Un petit coup de jeune
de Thierry Bizot

critiqué par Septularisen, le 16 août 2020
( - - ans)


La note:  étoiles
COMMENT VIVRE AVEC SEIZE ANNÉS DE VOTRE VIE QUI VOUS «MANQUENT»?
Thierry BIZOT (*1962), qui a connu un énorme succès de librairie, il y a quelques années, avec le récit de sa conversion au catholicisme («Catholique anonyme» ici sur CL : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/36087 et «Premiers pas d’un apprenti chrétien», ici sur CL : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/36902), nous reviens ici avec un comédie de mœurs plus légère et plus divertissante, à l’histoire très originale.

Éric Sadge se réveille un jour d’un coma dans un lit d'hôpital. Il apprend qu’il a été la victime d’un accident de voiture, dont pourtant il ne se souvient absolument pas. Il pense qu’il est en 2001, le 24 septembre pour être précis, quelques jours après l’attentat des Twin Towers de New York, et de l’explosion de l’usine AZF à Toulouse… Et bien non! Pas du tout! Il n’a pas n'a pas trente-cinq ans comme il le pense, mais cinquante et un ans, et nous sommes le… 12 mai 2017! Sadge apprend alors qu'il souffre d'une amnésie, qui lui a fait oublier les seize dernières années de sa vie!

Il va dès lors aller de surprise en surprise, de stupeur en stupeur, d’étonnement en étonnement… Son fils est devenu un jeune homme de vingt-trois ans, il a divorcé de Catherine sa femme qu’il aimait pourtant passionnément et est maintenant marié a Vanessa, jeune et jolie femme blonde, sportive et maigrichonne. Il apprend aussi que son père et son frère sont morts, et que lui qui n’était qu’un obscur chroniqueur d’une petite émission culturelle à la télévision, est aujourd’hui un grand journaliste et une grande vedette du PAF, pourchassé par les paparazzis!

Outre tous les changements les plus récents de notre époque (médias, ordinateurs, internet, réseaux sociaux, téléphones portables…), qui l'étonnent et le laissent désemparé, - dans un monde qu’il ne reconnaît plus -, comment faire face à seize années de votre vie qui vous «manquent», qui ont été brutalement éradiquées de votre mémoire? Mais pire que tout, Sadge va très vite s'apercevoir qu'il n'est pas du tout l'homme qu'il voulait devenir et qu’il croyait être. Derrière le personnage bien sous tous rapports, connu de tous se cache peut-être un tout autres individu…

Le style d’écriture est fluide, bon et simple. Le livre se lit très vite et les pages se tournent sans qu’on s’en aperçoive vraiment. Plus qu’une simple comédie, c’est aussi une réflexion sur le temps qui passe, les choix que l’on fait, sur ce que l’on fait de (et comment on mène) sa vie, l’évolution technologique et de la société, les mœurs qui évoluent, les souvenirs et la mémoire, l’existence… Sur un thème somme toute classique, l’auteur a bien su renouveler le fond de l’histoire et le scénario est très original et se «tient» bien la route!

Les personnages sont beaux attachants, bien fouillés psychologiquement, avec leur vie, leurs relations, leurs doutes, leurs hésitations, leurs erreurs… Ils sont très touchants, notamment Éric, bien sûr! Quoique cela ressemble parfois beaucoup trop à un «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil»!.. Il y a aussi bien sûr son lot de situations drôles, quand ce n’est pas carrément hilarantes, (p. ex. quand des gens qui le connaissent depuis des années parlent à Éric et qu’il ne les reconnaît pas!...), ou de quiproquos (p. ex. quand il pense que Catherine est encore sa femme, mais qu’il est marié a Vanessa…).

La fin par contre m’a profondément déçu! Il y a beaucoup de longueurs et ça tourne un peu (beaucoup), en rond! Les répétition se suivent et se ressemblent, un peu trop pour une bonne lecture. Un peu comme si l’auteur après nous avoir raconté une grande partie de l’histoire ne savait pas vraiment où aller, quoi raconter, ce qu'il doit nous dire, et surtout comment conclure le roman… Et malheureusement, cela devient très (trop!), classique et très (trop!), convenu! Je comprends que c’est une critique très acerbe et très caustique de notre société actuelle, mais l’aspect «tout était bien mieux avant», répété et répété à longueur de pages, et saupoudré de prosélytisme à peine voilé pour la religion catholique, a vraiment fini par me «gonfler» profondément!

En conclusion, je dirais comme dit M. Gérard COLLARD sur le bandeau du livre: «C’est léger, brillant, pétillant, étonnant, tendre, passionnant… », oui tout ça! Mais, sans aucune prétention et vraiment sans plus! Il ne faut vraiment pas chercher dans ce livre autre chose qu’un bon moment de lecture… Idéal donc comme lecture de vacances…