Gros-Câlin
de Emile Ajar, Romain Gary

critiqué par Lesembruns, le 4 août 2004
(TOURS - 55 ans)


La note:  étoiles
Très bon livre
Livre comique, tant par l'histoire que par le langage : suite à un voyage organisé au Maroc, Mr Michel Cousin adopte un python, le ramène à Paris et achète une souris blanche en guise de festin, mais Mr Cousin s'éprend aussi de la souris...le python fait des fugues, les catastrophes s'enchainent...
Une petite déception 6 étoiles

Drôle de roman que ce Gros-Câlin, non pas que l’histoire soit inintéressante mais on ne peut nier que le style est très particulier. Ce style, proche du ton employé dans La vie devant soi ou encore dans l’angoisse du Roi Salomon, m’a assez dérouté, bien plus encore que dans les deux romans précités.
Néanmoins ce roman possède une originalité et un humour qui lui donnent un certain charme. Malgré tout, derrière ce ton badin et cet humour piquant se cache un sujet délicat, celui de la solitude des temps modernes. Je ne peux cacher avoir eu souvent de la peine pour le personnage principal.
Pour résumer je ne dirais pas avoir adoré ou détesté ce roman. Disons plutôt que je l’ai lu avec un certain plaisir mais que j’en attendais plus : une petite déception, notamment lorsque l'on sait de quoi est capable Romain Gary.

Sundernono - Nice - 41 ans - 2 juillet 2021


Des animaux pour tuer la solitude 8 étoiles

Un Français revu des Etats unis souffre de deux mots, un surplus américain, qui lui confère du mal à se reconditionner et une originalité à tout crin, et une forte solitude. Il s'ensuit qu'il en vient à adopter un python venu de Guyane, au sein duquel il se plaît à se lover et pour qui il rencontre des difficultés d'entretien pour son alimentation, car il rechigne à faire englober vivants les rongeurs dont il a besoin. Outre une scène mémorable d'évasion de l'animal qui l'emmène au commissariat, ce roman décrit les avatars d'une époque et d'une mégapole de dix millions d'habitants, avec les difficultés portée sur les différences.
Si ce roman met souvent le sourire aux lèvres, il fait également réfléchir.

Veneziano - Paris - 46 ans - 1 janvier 2020


Un peu déçu 8 étoiles

Monsieur Michel Cousin, célibataire parisien, travaille dans une boite de statistique. Il est amoureux de Melle Dreyfus, originaire de la Guyane mais cela ne semble pas être réciproque. Monsieur Cousin fait l’acquisition d’un python. Cet animal se nourrit exclusivement d’être vivants : souris, mulots, petits lapins, etc… Notre homme se procure une souris blanche mais n’a pas le cœur à l’offrir à Gros-Câlin, son nouveau compagnon. Il adopte donc également cette Blandine. S’ensuivent quelques anecdotes dont une particulièrement piquante. Mais, tout comme il est socialement peu recommandé de vivre avec chez soi un python et une souris, le lecteur se rend compte que Cousin a lui également de grosses difficultés d’ordre social.

Aurais-je trop espéré de ce roman ( qui n’est pas si drôle que cela) ? Toujours est-il que, perso, je reste un peu sur ma faim …

Le 2 décembre 1980, Romain Gary, alias Emile Ajar, se suicide à l’âge de 66 ans.
« En 1978, lors d'un entretien avec la journaliste Caroline Monne, lorsque celle-ci lui pose la question : « Vieillir ? », Romain Gary répond : « Catastrophe. Mais ça ne m'arrivera pas. Jamais. J'imagine que ce doit être une chose atroce, mais comme moi, je suis incapable de vieillir, j'ai fait un pacte avec ce monsieur là-haut, vous connaissez ? J'ai fait un pacte avec lui aux termes duquel je ne vieillirai jamais » ( source Wikipédia )



Extraits :

- C’est un homme avec personne dedans.

- Ce qui me bouleverse chez les souris, c’est leur côté inexprimable. Elles ont une peur atroce du monde immense qui les entoure et deux yeux pas plus gros que des têtes dépingles pour l’exprimer.

- Beaucoup de gens se sentent mal dans leur peau parce que ce n’est pas la leur.

- Je me suis toujours demandé pourquoi le printemps se manifestait seulement dans la nature et jamais chez nous. Ce serait merveilleux si on pouvait donner naissance vers avril-mai à quelque chose de proprement dit.

- Moins on existe et plus on est de trop.

- Dès que je m’approche du néant, je deviens en excédent.

Catinus - Liège - 73 ans - 24 février 2016


Lire un gros câlin 8 étoiles

Gros-Câlin est un très bon livre. Romain Gary (ou Emile Ajar, c’est les mêmes) fait preuve d’un immense talent en mêlant l’humour avec un problème bien triste et d’actualité : le manque d’affection.
Gros-Câlin c’est quoi ? Un livre qui vous fait aimer les pythons. Car il s’agit de l’histoire de Michel Cousin, un type qui se sent très seul et qui vit avec un python qui aime s’enrouler affectueusement des pieds à la tête de son maître. Mais Michel Cousin décide (tout seul) de se marier avec une femme originaire de Guyane. Du coup, il va essayer de lui faire la cour mais il s’imagine très vite qu’elle a du mal à accepter de partager la vie de son python.
Raconté comme ça, on devine tout de suite que c’est un livre vraiment spécial.
Mais pas seulement au niveau de l’histoire ; au niveau de la narration aussi. Car c’est Michel Cousin lui-même qui va nous narrer son mal être et son manque d’affection avec ses raisonnements parfois absurdes et assez compliqués à suivre. C’est vrai que, même si j’ai trouvé que l’œuvre est sentimentalement forte derrière l’humour et exploite un thème difficile d’une manière marquante et très réussie, le héros de Gros-Câlin m’a parfois paru incompréhensible et indigné de tout et n’importe quoi ce qui m’a quelque peu freiné dans l’enthousiasme que je portais à la lecture du roman.
Enfin, j’en garderai un très bon souvenir du fait de l’originalité.

Je vous le conseille vivement.

Benson01 - - 28 ans - 2 juillet 2012


Derrière l'humour se cache la tristesse 10 étoiles

Le sujet du roman pourrait faire sourire, un homme seul qui se prend d'affection pour un python, puis une souris et un cochon d'inde qu'il n'arrive pas à sacrifier pour nourrir le python. Le roman ou plutôt la fable, le conte sous sa légèreté stylistique, langue, situations drôles (le python qui remonte les conduits des WC) cache une tristesse, la solitude de Cousin est la forêt cachée par l'arbre qui est le ton enjoué de l'histoire.

"Zazie dans le métro" et "L'écume des jours" partagent cette faculté de traiter sur le mode de l'humour des histoires profondes. D'ailleurs l'humour n'atténue pas le côté tragique, au contraire il le fait ressortir. Premier chef d'oeuvre de Emile Ajar avant la "Vie devant soi"

Killeur.extreme - Genève - 42 ans - 3 janvier 2011


Michel Cousin seul au monde 10 étoiles

Sur le thème de l'incommunicabilité des sentiments, Gary réalise ici un chef d'oeuvre.
En maltraitant la langue d'une manière magistrale, il arrive à faire comprendre au lecteur l'étendue de la solitude d'un Michel Cousin pourtant plein de bonne volonté.
Roman sur l'incompréhension, sur la pauvreté du langage pour exprimer des sentiments, sur les besoins pourtant immenses de communion et d'affection.
La phrase déjà citée par Sibylline le résume parfaitement et de manière glaçante "J’avais tellement besoin d’une étreinte amicale que j’ai failli me pendre".
Derrière la caricature, le constat s'applique hélas à chacun, nous sommes tous des Michel Cousin...

Guigomas - Valenciennes - 54 ans - 19 octobre 2010


Superbe! 9 étoiles

Superbe! Encore une fois Ajar chamboule les règles de la syntaxe et du langage et, avec une plume toujours aussi amusée, il nous offre une petite merveille de roman. L’histoire de cet homme souffrant d’un trop-plein d’affection et de son python Gros-Câlin est écrite avec beaucoup d’humour et de justesse. C’est délirant, c’est drôle, c’est touchant…

Et à propos du langage, un court extrait :
« Je dois donc m’excuser de certaines mutilations, mal-emplois, sauts de carpe, entorses, refus d’obéissance, crabisme, strabisme et immigrations sauvages du langage, syntaxe et vocabulaire. Il se pose là une question d’espoir, d’autre chose et d’ailleurs, à des cris défiant toute concurrence. Il me serait très pénible si on me demandait avec sommation d’employer des mots, des formes qui ont déjà beaucoup couru, dans le sens courant, sans trouver de sortie. » p.9

Krystelle - Région Parisienne - 44 ans - 31 août 2005


Chef d'Oeuvre 10 étoiles

Un peu dommage cette critique de quatre lignes sur un si bon bouquin !
«Gros câlin» a été écrit par Romain Gary sous le pseudonyme de Emile Ajar et c’est un très, très excellent livre. Je dois avouer que, d’une manière générale, je suis plus fan d’Ajar que de Gary. Vous me direz «C’est le même homme», je vous répondrai «Les convenances en moins». Et j’aime mieux Ajar.
Ce «Gros câlin» est un vrai chez d’œuvre. Il est exact que l’on peut dire que c’est un livre comique, mais «comique» est loin d’être suffisant. Car, s’il y a sans cesse des situations drôles, ce sont aussi et surtout, des situations extrêmement justes et vraisemblables, la vraisemblance étant juste poussée à sa limite extrême. On bascule dans l’excessif, le «trop vrai». Ainsi, ne serait-ce que de voir avec quel franc naturel cet individu totalement conventionnel, dont on nous conte ici l’histoire, aborde les affaires de sexe, dès qu’il ne s’agit pas de questions d’amour… Cela fait rire, bien sûr, mais donne aussi un peu à penser, non ?
Avec quelle vérité il parle des besoins affectifs des hommes. « Je suis rentré chez moi, je me suis couché et j’ai regardé le plafond. J’avais tellement besoin d’une étreinte amicale que j’ai failli me pendre.» C’est autre chose qu’une histoire comique de serpent parisien.
Et cette façon qu’il a de s’exprimer, de nous rendre ainsi sensible par ses phrases étranges tout le cheminement de sa pensée et la forme de son esprit ! «Vous m’avez demandé pourquoi j’ai adopté un python et je vous le dis. J’ai pris cette décision amicale à mon égard au cours d’un voyage organisé en Afrique…»
A lire absolument.

Sibylline - Normandie - 74 ans - 21 juillet 2005