Le cerbère blanc
de Pierre Raufast

critiqué par Septularisen, le 20 juillet 2020
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
PIERRE RAUFAST COMME VOUS NE L’AVEZ JAMAIS LU!
Mathieu et Amandine sont nés à un jour d'intervalle dans le même petit village de la vallée de Chantebrie. Leurs parents sont voisins, et très amis, ils grandiront donc dès leur plus jeune âge ensemble, choyés par leurs parents. Et c’est tout naturellement qu’ils deviendront amis, puis «fiancés» et enfin amants.

Mais Mathieu, qui a perdu ses parents très jeune dans un tragique accident, et en est resté traumatisé à vie, ne rêve que d’une chose, devenir un grand médecin, et consacrer sa vie à «défier» la mort! Mais pour cela, il doit quitter la vallée de Chantebrie, pour aller faire ses études de médecine à Paris. Cela signifie abandonner Amandine, au risque de la perdre, car celle-ci a déjà un avenir tout tracé, et n'envisage pas de quitter la vallée et ses parents.

Mathieu hésite et tergiverse jusqu’à la dernière minute, mais un tragique évènement imprévu, dont Mathieu se sent responsable, comme il se sent déjà responsable de la mort de ses parents des années auparavant, va précipiter sa fuite vers Paris… Il laisse Amandine seule et perdue, au moment même où celle-ci avait le plus besoin de lui…

Dans ce roman, Pierre RAUFAST prend des risques! Tout d’abord celui de perdre son lectorat habituel, puisque il nous propose ici un roman de facture très classique, linéaire et d’un style tout à fait inhabituel pour lui. Fini les histoires «à tiroirs» (bien que l’on retrouve quand même ici et là quelques clins d’œil appuyés à ses livres précédents…), et à digressions multiples, qui ont fait sa réputation d’auteur!
Et ensuite le voilà à nous raconter une histoire d’amour somme toute «banale», malgré le sujet parfois grave et de nombreux renvois à la mythologie, et surtout aux dieux grecs. C’est polyphonique, puisque chaque chapitre nous est raconté alternativement par Amandine et Mathieu. On suit tour à tour, leurs études, leur vie, leur carrière, leurs amours, leurs joies, leurs peines, leurs évolution, leurs remords, leurs regrets, leurs déboires amoureux etc.. Rien à redire ici, les deux personnages principaux sont une réussite à tous les points de vue, notamment dans leur aspect psychologique. La fin très ouverte de l’histoire, laissée à l'appréciation (ou devrais-je plutôt dire à l'imagination) du lecteur présage que peut-être on retrouvera ces deux là, dans un prochain livre...

C’est un roman intelligent, bien écrit, et dont les pages se tournent sans problème, et qui se lit facilement en quelques heures… Il y a beaucoup d’imagination, un «survol» de questions philosophiques (la vie, la mort, la jeunesse éternelle, l’amour, les choix que nous faisons tous dans la vie, le sentiment de culpabilité, la vengeance et le pardon, la mémoire et l’oubli…), et même un très beau «twist» complètement inattendu et très surprenant au chapitre 24 (non n’insistez pas je ne vous dirai pas lequel !).
Et, si je ne mets pas cinq étoiles, ce n'est pas tant à cause des nombreuses fautes d’accord et autres «coquilles» dans le texte, du style Pg. 212 et le «Ici, un rond-point a été emménagé… »? Non, si je ne mets pas cinq étoiles, c'est surtout pour la fin un peu trop rapide et bâclée et surtout beaucoup trop «capillotractée», et qui fait basculer une belle histoire et un bon roman dans le fantastique, pour ne pas dire la SF! Et là désolé M. RAUFAST, je reste votre plus grand fan, mais j’ai complètement «lâché» le tout, je ne pouvais plus y croire une seconde…

En conclusion, si on ne découvre pas l’écriture de Pierre RAUFAST par ce livre (puisque comme déjà dit plus haut, cela ne ressemble en rien à son style habituel!..), c’est un très bon livre, qui vous fera passer un très bon moment de lecture, malgré la fin qui nous mène un peu trop loin dans, disons, «l’étrange»!