Avec mon meilleur souvenir
de Françoise Sagan

critiqué par Sundernono, le 24 août 2020
(Nice - 41 ans)


La note:  étoiles
Excellente autobiographie
Peut-on considérer Avec mon meilleur souvenir comme étant une autobiographie de Françoise Sagan ? Difficile de répondre à cette question. Disons plutôt qu'il s'agit d'un recueil de rencontres et de souvenirs alternant entre passions dévorantes, le jeu, la vitesse, le théâtre, Saint-Tropez et bien sûr les lectures et hommage aux personnes chères à la célèbre romancière, Billie Holliday, Tennessee Williams, Orson Welles, Rudolf Noureev et Jean-Paul Sartre.

Pour être franc, j'ai été agréablement surpris par cette lecture. Je restais sur un sentiment de légèreté mêlé à une pointe de déception après les lectures de Bonjour Tristesse et des Bleus à l'âme. Des romans bien écrits mais qui manquaient de consistance.
Ici la légèreté a toute sa place et apporte à cet ensemble un charme incontestable. Le style fait mouche.
J'ai adoré les nombreuses anecdotes concernant les personnalités évoquées dans ce recueil, notamment le texte sur Billie Holiday dont il se dégage une mélancolie douce amère.
A cela s'ajoutent les grandes passions de Françoise Sagan. Quelles qu'elles soient, celles-ci sont brillamment évoquées.
Petit extrait concernant la passion du jeu :
" Nous nous rencontrâmes un 21 juin, lui et moi. Née le jour de l'été, j'allai à sa rencontre, le soir même de mes vingt et un ans, d'un pas décidé : au Palm Beach de Cannes où j'entrai flanquée de deux parrains amusés de voir mes débuts sur les tapis verts. Ils virent le début de ma course en effet, mais n'en virent pas la suite : j'avais échappé à leur vue et galopais sans eux de casino en casino. "

Autre passage particulièrement intéressant, celui évoquant les lectures :"Quelqu'un avait écrit cela, quelqu'un avait eu le génie, le bonheur d'écrire cela, cela qui était la beauté sur la terre, qui était la preuve par neuf, la démonstration finale de ce que je soupçonnais depuis mon premier livre illustré, à savoir que la littérature était tout. Qu'elle était tout en soi, et que même si quelque aveugle, égaré dans les affaires ou les autres beaux-arts, l'ignorait encore, moi du moins, à présent, je le savais. Elle était tout : la plus, la pire, la fatale, et il n'y avait rien d'autre à faire, une fois qu'on le savait, rien d'autre que de se colleter avec elle et avec les mots, ses esclaves et nos maîtres. Il fallait courir avec elle, se hisser vers elle et cela à n'importe quelle hauteur : et cela, même après avoir lu ce que je venais de lire, que je ne pourrais jamais écrire mais qui m'obligeait, de par sa beauté même, à courir dans le même sens."

Une lecture facile, intéressante, touchante et élégante.