Nos espérances
de Anna Hope

critiqué par Peche07, le 10 août 2020
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Juste une bonne tranche de vie
Ce récit condense deux générations et des années de vie, il donne l’impression rare de survoler un espace temps incroyablement proche et contemporain . Anna Hope est une conteuse, elle a cette capacité incroyable à saisir l’instant dans sa précision, qu’il s’agisse de décrire la pluie battante sur les iles britanniques ou l’intensité d’un échange mère fille; en quelques lignes elle suggère l’émotion juste, palpable. Le fil conducteur de ce livre est l’amitié de trois femmes, étudiantes et colocatrices , réunies par une jeunesse commune, audacieuses et insouciantes puis successivement amoureuses, recherchant chacune leur propre chemin , mère ou en mal de le devenir, s’éloignant les unes des autres, se trahissant, s’agaçant mais franchissant sans jamais se perdre toutes les étapes d’une vie. Je me suis arrêtée sur le beau portrait de Sarah, mère de l’une de ces jeunes filles féministe engagée , en filigrane du récit. J’ai ressenti la détresse d’ Hannah, en mal d’enfant, malgré une absence de construction ferme ( seul reproche que je ferai à ce roman) et j’ai tout pris: les efforts de Cate pour aimer son mariage de raison, la solitude combative de Lissa déterminée à construire sa carrière jusqu’à chacun de leurs compromis qui apparaissent aussi comme des victoires. Ni perte, ni défaite, ni amertume, gardons nous surtout de toute généralisation … Juste une bonne tranche de vie !
Trois femmes anglaises d’aujourd’hui … 7 étoiles

Hannah, Cate et Lissa sont trois jeunes Anglaises qui se sont connues au début des années 1990, dans le monde étudiant.
Anna Hope balaie trente ans de vie contemporaine du côté de Londres à travers l’évolution de ces trois jeunes femmes persuadées d’un avenir éclatant, comme on peut l’être à vingt ans, puis confrontées aux petite – ou grandes – misères de la vie comme elle va. Elles étaient comme trois doigts d’une même main (amputée de deux doigts alors ?), la vie va se charger de les bousculer, de les séparer, de les rassembler au fil des évènements de trois vies actuelles.

»Quand le café a été bu, les cigarettes fumées et que le matin s’est changé en après-midi, elles emportent assiettes, nourriture et couvertures dans le parc, où elles s’allongent à l’ombre pommelée de leur arbre préféré. Elles dégustent lentement leur pique-nique. Hannah et Cate se relaient pour lire le journal. Lissa se sert des pages culture comme visière, et grogne. Un peu plus tard elles ouvrent la bouteille et boivent le vin, il se boit facilement. L’après-midi avance. La lumière devient huileuse. Dans le parc, les bavardages s’amplifient.
Telle est leur vie en 2004, à London Fields … »


La construction est compliquée puisqu’on saute d’une époque à une autre, du point de vue d’une des trois protagonistes à une autre ou des trois ensemble comme l’extrait ci-dessus. On est parfois perdu. Mais ce qui fait du bien, c’est qu’on n’a pas affaire, comme bien souvent à des personnages hors du commun, richissimes ou particulièrement brillants. Non, il est question de trois femmes actuelles, lambda, aux prises avec des problématiques tout aussi actuelles. L’humilité repose, souvent …

Tistou - - 68 ans - 2 février 2023


Leurs désespérances 5 étoiles

Trois grandes amies mènent une vie assez banale et plutôt désespérante, c’est toute l’intrigue du livre qui n’a d’un roman que le mot écrit en tout petit sur la couverture.

Aujourd’hui, en matière d’art, il faut à tout prix innover, étonner, faire de l’incongru, du bizarre. Anna Hope s’y est essayée et on peut dire qu’à ce point de vue là, elle a réussi. Son livre est une succession de chapitres qui sont intitulés par des dates en désordre : 2010, 1987, 2018, 2004… et, à chaque chapitre, elle raconte pic-ploc une petite tranche de vie d’une fille, puis de la deuxième et puis de la troisième. Quand elle parle des trois à la fois, le chapitre est en italique. Il m’a semblé que, comme construction d’un livre, ce procédé était plutôt simpliste mais c’est original et à la longue on s’habitue.

Dans ce récit, l’auteur(e) a voulu plonger son lecteur dans la vie de ces trois jeunes femmes, et ces vies représentent probablement une réalité bien d’aujourd’hui ; ça fait l’intérêt du livre ; mais ces vies sont banales et désespérantes à pleurer. De temps en temps l’auteur(e) amène son héroïne dans des lieux particuliers qui pourraient être intéressants ; comme par exemple chez les révoltées climatiques américaines qui grimpent dans les arbres pour qu’on ne les coupe pas. Mais ces épisodes sont courts et bourrés de clichés et on comprend que l’auteur(e) parle de milieux qu’elle ne connaît pas.

Le style de Anna Hope est assez particulier ; il consiste le plus souvent en une succession de petites phrases, très descriptives, presque toujours au présent, avec sujet, verbe, complément. Cette écriture est vive mais à la longue elle devient monotone ; par contre, elle convient parfaitement pour les dialogues qui sont souvent percutants à force d’être courts et comme « pris sur le vif ».

Finalement, cette lecture n’est jamais ennuyeuse. Les trois héroïnes sont sympathiques et bien campées. Personnellement, j’ai pris ces filles en sympathie et j’ai compati à leurs échecs et à leurs déceptions, à tel point que je tournais les pages, le plus vite que je pouvais, en espérant que demain ça irait mieux pour elles ; mais, du début à la fin, j’ai trouvé que leur vie manquait franchement d’intérêt.

C’était mon second essai d’un Anna Hope et je ne me suis pas ennuyé ; mais, question de goût, je crois que ce sera le dernier.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 5 mai 2021


Beaucoup d'échecs, peu de joie 6 étoiles

C’est l’histoire de trois jeunes femmes dans la trentaine, trois meilleures amies. Ces trois Anglaises ont du mal à trouver leur place dans la vie. Elles taisent leurs déceptions, leurs rancœurs, mais sont obnubilées par celles-ci.
Hannah, mariée à Nathan, essaie désespérément d’être enceinte, coûte que coûte; elle n'est que crispation.
Lissa est une actrice ratée qui ne décroche presque jamais de rôle. Elle en veut perpétuellement à sa mère.
Cate vient d’avoir un enfant et ne s’en sort pas. Elle ressasse d’anciennes histoires d’amour lesbiennes et ne se remet pas d’avoir été quittée. En attendant, elle est épuisée, n’a plus d’énergie pour rien, délaisse son ménage et s’aigrit. Cela débouche sur des disputes avec son conjoint, sa belle-famille et ses amies. Heureusement, elle fait la connaissance d’une autre mère avec qui elle peut être enfin vraie.
Bref, des histoires pas très réjouissantes, pas vraiment faites pour remonter le moral, plutôt désespérantes pour tout dire… et sûrement pas des « espérances » ! Les trois « héroïnes » boivent beaucoup, s’aiment, mais se détestent aussi, se déchirent parfois, entrent en compétition.
J’ai peiné à travers les allers-retours dans le temps souvent désorientant, d’autant plus qu’à ces voyages s’ajoutent le constant passage d’un personnage à un autre. On dirait un puzzle, mais qui a du mal à se reconstituer.
J'ai eu envie de savoir ce qu'il adviendrait de ces jeunes femmes, mais leur histoire ne m'a pas passionnée.

Pascale Ew. - - 57 ans - 5 février 2021