Le Gille Boit et la Caravane Passe
de Mickomix

critiqué par Débézed, le 6 juillet 2020
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
"Ne baissons pas les bras, levons le coude !"
Mickomix, je l’ai déjà croisé, virtuellement s’entend, dans un autre P’tit cactus, j’avais glosé sur son pseudo : « Mick c’est évidemment Mickaël mais omix ce n’est certainement pas Serré, alors c’est peut-être komix ou alors comix comme les fameux dessins… ». Mais depuis que j’ai lu ce dernier recueil, j’ai l’impression que c’est lui qui me connaît le mieux, il sait mon goût pour le jeunisme : « On devient vieux con quand on ne supporte plus l’idiotie de la jeunesse ambiante. » Il va falloir que je me surveille. Il connaît aussi parfaitement mon aversion pour les utilisateurs ayant sombré dans l’addiction aux nouvelles technologies de la communication. « Il s’excitent avec leurs Gigabits, frétillent devant leurs chats et tout émoustillés, derrière leur GSM, sans fil caressent du doigt des fantasmes virtuels. »

Apparemment, il sait même que je suis né dans la même paroisse que Gustave Courbet qu’il ne manque pas de citer parmi ses références. « Courbet Recto/Verso – Certes on a retrouvé la tête, et le nom qui va avec, du modèle du tableau de Courbet : L’origine du monde. Mais on ne verra jamais son cul, à Constance Queniaux ! ». C’est un brin trivial mais ce n’est pas faux.

Et en lisant ses piques, ses avis, ses opinions, ses fulgurances, je ne peux que me sentir assez proche de lui, nous avons la même conception de l’écologie : « L’amour est l’unique carburant qui ne détruit pas la planète ». Nous connaissons tous les deux les penchants, pas franchement secrets, de son éditeur « La devise de mon éditeur : Pas de Chimay sans bleu ! », je la ferais bien mienne. Nous avons aussi le goût des formules absurdes dont notre langue accouche parfois : « Le GROS problème c’est les norme ».

Peu concerné par la religion et la politique, je pourrais pourtant le suivre sur le chemin de Dieu quand il écrit : « Dieu émarge dans le vide et émerge d’une idée, d’une idéologie, d’une extrapolation prenant sa source dans l’absence, depuis son inexistence jusqu’à son apparition : sans néant, pas de Dieu, mais sans Dieu, le néant ! » Je n’ai pas plus compris la religion que lui mais, du point de vue politique, je le rejoindrais volontiers quand il formule ce rappel à l’ordre à l’attention de tous ceux qui voudraient diriger quelques autres : « Souvenez-vous bien d’une chose, vous, les puissants, les chefs, les leaders, l’élite… c’est qu’une pyramide ne peut s’élever dans une base solide et solidaire mais qu’elle peut sans souci, en s’allégeant même, se séparer de sa tête ».

Après un tel déferlement d’esprit et d’espièglerie, je ne regrette qu’une chose, celle de ne pas pouvoir reproduire la magnifique langue, car il est multicarte l’artiste, il sait tout faire, qu’il a dessinée pour illustrer cet aphorisme : « Heureux le lèche-cul car il ne connaît pas la barrière de la langue ! ».