolé M. PERU, mais je vous dirais la même chose que j’ai dit pour vos prédécesseurs qui ont dessiné les épisodes précédents de cette série: ce n’est peut-être qu’un detail, mais si l’on met en scène un personage historique ayant réellement existé, alors on respecte la vérité historique et on ne prend pas des “libertés” avec la véritable histoire! Sinon, on appelle cela une uchronie ou de la SF!..

Les dessins de l’italien Luca MERLI sont vraiment à la hauteur! Déjà les couleurs du même MERLI sont bien les couleurs attribuées aux “codes” du Western, et non pas ceux de la SF comme dans les deux premiers volumes. Les jaunes sont chatoyants, les rouges flamboyants, mais on remarquera surtout les noirs et les bleus, qui restituent les scènes de nuit de façon saisissante! Les costumes, les visages, les scènes d’action, tout est bien dessiné rien à redire… Si, peut être l’étonnante ressemblance du personnage de Wills “Le géant”, avec celui de Bart Rumble, dessiné par Christian ROSSI (*1954), dans la série W.E.S.T. (2003 - 2011), même tête, même corpulence, même moustache, même carrure, même crane chauve… à croire que c’est le même personnage... Trente-deux ans avant, puisque la série W.E.S.T. se passe elle en 1901-1902! Alors, (heureux-)hasard, (bel-)hommage ou… (Photoco)-Pillage?

Enfin, me voilà réconcilié avec cette série. Reste a espérer que les prochains volumes seront aussi de la même qualité, avec des dessins de cet acabit, et un scenario aussi solide. Si c’est le cas, que demander de plus?

P.S. : Sur le deuxième et troisième de couverture est mis en exergue une citation attrubuée à Sitting Bull : “Lorsque le dernier ruisseau sera pollué, le dernier animal chassé et le dernier arbre coupé, l’homme blanc comprendra que l’argent ne se mange pas.” Signalons tout d’abord que c’est un apocryphe et que même la paternité en est contestée, puisque certains l’attribuent au fameux Geronimo (de son vrai nom Go Khla Yeh 1829 - 1909), sous une forme légèrement différente : “Quand le dernier arbre aura été abattu - Quand la dernière rivière aura été empoisonnée - Quand le dernier poisson aura été péché - Alors on saura que l'argent ne se mange pas.”
Peut-être aurait-il mieux valu signaler que Thathanka Lyotanka se considérait comme le dernier des chefs de tribu Indien, puisque le seul à n’avoir jamais signé le moindre traité avec les blancs?..
Très bel album ! 8 étoiles

Commençons par parler de cette collection, West Legends, des éditions Soleil. Il s’agit de présenter un personnage de légende de l’Ouest à travers un épisode de sa vie… Les premiers volumes furent consacrés à Wyatt Earp le chasseur de bisons, puis à Billy the Kid, célèbre hors-la-loi. Le troisième va nous parler d’un Indien, Sitting Bull.

Je ne vais pas ergoter de façon historique sur certains éléments de cette série ou de cet album en particulier car j’estime – peut-être à tort – que lorsque l’on parle de « légende » on a bien le droit de se réapproprier les légendes, c’est bien fait pour cela… Ensuite, j’avoue que cela me fait ni chaud ni froid que l’on utilise le nom des indiens en américain ou en langage des différents peuples car n’oublions pas que ces légendes de l’Ouest ont d’abord été véhiculées par les Américains avant d’être reprises par le monde entier…

Donc, venons-en à cet épisode qui se déroule en 1870. Le traité vient d’être signé entre les Etats-Unis et les Sioux. Il s’agissait de garantir aux Sioux Lakotas (7 tribus) le territoire sacré des montagnes noires, Black Hills. Sitting Bull refusa de signer ce document car il ne faisait pas confiance aux Blancs… L’Histoire va lui donner raison et c’est un peu le sujet de cet album car on va comprendre pourquoi les Blancs vont vouloir garder ces terres ancestrales des Sioux.

Dans cet épisode, très vite et suite à des circonstances que vous allez découvrir vous-mêmes, on va suivre Sitting Bull accompagné d’un Blanc, Butterfly Heart », un homme qui jadis a été retenu prisonnier chez les Ogalas, une tribu sioux. Ce ne sont pas des amis, juste des alliés de circonstances et ils sont confrontés à un groupe ennemi que l’on va découvrir au fur et à mesure de l’album…

Il s’agit d’une double traque car des deux côtés, il n’y a pas d’autre issue que la mort, que l’on soit ce groupe mystérieux ou ce binôme improbable… On comprend bien le lien qui unit le chef sioux mythique et la nature et cela provoque quelques très belles scènes…

Parlons maintenant de l’excellent scénario d’Olivier Peru. Il est très bien construit et il réussit à distiller les informations progressivement ce qui tient le lecteur en haleine durant toute la lecture. Luca Merli, le dessinateur, met en place une belle narration graphique qui alterne de belles séquences nocturnes et « bavardes » avec des phases plus actives et de combat… L’équilibre est très agréable à lire !

Il faut aussi dire un mot des couleurs de Luca Merli car elles font réellement partie de la narration et sont remarquables. Ce n’était certainement pas un exercice simple car une partie de la traque est de nuit ou au fond de la forêt, dans des planques… Et pourtant, la lecture reste limpide. Du très beau travail !

Voici donc une belle bande dessinée qui pourrait presque réconcilier les lecteurs hostiles au genre qui pourraient devenir des lecteurs de western… Qui sait ?

Bonne lecture à tous et à très bientôt !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 67 ans - 27 septembre 2020