Vendée : du génocide au mémoricide : Mécanique d'un crime légal contre l'humanité
de Reynald Secher

critiqué par Anonyme11, le 20 août 2020
( - - ans)


La note:  étoiles
La double nécessité de reconnaître officiellement : le MEMORICIDE..., du GENOCIDE Vendéen Franco-Français !
Voici, à mon avis, un ouvrage majeur pour l’historiographie de notre Révolution Française, ainsi que pour le cours de notre histoire de France. En effet, Reynald Secher, originaire de Vendée et historien reprend ici, point par point, la démonstration qu’il avait déjà déroulée dans son premier ouvrage, publié en 1986, à propos du Génocide Vendéen La Vendée-Vengé : Le génocide franco-français, et faisant suite à sa soutenance de Thèse de 1985. Ses découvertes puis sa démonstration, il les a effectuées à partir d’Archives et de registres qu’il a « exhumés » : dans sa commune natale La Chapelle-Basse-Mer située entre Bretagne et Vendée, puis dans l’ensemble des communes de la Vendée militaire, pour finir avec les Archives Nationales et les Archives militaires du fort de Vincennes. Au milieu de l’ouvrage figurent, entre autres, des dessins, des photos, ainsi que les originaux des écrits des principaux protagonistes de l’époque : bourreaux, victimes et témoins de ce Génocide, et également le décret du 1er octobre 1793 qui prescrit l’extermination de tous les Vendéens sans distinction d’âge, de sexe et d’appartenance politique et faisant suite au vote de la loi du 1er août 1793 qui prescrit, elle, l’anéantissement matériel de la Vendée, l’extermination des hommes et la déportation des femmes, vieillards, et des enfants.
Mais en plus, dans ce formidable ouvrage, Reynald Secher, en prouvant le Génocide Vendéen, inaugure le concept de MEMORICIDE.
Qui plus est, il démontre également la matrice « Proto-Totalitaire » que fut ce Génocide pour nombres de « Génocideurs » du 20ème siècle ; dont certains, notamment les Communistes, se revendiquèrent jusque dans les moindres détails de la Terreur Jacobine.Comme toutes les Révolutions, la Révolution Française commença par une Révolution Populaire le 14 juillet 1789, puis dès le 26 août de la même année fut votée la célèbre : Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, pour finir (ou presque) en 1793-1794, avec ceux qui s’étaient revendiqués de cette Déclaration, à savoir la Convention, par l’intermédiaire des membres du Salut Public, et qui votèrent pourtant un « crime légal » (selon l’expression de Reynald Secher) d’État, consistant donc dans l’extermination et l’anéantissement du Peuple Vendéen.
Cet ouvrage fondamental concerne précisément cette dernière partie de la Révolution Française.Le concept et le terme de Génocide furent pensés et inventés par Rafaël Lemkin lors du Tribunal de Nuremberg en 1945, pour caractériser l’inimaginable, le monstrueux Crime contre l’Humanité de : la Shoah.
Dans la définition initiale de Rafaël Lemkin le critère « politique » n’était pas présent, il fut ajouté après la Seconde Guerre Mondiale.
Ce « crime légal » Franco-Français correspond parfaitement aux trois critères du Génocide, reconnus par le Droit International (page 12) : »C’est-à-dire, la conception, ou la réalisation, ou la complicité tant dans la conception que dans la réalisation de l’extermination partielle ou totale d’un groupe humain de type ethnique, ou racial, ou politique, ou religieux. »Quant à la France, elle donne dans son code Pénal, une définition encore plus élargie de la caractérisation du Génocide (page 166) : »Constitue un génocide, le fait, en exécution d’un plan concerté tendant à la destruction d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ou d’un groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire, de commettre ou de faire commettre à l’encontre de membres de ce groupe l’un des actes suivants : atteinte volontaire à la vie ; atteinte grave à l’intégrité physique ou psychique ; soumission à des conditions d’existence de nature à entraîner la destruction totale ou partielle du groupe ; mesures visant à entraver les naissances ; transfert forcé d’enfants ».
En 1792, les Jacobins commencèrent par réprimer dans une violence inouïe, l’Église et les croyants catholiques. Les Français se retrouvèrent alors confrontés à un système Étatique Liberticide. Le Peuple de Vendée, entre autres, se révolta donc légitimement pour défendre ses récents acquis proclamés lors de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. En point d’orgue, c’est la conscription inégalitaire des 300 000 hommes dans l’Armée qui, en mars 1793, déclencha la révolte, comme le synthétisa la comtesse de La Bouëre (page 30) :

« La conscription fut l’étincelle électrique qui déclencha l’insurrection ».

En mars 1793, une insurrection survint donc dans une grande partie de la France et pas seulement en Vendée.

Restituons maintenant succinctement, la chronologie contextuelle dans laquelle fut commis ce Génocide par l’État « Républicain » Jacobin (page 207) :

« Tout d’abord, la Révolution est une rupture définitive dans l’histoire : il y a un avant et un après qui renvoient ses crimes à ceux du XXe siècle et non pas à ceux des siècles antérieurs. Le caractère légal de ce génocide est une nouveauté qui l’ancre dans la modernité. Il a, en effet, été voté à une date précise, publié de manière officielle même s’il est évident que la guerre civile s’est prolongée au-delà de ce vote. Cette guerre civile a commencé avec l’insurrection de la Vendée, au mois de mars 1793, pour s’achever avec la défaite militaire des Vendéens à Savenay les 23 et 24 décembre 1793. Parallèlement, la Convention a inauguré le génocide par le vote de la loi du 1er août 1793 qui prescrit l’anéantissement matériel de la Vendée, l’extermination des hommes et la déportation des femmes, des vieillards et des enfants. Elle l’a prolongé avec la loi du 1er octobre 1793 qui prescrit l’extermination de tous les Vendéens sans distinction d’âge, de sexe et d’appartenance politique. Elle l’a achevé avec la chute de Robespierre, le 27 juillet 1794, quand les Conventionnels ont mis fin au génocide. La guerre civile a duré dix mois, le génocide douze mois avec une période de chevauchement de cinq mois qui va du 1er août au 24 décembre 1793. »

Pour le Conventionnel Jean-Baptiste Carrier, co-responsable de ce Génocide, il fallait éradiquer l' »homme ancien » pour édifier l' »homme nouveau ». Au 20ème siècle, ce dogme Génocidaire fut largement repris et mis en application, notamment dans le cadre des régimes Totalitaires Communistes. Voici donc ce que déclarait Carrier à ce sujet (page 42) :

« Nous ferons un cimetière de la France plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière et de manquer le but que nous nous sommes proposé. »

A cette idéologie exterminatrice, il faut ajouter le fait que, comme la France connaissait une crise économique, des soi-disant « experts scientistes » révolutionnaires « malthusiens », décrétèrent que (page 45) :

« Le sol de France ne pouvait nourrir son monde » et qu’il était urgent de se débarrasser d’un excédent de population, « des bouches inutiles, sans quoi il ne peut exister de République (…) ».

D’ailleurs, un jour Carrier se confia à un certain Héron (page 45) :

« Sur la fin d’un dîner, il s’oublia un jour au point de déclarer que, comme d’après la récapitulation, il y avait mille habitants par lieue carré, il était démontré que le sol de la France ne pouvait les nourrir ; qu’en conséquence, il était essentiel de se délivrer de cet excédent de population sans quoi la République ne pouvait exister. Il faudrait commencer par les prêtres, les nobles, les marchands, les banquiers, les négociants qui ne peuvent aimer la République et dans son transport il crie : « Tue ! Tue ! » Dans mon département, nous allions à la chasse aux prêtres. Je n’ai jamais tant ri qu’en voyant la grimace que faisaient ces b… là en mourant. »

Le 5 septembre 1793, la Terreur fut mise à l’ordre du jour par le grand Comité de Salut Public, dit « de l’an II » composé de 12 membres : Billaud-Varenne, Barère, Lindet, Collot d’Herbois, Saint-Just, Couthon, Jean Bon Saint-André, Hérault de Séchelles, Prieur de la Marne, Lazare Carnot, Prieur de la Côte-d’Or et Robespierre qui l’intégra le 27 juillet 1793.
Lénine, en Russie, a lui aussi décrété sa Terreur Rouge Bolchevique (Communiste) un 5 SEPTEMBRE…, 1918. Comme nous le verrons encore plus loin…, le mimétisme Terroriste est d’une précision ahurissante !

A ce stade de la mise en oeuvre du Génocide, il faut stipuler que la loi du 1er octobre 1793, était une loi modificatrice complémentaire remettant à l’ordre du jour : l’article VIII de la loi du 1er août. Tous les Vendéens blancs et bleus confondus, devaient être exterminés (page 60) :

« La Convention nationale compte sur le courage de l’armée de l’Ouest et des généraux qui la commandent pour terminer d’ici le 20 octobre l’exécrable guerre de la Vendée. La reconnaissance nationale attend l’époque du 1er novembre pour décerner des honneurs et des récompenses aux armées et aux généraux qui, dans cette campagne, auront exterminés les brigands. »

Concrètement, l’objectif des Jacobins était donc l’extermination et l’anéantissement des 815 000 habitants résidant sur un territoire de 10 000 km2, d’où la proclamation suivante (page 60) :

« Soldats de la liberté, il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés ; le soldat de la patrie l’exige ; l’impatience du peuple français le commande, son courage doit l’accomplir. »

Entre les lois d’extermination du 1er août et du 1er octobre 1793, il fut décrété également la loi générale du 17 septembre 1793, dite « loi des suspects » destinée à l’extermination de masse.

Le 21 octobre 1793, les représentants du peuple : Bourbotte, Turreau, Choudieu et Francastel lurent un courrier solennel à la tribune de la Convention (page 63) :

« La Convention nationale a voulu que la guerre de la Vendée fût terminée avant la fin du mois d’octobre et nous pouvons lui dire aujourd’hui qu’il n’existe plus de Vendée bien que les rebelles ne soient pas entièrement exterminés ; une solitude profonde règne actuellement dans le pays qu’ils occupaient. On ferait beaucoup de chemin dans ces contrées avant de rencontrer un homme et une chaumière car, à l’exception de Cholet, de Saint-Florent et de quelques petits bourgs où le nombre de patriotes excédait de beaucoup celui des contre-révolutionnaires, nous n’avons laissé derrière nous que des cendres et des monceaux de cadavres : nous allons poursuivre cette horde fugitive et épouvantée partout où elle ira. »

Voici un exemple parmi tant d’autres, d’échange de courrier entre la Convention et les Généraux durant le Génocide, démontrant la haine fanatique que les Conventionnels vouaient au Peuple Vendéen (page 86) :

« 22 frimaire an II (12 décembre 1793),
Au plus ancien général de brigade commandant des deux colonnes détachées de l’armée du nord.
A Rouen,
Vous avez vaincu les satellites des tyrans du nord. Comment ne terrasseriez-vous pas des hordes de brigands. La Patrie l’attend de votre courage et de votre civisme. Elle vous confie le commandement d’une armée Républicaine. Ce fut toujours, ou presque toujours, a faute des chefs qui a décidé la victoire contre nous. Les brigands que vous allez combattre ont été défaits plusieurs fois depuis peu de jours. C’est à vous qu’est réservée la gloire d’achever de les exterminer. Ne vous battez jamais qu’en masse. Combinez vos mouvements autant qu’il vous sera possible avec les autres forces qui doivent seconder vos efforts. Frappez simultanément et frappez sans relâche jusqu’à ce qu’enfin cette race impure soit anéantie. Salut et fraternité.
Billaud-Varenne, Barère. »

Au soir du 26 décembre 1793, le représentant Prieur de la Marne confirma que l’extermination de masse progressait : « Notre armée continue à massacrer et à exterminer les brigands. »
D’ailleurs, le général Westermann le confirma à nouveau au Comité, en ce qui concernait la ville de Savenay (page 90) :

« Il n’y a plus de Vendée, Citoyens républicains, elle est morte sous notre sabre libre avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m’avez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes qui, au moins, pour celles-là, n’enfanteront plus de brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J’ai tout exterminé. Un chef des brigands, nommé Désigny, a été tué par un maréchal des logis. Mes hussards ont tous à la queue de leurs chevaux des lambeaux d’étendards brigands. Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant que sur plusieurs endroits ils font pyramide. On fusille sans cesse à Savenay car à chaque instant il arrive des brigands qui prétendent se rendre prisonniers. »

Pourtant, malgré toute la détermination de l’État « Républicain » Jacobin, ce dernier se trouva confronté à la difficulté d’exterminer, avec les moyens rudimentaires de l’époque, toute une population de manière « industrielle ».
Alors des essais de nouvelles techniques d’extermination de masse eurent lieux, comme : le gaz, les mines antipersonnelles, l’empoisonnement du pain, des sources d’eau, etc..
On retrouve ce soucis constant chez tous les « Génocideurs » du 20ème siècle, d’anéantir le maximum d’êtres humaines, à moindre coût, et dans un minimum de temps. D’ailleurs, les « techniques » d’extermination de masse Jacobines inspirèrent beaucoup les « Génocideurs » du 20ème siècle.
Mais pour les Jacobins ces essais ne furent pas concluants, car à cette époque la science et la technologie n’étaient pas encore assez développées.
Ils revinrent alors à des moyens plus traditionnels, rudimentaires, mais plus sûrs et ayant fait leurs preuves, comme : la décollation (la guillotine), l’éclatement des crânes, le sabrage, la noyade, l’exécution par balle, etc..
En revanche, ces moyens étaient trop lents et trop coûteux.
Alors, les tests tous azimuts continuaient, comme le décrit Reynald Secher (page 99) :

« Dans cette dimension artisanale, on n’hésite pas à innover en ayant recours, par exemple, à l’éclatement des crânes à coup de crosses, à l’emploi des baïonnettes et des sabres et aux noyades individuelles, par deux ou collectivement par sabordage de bateaux, notamment sur la Loire. Les noyades par couple, appelées « mariages républicains », ont particulièrement amusé leurs organisateurs et marqué les témoins en raison de leur caractère sadique : il s’agit d’unir nus dans des positions obscènes un homme et une femme, de préférence le père et la mère, le frère et la soeur, un curé et une religieuse… avant de les jeter à l’eau. Quant aux noyades en nombre, la procédure est plus longue : on entasse « la cargaison humaine » dans une galiote aménagée de sabords. Une fois au large, on fait voler les planches en éclats, à coups de hache : l’eau gicle de toutes parts et, en quelques instants, le bateau coule et les prisonniers meurent noyés. A défaut, les survivants sont immédiatement sabrés, d’où le mot de « sabrade » inventé par Grandmaison. Afin de couvrir les cris, « les noyeurs affectent de chanter très haut ».

Ces massacres horribles démontrent en plus : l’indifférence totale envers la souffrance d’un être humain, la perversité, la déshumanisation et même le profit que tiraient les bourreaux de leurs victimes, comme l’exprime le témoin Wailly, assistant à l’une de ces noyades (pages 100 et 101) :

« Deux gabares chargées d’individus s’arrêtèrent à un endroit nommé la Prairie-aux-Ducs. Là, moi et mes camarades, nous avons vu le carnage le plus horrible que l’on puisse voir. Plus de 800 individus de tous âges et de tous sexes furent inhumainement noyés et coupés par morceaux. J’entends Fouquet et ses satellites reprocher à quelques-uns d’entre eux qu’ils ne savaient pas donner des coups de sabre et ils leur montraient par leur exemple comment il fallait s’y prendre. Les gabares ne coulaient pas assez vite au fond ; on tirait des coups de fusil sur ceux qui étaient dessus. Les cris horribles de ces malheureuses victimes ne faisaient qu’animer davantage leurs bourreaux. J’observais que tous les individus qu’on a noyés dans cette nuit furent préalablement dépouillés, nus comme la main. En vain, les femmes réclamaient-elles qu’on leur laisse leur chemise ; tout leur fut refusé et elles périrent. Leurs hardes, leurs bijoux, leurs assignats furent la proie de ces anthropophages et ce qu’on aura peine à croire, c’est que ceux qui les avaient ainsi dépouillés vendaient le lendemain matin ces dépouilles au plus offrant. »

Puis l’épouvante des témoignages continue… (page 101) :

« Vous voyez ces femmes, ces mères malheureuses précipitées dans les flots avec leurs enfants. L’enfance, l’aimable enfance (…) devient l’objet de la plus incroyable rage. Un crime, que les fureurs de la guerre rendent à peine croyable, est commis dans Nantes armée pour la Patrie. Des enfants de 10, de 5, de 2 ans, des enfants à la mamelle sont massacrés ou noyés. Je vois ces infortunés tendant vers leurs bourreaux leurs bras innocents, leur souriant sur le sein qui les porte et dont un bras féroce les arrache. Je les vois se débattre aux cris de leur mère qui les appelle encore (…). Je vois le fleuve rapporter sur ses bords une femme tenant encore son enfant mort sur son sein, une fille entrelacée autour de sa mère (…). Je passe sur la place où est l’instrument du supplice. Je vois un jeune enfant de 13 ans sur l’échafaud ; il dit à l’exécuteur ce mot déchirant : « Me feras-tu bien du mal ? » Il est lié sur la planche dont la proportion indique à ces barbares que la justice n’y attache par des enfants. Son corps atteint à peine la ligne qui répond à la direction du couteau… Ailleurs (…) ce sont des hommes, des femmes ou des enfants que l’on fusille ou que l’on déchire à coups de sabres et de baïonnettes… ».

Mais couler des bateaux revenait extrêmement cher, alors à Nantes, qui était le plus grand camp d’anéantissement et d’extermination de la Vendée militaire, on décida d’utiliser les bateaux comme espaces d’asphyxie. Reynald Secher et des témoins en font la macabre description (page 102) :

« L’idée est simple et se veut expéditive : on y entasse la « cargaison humaine », on calfeutre les ouvertures et on l’oublie le temps de l’opération comme l’explique Victoire Abraham, femme Pichot, demeurant à la Sècherie, près de Nantes :
« Je vis un jour amener des prisonniers sur des charrettes ; ils venaient de l’entrepôt : on les disposa dans une galiote où on les oublia pendant 48 heures ; on avait eu la précaution de fermer le pont. Lorsqu’il fut ouvert, on trouva soixante malheureux étouffés. On les fit enlever par d’autres prisonniers qu’on venait d’amener. Robin, le sabre à la main, fit jeter ces cadavres dans la Loire. Cette opération finie, il fait mettre à nu tous les prisonniers, hommes, femmes et enfants, on leur lie les mains derrière le dos, on les fait entrer dans un chaland où ils ont noyés ». »

Ces noyades s’effectuèrent donc principalement à Nantes où on en recensa officiellement au moins 23, dont une d’au moins 1200 victimes ; mais également : à Angers, aux Ponts-de-Cé, à Ancenis, au Pellerin, à Mauves… et à Savenay.
A côté de ces noyades de masse, la guillotine produisant un « rendement » extrêmement faible, coûtait chère à cause du bourreau et des porteurs, de plus, il fallait l’entretenir journellement, et chaque décollation engendrait la projection d’un, voire deux litres de sang, sang qui à force en dégoulinant souillait les rues des villes.
Les villes périphériques étaient transformées en cités ou en camp de concentration et d’extermination à ciel ouvert, servant de « mouroirs » aux prisonniers : maladies, malnutrition ou exécutions sommaires.
Des camps de concentration et d’extermination, ainsi que des noyades
étaient spécialement réservés aux femmes et/ou aux enfants, comme à Noirmoutier.

Il fallait absolument exterminer tous les êtres humains vivant en Vendée : les hommes car considérés comme des dangers immédiats, les femmes car « sillon reproducteur » et les enfants car « futurs brigands ». Les Vendéens ne devaient plus pouvoir se reproduire, alors on fit exploser des cartouches dans les vagins des femmes ou bien, elles furent éventrées afin d’en extraire le foetus.
La description du massacre des enfants nous plonge dans l’horreur absolue (page 119) :

« Cinq cents enfants des deux sexes, dont le plus âgés avaient quatorze ans, sont conduits au même endroit pour y être fusillés. Jamais spectacle ne fut plus attendrissant et plus effroyable ; la petitesse de leur taille en met plusieurs à l’abri des coups de feu ; il délient leurs liens, s’éparpillent jusque dans les bataillons de leurs bourreaux, cherchent refuge entre leurs jambes qu’ils embrassent fortement en levant vers eux leur visage où se peignent à la fois l’innocence et l’effroi. Rien ne fait impression sur ces exterminateurs ; ils les égorgent à leurs pieds ; d’autres parviennent à s’écarter de ces bataillons de la mort : des soldats se détachent et le plomb arrête leur course en les renversant sur la poussière : des cavaliers les atteignent et les massacrent ; les plus proches sont assommés par ces cannibales. La vigueur de l’âge les fait relever plusieurs fois sous les coups de crosse qu’on leur assène ; autant de fois ils sont renversés jusqu’à ce qu’ils soient privés de la lumière. Malheureux enfants, ils appellent à haute voix leur père, leur mère à leur secours. Hélas ! Ils ne sont plus. La nature est muette pour eux. L’humanité ne peut se livrer à ses heureux sentiments. La mort attend ceux à qui elle inspire le plus léger mouvement : un soldat perd connaissance à la vue de ce spectacle horrible. Le fer achève de le plonger dans les ténèbres. Un officier ose demander grâce. Il est traduit au milieu de ces groupes d’enfants et fusillé avec eux. »

Lors du procès du député Carrier, Lefebvre insista sur la responsabilité des dirigeants de la Convention (page 122) :

« Il fallait bien qu’il y ait eu des ordres supérieurs puisqu’on a trouvé dans les hôpitaux des femmes et des enfants à la mamelle sabrés au nombre de 1200. »

Le 21 janvier 1794, Turreau mit en route ses 12 « colonnes infernales », car il voulait faire de la Vendée « un cimetière national afin de purger entièrement le sol de la liberté de cette race maudite. » Il reçut l’accord du Comité par l’intermédiaire de Lazare Carnot, membre du Comité de Salut Public.

Pour inciter aux meurtres, des discours révolutionnaires haineux et des méthodes de déshumanisation étaient utilisés, comme au Mans (page 133) :

« Citoyens ! Tuez ! Tuez ! Massacrez ces bêtes féroces ! Détruisez ces germes de la peste ! Exterminez ces fanatiques que sont les brigands de la Vendée ! Purgez la terre de cette race infâme ! Anéantissez ces scélérats et leurs prêtres séditieux ! Saisissez-vous de leurs femmes ! Ecrasez les enfants ! Emparez-vous des dépouilles de tous ces êtres perfides ! Soyez sans pitié ! La République vous y engage ! En agissant de la sorte vous servez l’intérêt supérieur et vous défendez la patrie ! N’oubliez pas, citoyens, que ce ne sont pas des hommes que vous avez en face de vous mais des animaux nuisibles qui troublent la tranquillité publique ! ».

Une fois que la Vendée serait « purifiée » et débarrassée de son « peuple ancien », le 7 novembre 1793, la Convention demanda au Comité de Salut Public de renommer la Vendée. Son nouveau nom devait être celui de : Vengé.

Malgré tous ses efforts, il a été impossible à la Convention, uniquement à cause de la faiblesse des moyens techniques de l’époque, d’exterminer les 815 000 habitants de la Vendée militaire. Les Jacobins en exterminèrent tout de même : 117 000 !

Avec la chute de Robespierre le 27 juillet 1794 ou 9 Thermidor, l’État prit conscience qu’il s’agissait d’une horreur totale et que ce Génocide devait donc rester un secret franco-français, engendrant ainsi un déni généralisé. A partir de ce moment, émergea alors un second crime, celui nommé par Reynald Secher : le Mémoricide, privant ainsi le Peuple de Vendée, ses descendants et l’historiographie Française, du droit à la Mémoire, et plongeant irrésistiblement les victimes directes de ce Génocide, dans l’anonymat et l’oubli le plus complet.
Le 16 octobre 1794, le même jour que la promulgation du démantèlement du réseau Jacobin, s’ouvrit le procès de 14 responsables Jacobins, dont 8 membres du Comité Révolutionnaire. Le 27 novembre 1794 Carrier fut mis en accusation, arrêté, écroué à la Conciergerie, traduit devant le tribunal, puis condamné à mort. De manière incompréhensible, Turreau, lui, fut considéré comme un « simple exécutant » et fut acquitté.

Napoléon Bonaparte, après avoir perpétré un coup d’État les 9 et 10 novembre 1799, stratégiquement, prit des mesures immédiates d’indemnisations, afin d’apaiser la colère du Peuple de Vendée, comme l’explique Reynald Secher (page 230) :

« (…) les arriérés d’impôt sont réduits ; des indemnités sont versées aux blessés ; des bureaux de bienfaisance, des hospices et des écoles sont créés et réorganisés ; des fourches, des binettes, des pioches, des semis et des plants sont livrés. En prenant en charge les plaies matérielles du peuple, Bonaparte, consciemment ou non, participe à l’effacement des stigmates du crime tout en répondant là encore au desiderata des Vendéens. »

Jusqu’en 1985, tous les historiens depuis 200 ans ont traité le Génocide Vendéen comme une « simple » Guerre Civile. Ce n’est qu’à partir de la soutenance de Thèse de Reynald Secher, puis de la publication de son premier ouvrage La Vendée-Vengé : Le génocide franco-français, que le processus Génocidaire fut décortiqué grâce aux textes de loi et aux Archives et que le diagnostic du Génocide fut ainsi clairement établi. Pourtant depuis 1985 rien n’a bougé, pire encore, ses travaux ont été rejetés sous divers prétexte fallacieux par l' »intelligentsia » Française ; et par conséquent, la même histoire continue d’être colportée dans l’enseignement.
Le drame Mémoriel est qu’aujourd’hui, les Vendéens eux-mêmes, collectivement, n’ont pas conscience pour nombres d’entre eux, que leurs ancêtres ont été les victimes d’un terrible Génocide ; puisque celui-ci n’a jamais été reconnu en tant que tel par l’État Français. Alors les Vendéens nomment ce Génocide : la « grande guerre ».

Les Conventionnels se servirent largement des procès de Carrier et de ses complices, pour profiter de l’occasion de se dédouaner, de la pourtant : TOTALE responsabilité de l’État Jacobin.
Plus encore qu’une « banalité du mal », pour reprendre l’expression de Hannah Arendt dans son ouvrage Eichmann à Jérusalem, je dirais que pour les Jacobins, il s’agissait d’une « rationalité du mal », puisque l’idéologie Jacobine consistait à « purifier » le sol Vendéen, non seulement, de ses habitants mais également : des denrées alimentaires, récoltes, bestiaux, habitations, infrastructures, etc.., afin de pouvoir y installer un « peuple nouveau », « purifié », et de faire recommencer l’Humanité à zéro, comme si rien n’avait jamais existé sur le territoire Vendéen.
En tant que contemporain de ce Génocide, Gracchus Babeuf avait déjà caractérisé ce « crime légal » de : « Dépopulation » et de « Populicide ».

En effet, il fallait exterminer tout le monde et jusqu’au nom de ce Peuple « maudit », pour effacer jusqu’à la Mémoire de la réalisation de ce Génocide.
Reynald Secher entend donc par Mémoricide le fait de supprimer de la réalité, donc de la Mémoire d’une Nation, un Génocide perpétré dans le passé ; comme il le résume fort bien (pages 20 et 21) :

« Ils ne peuvent donc imaginer qu’un génocide puisse s’accompagner du meurtre de sa mémoire, de ce que j’appelle un mémoricide, mémoricide qui fait partie intégrante du dispositif génocidaire et qu’il ne faut pas confondre avec le négationnisme. »

Reynald Secher pose donc ces passionnantes questions, auxquelles il répond évidemment en argumentant, tout au long de l’ouvrage (page 21) :

« Si la mémoire du génocide des Vendéens avait été entretenue, aurait-on connu, en tout cas dans leur ampleur, les génocides commis par Talaat Pacha, Lénine, Staline, Mao, Hitler, Pol Pot, etc. ? Si le génocide des Vendéens peut être considéré comme la matrice de ces génocides de l’époque moderne, elle est aussi celle des mémoricides et constitue ainsi un premier champ d’analyse et d’observation qui permet de répondre à cette question : qu’est-ce qu’un mémoricide ? En quoi fait-il partie intégrante d’un génocide ? Quelles conséquences implique son oubli, voire son déni qui ne fait alors que prolonger le déni du génocide lui-même ? »

Comme dans tous les États « Génocideurs » du 20ème siècle : Turc contre les Arméniens en 1915, Communiste et Nazi, en Vendée également, les gens étaient exterminés non pas pour qu’ils faisaient…, mais pour ce qu’ils étaient.

Ni les victimes des Turcs, des Communistes et de l’État Jacobin n’ont jamais obtenu Justice, car seules à ce jour, les victimes du Nazisme ont obtenu une véritable Justice et donc une reconnaissance de la Vérité.

Le Génocide Vendéen par Robespierre et ses Jacobins a donc fourni la matrice « Proto-Totalitaire » ou « Proto-industrielle » des régimes Totalitaires du 20ème siècle : Communisme et Nazisme, avec leurs : Tribunaux Révolutionnaires, loi des suspects, « homme ancien » et « homme nouveau », Terreur de masse, Comité de sûreté générale qui sera nommé au 20ème siècle, police politique ou secrète (Tcheka, N.K.V.D., Stasi, Securitate, l’U.B., etc., sous les régimes Communistes et la Gestapo sous le III Reich Nazi).
De plus, les « Génocideurs » du 20ème siècle se sont appuyés sur le Génocide Vendéen, puisqu’il n’a jamais été reconnu comme tel, pas plus que celui perpétré par Talaat Pacha (surnommé par les Arméniens le « Hitler Turc ») ministre Turc de l’Intérieur co-responsable du Génocide Arménien ; s’appuyant donc sur cette non-reconnaissance de Génocide pour bénéficier de la même impunité. Hitler a osé prononcer cette phrase infâme : « Qui se souvient encore de l’extermination des Arméniens ? ». D’où l’importance de caractériser et de juger ces Génocides.

Guy Francheteau, un descendant de Génocidés Vendéens a créé en 2001 l’association Vérité pour la Vendée. En plus de revendiquer la reconnaissance du Génocide Vendéen, il réclame le rétablissement de la Vérité dans les manuels scolaires, ainsi que le retrait des noms des « Génocideurs » de l’Arc de Triomphe, dont : Amey, Lazare Carnot, Tilly, Bonnaire, Turreau et Marceau ; et en ce qui concerne les écoles, les rues et les autres lieux publics, le retrait des noms, notamment de : Barère, Westermann, le général Amey, Lazare Carnot et évidemment…, celui de Robespierre !
Malheureusement, il a reçu de la part de l’État Français, une fin de non-recevoir, le 3 novembre 2003.

Reynald Secher nous donne donc sa définition du Mémoricide (page 267) :

« Juridiquement un mémoricide peut se définir comme un crime contre l’humanité qui consiste à concevoir, réaliser, être complice, tant dans la conception que dans la réalisation partielle ou totale, d’une volonté ou d’un acte dont la finalité est de nier, relativiser, justifier, partiellement ou totalement dans le temps, un acte premier de génocide. »

Sans victimes OFFICIELLES, point de Crime de Masse…, c’est cela le Mémoricide…, du Génocide.

Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème de :
– Reynald Secher La Vendée-Vengé : Le génocide franco-français ;
– Gracchus Babeuf La guerre de la Vendée et le système de dépopulation ;
– Patrice Gueniffey La politique de la Terreur ;
– Max Gallo Révolution française, Tome 1 : Le Peuple et le Roi (1774-1793) et Révolution française, Tome 2 : Aux armes, citoyens ! ;
– Sous la direction de Renaud Escande Le livre noir de la Révolution Française.