L'histoire oubliée des guerres d'Italie
de Jacques Heers

critiqué par Vince92, le 20 juillet 2021
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Une longue aventure sans lendemains
La domination française du Royaume de Sicile au travers s’inscrit dès le 11e siècle : les dynasties de Normands établis dans l’île méditerranéenne vont trouver un relais dans la volonté capétienne de trouver de nouveaux débouchés à la conquête territoriale et dans la lutte contre les autres pouvoirs majeurs du continent européen. C’est ainsi que le tout nouveau comte de Provence, Charles d’Anjou, apparenté à la maison royale de France va étendre son domaine au royaume de Sicile (et qui comprend Naples et son domaine) avec l’aide de la Papauté qui trouve un allié de poids dans cette lutte sans fin dans la péninsule italienne entre Guelfes et Gibelins.
La lutte d’influence entre grandes les grandes maisons européennes en Italie, une fois les Empereurs allemands évincés, continue entre les Valois et les descendants de la maison d’Aragon qui s’est emparé de Naples. La situation géopolitique complexe de la péninsule fait qu’il difficile de trouver un fil directeur dans la série de guerres qui alimente le Moyen-âge jusqu’au cœur de la Renaissance : la fragmentation du territoire en diverses royaumes, cité-Etats, l’influence du Pape et les soubresauts de l’Institution ecclésiastique (on pense notamment à l’intermède avignonnais avec jusqu’à trois papes coexistant en même temps), les alliances et retournements d’alliances de Charles VIII à François Ier sont en effet inextricables… Charles VIII est le premier à tenter l’aventure : malheureusement il ne parvient pas à se maintenir en Italie, Louis XII lance plusieurs tentatives pour récupérer ce qu’il croit être son héritage mais là encore il échoue. Si les guerres de Charles VIII et Louis XII peuvent être considérées comme de simples confrontations liées à des problématiques liées à des successions, François Ier, le continuateur inscrit la lutte pour le nord de l’Italie dans la tentative de desserrer l’emprise de l’Empire habsbourgeois : cernés de tous les côté par les austro-espagnols, François cherche la décision sur les champs de bataille du Piémont italien, ce sera Marignan et Pavie qui marque la fin des aventures françaises transalpines.
Jacques Heers parvient assez difficilement à résumer la genèse puis le développement du conflit. S’il rappelle avec bonheur que les aventures françaises en Italie ont une origine plus lointaine qu’on le croit généralement (l’héritage angevin du royaume de Naples-Sicile), on se perd parfois dans les détails du récit alors que dans le même temps, le lecteur au cours des trois chapitres qui segmentent la partie chronologique de l’ouvrage, peine parfois à saisir la nature même de ces conflits qui se sont étalés sur près de trois siècles : quelles étaient les motivations des rois de France, qui furent leurs alliés, quelles difficultés ont-ils rencontrées, le contexte politique à chacune de leur expédition, etc. Ces informations ne sont pas systématiquement et clairement couchées dans ce livre qui, à ce titre, et en guise d’introduction à cette histoire peu connue, manque un peu son but. Un quatrième chapitre vient compléter la narration en tentant de qualifier superficiellement la nature de l’art de la guerre à cette époque : instabilité des troupes, recours massif au mercenariat, extrême violence des affrontements et des représailles, etc. Là encore, même si ce chapitre est utile, nous semble un peu trop superficiel tout en allant parfois beaucoup dans les détails.
La bibliographie en français sur les guerres d’Italie est assez succincte et on doit se réjouir que ce livre existe, mais de toute évidence un ouvrage plus exhaustif manque encore à l’appel.