Bouddhisme et science: Un dialogue entre Daisaku Ikeda et Chandra Wickramasinghe
de Daisaku Ikeda, Nalin Chandra Wickramasinghe

critiqué par Anonyme11, le 18 août 2020
( - - ans)


La note:  étoiles
Dans un dialogue : le consensus conforte et la contradiction stimule la réflexion !
Un dialogue réalisé en 1995, entre Chandra Wickramasinghe astronome proposant des thèses originales sur l’Univers et sensibilisé par la religion Bouddhiste, et Daisaku Ikeda, Penseur religieux bouddhiste. Les deux protagonistes de cet échange passionnant, nous livrent leurs réflexions, non seulement à propos de leurs deux grandes spécialités, mais également sur le lien qu’ils considèrent comme indissociable entre la vie terrestre et l’Univers.
En effet, dans la religion Bouddhiste, l’Univers ne fait qu’UN avec le vie humaine. C’est l' »ichinen sanzen », c’est-à-dire la rencontre du macrocosme (l’Univers) avec le microcosme (la vie individuelle).
Ils nous prodiguent aussi leurs avis éclairants sur de nombreux autres sujets, comme :
– L’Histoire de l’astronomie, notamment à travers les théories : d’abord géocentrique d’Aristote, Ptolémée…, puis héliocentrique de Copernic, Galilée… ;
– La vie et la mort ;
– L’éducation ;
– Le progrès : particulièrement dans le domaine de la médecine avec toutes les questions d’ordres éthiques et philosophiques qu’elles entraînent ;
– Les injustices et les inégalités en tous genres ;
– Leur souhait absolu d’une paix mondiale définitive ;
– Etc..

Chandra Wickramasinghe nous présente les deux grandes questions que se pose l’être humain à propos de l’Univers :
1 / Comment l’Univers a-t-il été créé ?
– La première grande théorie et la plus répandue dans le cercle des astronomes, est celle du fameux Big Bang (l’explosion initiale créatrice de l’Univers), il y aurait de cela environ 13,7 milliards d’années.
– La seconde, privilégiée par Chandra Wickramasinghe, est celle de l' »état stationnaire », c’est-à-dire : un Univers sans début ni fin, mais éternel.

2 / La seconde grande question abordée sur l’Univers, consiste à se demander si : l’Univers est en expansion constante et infinie, ou bien s’il est clos et amené éventuellement à terme, à s’effondrer sur lui-même (le Big Crunsh) ?
Si les astronomes ne sont pas prêts de pouvoir scientifiquement trancher cette question, pour le bouddhisme en revanche : l’Univers n’a ni commencement ni fin.
Nous quittons donc ici le domaine de la recherche scientifique pour retomber dans celui du dogme religieux.

La religion Bouddhiste date de 2 500 ans et Bouddha est mort en 483 avant J.C..
La « branche » du bouddhisme dont se réclame Daisaku Ikeda est celle de Nichiren dont il présente le concept, pages 131 et 132 :

« Le bouddhisme de Nichiren enseigne que « la non-dualité du corps et de l’esprit est la réalité ultime de la vie ».
« La réalité ultime de la vie » correspond ici à ce que le principe des Neuf Consciences appelle le conscience-« amala », et désigne la grande vie fondamentale de l’Univers. Cette doctrine enseigne aussi que l’Univers même est l’entité de la non-dualité du corps et de l’esprit, et que les vies individuelles, soutenues par l’entité fondamentale de l’Univers, répètent un éternel cycle de naissances et de morts. Ainsi, il me semble que les théories psychosomatiques conduisent également à la vie de l’Univers ».

Cette continuité exprimée dans le bouddhisme : d’une vie de l’esprit après la mort du corps, reste et restera certainement éternellement une question sans réponse. Nous retrouvons là encore, le dogme religieux relevant uniquement de la croyance : une perception de l’existence totalement subjective et personnelle.
C’est ce que les bouddhistes nomment les trois états de souffrances : physique, psychologique et la troisième, la souffrance « existentielle ou religieuse » liée à la peur de la mort. Le bouddhisme se propose donc d’aider les individus à transformer cette souffrance, cette tristesse face à la mort, en un état de « réalisation de soi », voire de « joie créatrice ».

Quant à la très répandue notion de karma, il s’agit de la « loi de cause et d’effet » : la naissance et la mort, le passé et le présent, etc..
Le karma désigne donc l’action par : la pensée, la parole et/ou le physique.

Comme la majeure partie des êtres humains, le bouddhisme souhaiterait voir disparaître les guerres au profit d’une paix « éternelle ».
Voici donc ce qu’exprime le bouddhisme sur les « Trois Poisons » de la vie humaine, page 198 :

« Quand la colère augmente, la guerre éclate. Si l’avidité s’accroît, la famine s’installe. Si l’ignorance s’aggrave, la peste se déclare. Et à cause de ces trois calamités, les désirs terrestres se multiplient et les idées fausses se répandent de plus en plus ».

La paix globale est évidemment un objectif essentiel vers lequel l’Humanité devrait tendre.
Malheureusement, pour cela il faudrait : d’une part, que CHAQUE être humain fasse sien de cet objectif. Et d’autre part, pour que cet objectif humaniste se réalise éventuellement un jour, encore faudrait-il que l’être humain vive éternellement. Mais comme une génération ne vit en moyenne que 70 à 80 ans, c’est à chaque fois pour le bouddhisme un travail de persuasion à recommencer indéfiniment à chaque nouvelle génération, sans jamais pouvoir y parvenir réellement et totalement !
A défaut de réalisme, il reste dans le bouddhisme une utopie positive, volontariste et…, Humaniste.

D’ailleurs à son actif : il est vrai que le bouddhisme revendique, à juste titre, le fait de ne pas avoir engendré de violences, de pogroms et de Guerres de Religions sanglantes, depuis ses 2 500 ans d’existence.
Ce dont ne peuvent pas se revendiquer d’autres religions comme le Christianisme et l’Islam.

Une telle discussion est particulièrement intéressante, car les auteurs sont deux sommités, doublés de deux grands Penseurs dans leurs domaines, avec des développements d’idées passionnants sur de nombreux thèmes.
Mais l’Athée cartésien, lui, peut trouver que ce débat est davantage basé sur un sentiment personnel que sur des faits avérés et scientifiquement vérifiables.
Inconsciemment ne cherche-t-on pas à étudier et à complexifier un débat sur le fondamental thème de l’existence, à travers : la religion, la croyance en un Dieu, ou en la réincarnation, afin de se rassurer. Car en effet, l’être humain éprouve le besoin viscéral de croire en quelqu’un, quelque chose, une entité, etc., lui permettant de faire face à l’inévitable et effrayante, unique issue de la vie : la mort !

Dans cette discussion, les deux co-auteurs confrontent leurs points de vue similaires donc sans réelles surprises, alors que dans l’excellent ouvrage de Jean-François Revel et de Matthieu Ricard Le moine et le philosophe – Un père et son fils débattent du sens de la vie, ces derniers confrontent leurs divergences, rendant ainsi le dialogue beaucoup plus vif et stimulant et moins uniquement…, consensuel.