Pol Pot , anatomie d'un cauchemar
de Philip Short

critiqué par Anonyme11, le 19 août 2020
( - - ans)


La note:  étoiles
Itinéraire de l'un des plus grands monstres de l'histoire de l'Humanité : Saloth Sâr surnommé Pol Pot !
Philip Short Britannique d’origine, historien et journaliste, nous présente une description complète et précise de la vie du monstrueux tyran Saloth Sâr, de son pseudonyme : Pol Pot ; notamment, grâce aux Archives des Partis Communistes des pays concernés, ainsi qu’aux centaines d’heures d’entretiens avec d’anciens bourreaux Khmers Rouges, y compris des plus hauts responsables criminels du régime.

Pol Pot était issu d’une famille aisée qui possédait plusieurs hectares de rizières ainsi qu’une vaste demeure.
C’était quelqu’un d’aimable, souriant, presque discret, pas du tout le profil du fou furieux, du monstre sanguinaire, et pourtant…

En effet, Pol Pot et ses amis (futurs principaux « collaborateurs » directs et bourreaux) : Ieng Sary, Khieu Samphân, etc., jusqu’en 1950 n’avaient qu’une très vague idée de ce que pouvait être le Communisme.
Se rendant à cette époque en France, la petite équipe de Cambodgiens découvre à Paris en 1951 : le Stalinisme, Mao Zedong, Hô Chi Minh et les écrits de Marx, Lénine.
A partir de cette période d’endoctrinement Idéologique, ils se lancent à corps perdu dans la voie du Communisme. Ieng Sary prend (avec d’autres) sa carte au P.C.F. (Parti Communiste Français) ainsi que Saloth Sâr dit Pol Pot (selon ses propres aveux).
Ils furent tellement captivés par le P.C.F. qu’ils allèrent s’y former au Marxisme-Léninisme, lors de nombreuses réunions et conférences.
Ieng Sary et Khieu Samphân furent mêmes responsables du Cercle Marxiste de Paris.

En 1953, après cette formation au Bolchevisme (Communisme) en France, au sein de notre soi-disant « immaculé » P.C.F., ils rentrèrent dans un Cambodge politiquement instable.
Ils fondèrent le P.C.K. (le Parti Communiste du Kampuchéa).
Là, un premier obstacle dogmatique se présenta à eux. En effet, il n’existait quasiment pas de « classe prolétarienne » au Cambodge, pourtant fondement de l’idéologie Marxiste-Léniniste.
Pour rendre ce dogme conforme, il parut donc logique aux Khmers Rouges de « greffer » l’idéologie de la « Dictature du Prolétariat » sur la « classe paysanne » Cambodgienne.
Le tout par le truchement du Bouddhisme, car vecteur social permettant de faire accepter et assimiler plus facilement leurs délires idéologiques Communistes, au sein de la société Cambodgienne.
Ils n’avaient alors plus qu’à combattre radicalement le régime Monarchique du Prince Norodom Sihanouk, car ils étaient également galvanisés par l’exemple de notre Révolution Française, comme l’explique Philip Short, page 196 :

« Sous un vernis marxiste extrêmement mince, on retrouvait l’alliance de « paysans et (d’)intellectuels » dont Kropotkine faisait la force motrice de la Révolution française de 1789 ; l’objectif était du reste le même : renverser le roi – autrement dit le système féodal personnifié par Sihanouk – et instaurer un régime communiste égalitaire fondé sur une version replâtrée de l’ancienne trinité révolutionnaire, « liberté (collective), égalité (des masses) et fraternité (militante) », autant d’éléments dotés d’un parfum distinctement khmer. »

L’objectif de Pol Pot était de pousser le plus loin possible les tragédies Soviétique et Chinoise, par ce processus horriblement radical, cauchemardesque, sur la société Cambodgienne, ce que résume parfaitement l’auteur, page 24 :

« Mais les Cambodgiens ont adopté des solutions plus radicales, plus insensées. L’argent, les tribunaux, les journaux le système postal et les télécommunications internationales – et jusqu’au concept même de ville – ont été purement et simplement abolis. Les droits individuels n’ont pas été amputés en faveur des droits collectifs, ils ont été intégralement supprimés. La créativité, l’initiative, l’originalité ont été condamnées en soi. La conscience personnelle a été systématiquement broyée.
Il n’existe pas de réponse simple à ces questions et, dans la mesure où il y a des explications, elles n’offrent qu’un maigre réconfort – aux Cambodgiens comme aux autres. »

Puis, une guérilla civile sans merci sévit dans la décennie des années 60 entre le régime Monarchique de Sihanouk (avec l’aide de son impitoyable ministre de la Défense Lon Nol) et les sympathisants Communistes. Les actes de barbarie de la part des deux camps ennemis, furent légions : nombre incalculable de décapitations, pelotons d’exécution, etc..
Ces pratiques ignobles furent dramatiquement décuplées à un niveau d’horreur incommensurable sous le régime des Khmers Rouges, entre 1975 et 1979.

Parallèlement, à partir de 1967 – 1968, commençait :
– D’une part, la terrifiante Révolution Culturelle Chinoise de Mao, accompagnée de la propagande faite à travers son fUmeux « Petit Livre Rouge » ;
– Et d’autre part, l’imprégnation par les Khmers Rouges du tout aussi immonde « modèle Communiste » Viêt-Minh.

Le 18 mars 1970 eu lieu le coup d’Etat du Général Lon Nol évinçant Sihanouk du Pouvoir, ce qui conduisit le Cambodge à la Guerre Civile pendant cinq ans, entre le Pouvoir de Lon Nol et les Communistes Khmers Rouges, faisant déjà au total : 500 000 morts.
A partir de cette même année, le Cambodge dut faire face régulièrement, comme l’Indochine et le Vietnam à de terribles : « tapis » de bombes de la part des B-52 Américains.

Durant cette longue période de Guerre Civile, le P.C.K. se professionnalisa et se renforça, pour arriver à un nouveau coup d’Etat, celui de Pol Pot et de ses Khmers Rouges, le 17 avril 1975, en prenant la Capitale Phnom Penh.
Dans un premier temps, les Phnom-Penhois « débarrassés » de l’ancienne élite représentant l’ex-Monarchie, accueillirent les Khmers Rouges en « Libérateur ».
Mais cet enthousiasme ne dura pas, car le jour même ce 17 avril 1975, commençait à se dessiner le terrifiant plan d’épuration Communiste.
Les Khmers Rouges étaient déterminés à tout anéantir, recommencer à zéro, recréer, régénérer le Peuple Cambodgien afin de le rendre socialement et idéologiquement parfaitement PURE.

En effet, Pol Pot et ses sbires vouaient une HAINE idéologique viscérale envers les villes et ses habitants. Il s’agissait alors de vider les villes dans le but de rééduquer ou d’exterminer (le résultat était dramatiquement le même) ses habitants « souillés » par la : « bourgeoisie », le « capitalisme » et l' »impérialisme » urbains.

Ainsi, commença l’un des plus terrifiants Génocides (en rapport de sa population totale) de l’histoire de l’Humanité.
Dès lors, mentant à la population, les Khmers Rouges firent évacuer Phnom Penh (sous le fallacieux prétexte d’un risque imminent de bombardement par les Américains) à ses presque : 3 MILLIONS d’habitants, leurs garantissant un retour en ville deux ou trois jours plus tard.
Mais la réalité était toute autre : l’objectif étant la déportation pure et simple de toute la population des villes vers les campagnes.

Philip Short estime à environ 20 000, le nombre de personnes décédées lors de l’opération d’évacuation-déportation, pour diverses raisons (épuisement, maladies, la faim, etc.) et surtout lors d’innombrables exécutions de masse aléatoires, le long des chemins.
Les survivants de cette déportation se retrouvèrent donc des esclaves travaillant de force dans les rizières.
A partir de ce moment-là, tout le Cambodge fut transformé en un gigantesque camps de concentration à ciel ouvert, ce qui rendait totalement obsolète les « classiques » : miradors, barbelés électrifiés, bergers allemands, etc..

Parallèlement il y eu la suppression : de l’argent (plongeant la société Cambodgienne dans le moyenâgeux système du troc, ce dernier étant lui-même interdit par l' »Etat » tyrannique Khmer Rouge : l’Angkar), de la propriété privée, des salaires (de toute manière une source de dépense inutile puisque le Peuple était transformé à l’état d’esclave). TOUT fut collectivisé même la Pensée individuelle devait refléter le NOUS collectif en supprimant du vocabulaire, entre autres, les termes considérés comme « bourgeois ». Par exemple, la première personne du singulier : le néfaste « JE » était assimilé à la contamination « bourgeoise » et à l’inconcevable individualisme. A la manière de la « Novlangue » excellemment décrite par George Orwell dans son très réaliste ouvrage 1984.

Puis, fut créé le plus horrible centre de tortures et d’exécutions du régime Khmer Rouge : le centre S-21, dans une ancienne école secondaire désaffectée à Tuol Sleng. Le responsable de ce centre, Deuch et ses acolytes tortionnaires, arrachèrent de faux aveux, torturèrent par des moyens ignobles et assassinèrent entre 15 000 et 20 000 Cambodgiens.

De plus, de nombreux villages entiers furent pillés, brûlés, et leurs habitants : TOUS exterminés (enfants, femmes, vieillards, hommes), car considérés comme « réfractaires » au despotisme Idéologique de Pol Pot.

Depuis la fin du régime Totalitaire Khmer Rouge, Sihanouk est revenu au Pouvoir, et depuis 1985, il existe donc au Cambodge un gouvernement de coalition entre Sihanouk et un ancien Khmer Rouge : Hun Sen.
Malheureusement cet Etat relève encore très largement d’un caractère à tendance « semi-Terroriste ».
Sam Rainsy Des racines dans la pierre, essaye depuis presque 20 ans de mettre en place un régime Démocratique au Cambodge…

Philip Short refuse le terme de Génocide pour caractériser le régime Totalitaire Khmer Rouge. Pourtant l’appellation : Génocide « de classe » (comme pour de nombreux Crimes de masse perpétrés par les régimes Totalitaires Communistes) est couramment utilisée aujourd’hui. L’auteur, lui, préfère qualifier ce Crime de masse, de : Crime contre l’Humanité.
La discussion sur la dialectique permettant de caractériser des Crimes de masse est intéressante, mais de toute manière cela ne change absolument rien à la monstrueuse réalité qui a consisté à l’extermination par le « démoniaque » régime de Pol Pot, de plus de : 1 500 000 Cambodgiens sur une population d’à peine 8 millions d’habitants !

Comment est-il possible que ce tyran (et il en va de même pour presque tous les hauts responsables des régimes Totalitaires Communistes dans le monde) pleinement responsable de ce Génocide, engendrant la mort violente de : 20 à 25 % DE SA PROPRE POPULATION en seulement 4 années, soit mort paisiblement dans son sommeil des années après en 1998, sans que la Justice des Hommes ne l’ait même pas convoqué devant un Tribunal digne de ce nom ?
C’est purement et simplement in-com-pré-hen-sible !

Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème, de :
– François Bizot Le silence du bourreau ;
– Kèn Khun De la dictature des Khmers rouges à l’occupation vietnamienne ;
– Thierry Cruvellier Le maître des aveux ;
– Claire Ly Revenue de l’enfer : Quatre ans dans les camps des Khmers rouges ;
– Malay Phcar Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980 ;
– Pin Yathay Tu vivras, mon fils ;
– François Bizot Le Portail ;
– François Ponchaud Cambodge année zéro ;
– Sam Rainsy (Des racines dans la pierre).