Huit millions de façons de mourir
de Lawrence Block

critiqué par Sibylline, le 3 août 2004
(Normandie - 74 ans)


La note:  étoiles
Pot-pourri
Nous nous trouvons là face à un de mes polars préférés.
Il est de facture tout à fait classique dans la forme et même, sans doute dans l’intrigue, et il a cependant une totale originalité dans la façon « psychologique », j’avais envie de dire humaine, dont l’histoire est traitée.
Voici la recette. On prend une bonne vieille histoire de privé new-yorkais qui descend les bourbons, quelques flics, quelques truands fort antipathiques et d’autres qui le sont moins, une mégapole, des bars, des putes qui se font assassiner… Cette recette là a été utilisée 100 fois ou plus. Elle marche ou non selon le talent du cuisinier, pas de problème.
A partir de là, Block nous concocte un roman à au moins quatre étages : une intrigue policière, une vision d’un problème social, l’histoire d’un alcoolisme et une réflexion sur la mort.
J’avais acheté ce livre pour son titre. J’ai été bien inspirée. Ce qui fait la différence, avec « huit millions de façons de mourir », apparaît, me semble-t-il dès le titre. Ce titre, qui n’a pas de rapport avec l’enquête comme c’est la règle générale, mais avec tout autre chose, nous alerte dès la couverture sur l’autre dimension du roman. (Je précise tout de suite que c’est la traduction littérale du titre original.) Qui sont les huit millions de morts ? Les New-yorkais, comme cela pourrait être la population mondiale, avec un autre nombre.
Lawrence Block ne s’est pas contenté de nous livrer un détective qui boit, il a admis que cette attitude, si commune aux détectives de romans, posait problème, était un problème ; et il a entrepris de nous décrire le mal-être qui fait qu’il boit.
Les multiples façons, souvent pathétiques, indignes, grotesques, absurdes dont les gens meurent en font partie. Comme en fait partie le fait qu’on ne puisse plus croire dans la justice (lois, juges, etc.), ni dans la capacité de la police à vous protéger. Block nous décrit une jungle en deçà des lois, qui devient notre lot quotidien. Le « On ne peut rien faire » est la constatation que Scudder, notre privé, ne peut accepter, celle qui le fait boire; mais cette enquête le prend au moment où, s’apercevant qu’il n’est plus que l’objet de sa dépendance, il ne peut plus l’accepter non plus.
« Mes mains avaient une volonté indépendante de la mienne et elles avaient décidé de trembler ». Il y a des descriptions cliniques de l’alcoolisme que le privé fait sur lui-même et, avec les réflexions sur la vie et la mort, cela donne au livre un sens profondément humain que n’ont généralement pas les polars. On sent que tout est faux dans cette histoire… sauf ce combat là.
jamais pendant le service.... 7 étoiles

J'ai plutôt bien aimé ce polar qui, comme le dit parfaitement la critique principale, est plus une réflexion sur la vie qu'une enquête policière à part entière. Le privé est un personnage très attachant qui a ses qualités et bien sûr ses failles. Sa principale faiblesse : la boisson. Et ce combat là se tient tous les jours, toutes les heures...

Sur fond d'alcoolisme et donc de tentatives d'abstinence, le privé va partir en quête d'un assassin, un tueur de prostituées et comme le privé aimait bien la première victime et bien il va vraiment avoir à coeur de résoudre cette affaire. Block nous plonge dans une palette sociale New yorkaise incroyable, il nous explique, parfois sous forme humoristique que dans cette ville on peut se faire tuer pour un mauvais regard et qu'il y a bien 8 millions de façons de mourir, parfois plus bêtes les unes que les autres.

J'ai donc bien apprécié ce livre qui change des polars traditionnels et dont le détective privé est vraiment attachant.

Clubber14 - Paris - 44 ans - 26 octobre 2015