Mindhunter. Dans la tête d'un profileur.
de John E. Douglas, Mark Olshaker

critiqué par Septularisen, le 12 juillet 2020
( - - ans)


La note:  étoiles
LE PREMIER DES PROFILEURS!
Et oui!.. Vous ne le saviez peut-être pas encore, ou alors si, mais «Mindhumter», la série qui «cartonne» en ce moment sur Netflix est – comme souvent d’ailleurs -, d’abord et avant tout un… Livre! Et quel livre, puisque c’est l’autobiographie, j’insiste bien l’autobiographie (écrite avec l’aide de M. Mark OLShaker *1951), et non pas un roman, de l’agent spécial du FBI (Federal Bureau of Investigation), M. John DOUGLAS (*1945) et que toutes les personnes citées dans ce livre existent ou ont vraiment existé. Mais encore? Considéré comme le premier des profileurs, devenu une véritable légende vivante, il est celui qui a inventé une méthode pour «entrer» dans la tête des tueurs en série pour établir leur profil psychologique et pouvoir ensuite les retrouver et les arrêter. Il a ainsi résolu des dizaines de cas et à même inspiré le romancier Thomas HARRIS pour le roman «Le silence des agneaux».

Si le livre se lit facilement, je dois avouer que la première partie du récit est très lente et est la moins intéressante, en effet il n’y s’y passe pas grand-chose! M. DOUGLAS nous raconte sa jeunesse, sa scolarité, ses petites bêtises d’universitaire, son entrée au FBI en 1970. J’étais à deux doigts de m’ennuyer quand enfin, vers la page 125, le livre démarre vraiment, avec l’idée de l’auteur, de monter un programme pour interroger le maximum de tueurs en série en prison. Il créé donc un questionnaire spécifique, avec l’objectif de déduire d’après leur crime, leur mode opératoire, leur signature, le profil psychologique du tueur en série. Dans la foulée, il crée la première cellule de profilage au monde.
C’est intéressant, passionnant, fort, violent, percutant, cru, parfois insoutenable, et bien sûr totalement… véridique! C’est raconté avec beaucoup de détachement, voire comme un observateur extérieur. Mais, au vu du contenu, cela vaut peut-être mieux, puisque vous vous en doutez bien, certains des faits (ou bien devrais-je dire des crimes ?..) décrits sont vraiment horribles!

L’auteur nous parle aussi de ses doutes, de ses peurs, de ses progrès dans ses enquêtes, des arrestations qu’il permet, de ses témoignages devant les tribunaux, de ses méthodes d’enquêtes, de la nécessité d’être «proactifs» pour arrêter au plus vite les criminels, de son travail avec la famille des victimes, des horreurs qu’il est amené à voir (effractions, meurtres, viols, tortures, démembrements, bondage, crimes sexuels, décapitations, enlèvement d’enfants…), de ses réussites, et bien sûr de ses échecs… Il nous fait aussi pénétrer dans les arcanes du FBI, qui comme toutes les administrations, a ses règles (parfois non écrites), sa lourdeur bureaucratique, sa «paperasse», ses lois, sa logique…

Le livre n’est jamais aussi intéressant que quand il cite des petits détails, des anecdotes, des petites histoires dans la grande, lui que l'on le traite de «sorcier», en raison de la justesse de ses déductions! Ainsi p. ex. après une arrestation, un officier de la police de New York, le lieutenant D’AMICO, dira à propos du programme d’établissement de profils: «Ils l’avaient si bien dépeint que j’ai demandé au FBI pourquoi ils ne nous avaient pas aussi donné son numéro de téléphone».
Ou bien encore, quand un jour il décrit le profil d’un tueur en série, - qui avait enlevé et tué des jeunes enfants -, à un couple d’une cinquantaine d’années, Ellis et Sharon SHEPPARD et leur demande s’ils connaissaient quelqu’un qui lui correspondrait. Ils se sont regardés comme s’ils avaient soudain eu la même idée, il venait de leur décrire à la perfection Larry Gene BELL, un employé de la petite entreprise d’électricité que dirigeait Elis SHEPPARD... Qui par la suite s'est bien révélé être le tueur recherché!

Un livre qui a vraiment soulevé mon enthousiasme! C’est parfois glaçant et effrayant, - on sait que tout est vrai, on en arrive à se poser des questions sur la vrai nature de l'homme... -, mais toujours très captivant! Et, si je ne mets pas cinq étoiles, ce n'est pas à cause des nombreuses «coquilles» dans le texte français. Comme p. ex. le fait qu’on y parle encore en francs français, alors que le livre (dont l’édition originale date de 1995!..), a été traduit en français en 2017, et que notre monnaie est l’Euro depuis… 2002! (D’ailleurs on aurait aussi bien fait de laisser le dollar américain)...
Non, si je ne mets pas cinq étoiles, c'est surtout pour le manque de modestie de M. DOUGLAS, qui n’hésite pas dans une campagne d’autopromotion à peine voilée, à citer tout au long du livre les articles et les livres qu’il a écrit, et sa fâcheuse propension un peu trop poussée à mon goût, en faveur de la peine de mort! Je comprends qu’il soit américain, et donc totalement en faveur de la peine de mort, mais moi en tant qu’Européen convaincu, désolé, mais je ne vois pas les choses tout à fait de la même façon!

P.S. : Ce livre a été élu «Meilleur Polar des Lecteurs de Points» en 2018, ce qui est quand même un peu étonnant, puisque comme je l’ai déjà dit, c’est une autobiographie et non pas un «Polar»!
En raison des scènes particulièrement explicites décrites dans ce livre, j’en déconseille la lecture aux lecteurs les plus sensibles.