Angela
de Isabel Vaillancourt

critiqué par Libris québécis, le 25 juin 2020
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Maman, viens chercher ta petite fille
Abandonnée à une étrangère peu fiable, Angela espère un jour revivre avec sa mère. Au lieu de carburer aux larmes, elle se confie à une poupée pour compenser son état d'enfant solitaire livrée à son sort. À travers ses confidences se découvre la tristesse de toute cette marmaille condamnée à être sa propre mère.

Angela, qui a quatre doigts plus le demi d'un autre, raconte sa vie incongrue à travers des mots propres à son âge. L'auteure a adapté son roman au langage de sa jeune héroïne. Les expressions enfantines, qui ont souvent l'art de faire rire, traduisent bien tout ce qu'Angela voit et entend de son entourage, rempli de messieurs qui s'enferment dans la chambre de la gardienne, d'où retentissent des gémissements intrigants. Elle se débat avec les moyens du bord pour survivre tant bien que mal à l'absence maternelle. L'arme la plus efficace dont elle dispose, c'est le silence. S'enfermant dans un placard avec sa mini-poupée, elle se construit un monde à sa mesure, un monde qui lui donnerait la liberté de vivre avec celle qu'elle aime, sa Moumou, dont l'auteure tait la destinée.

Elle a bien rendu la tragédie des enfants de la solitude que l'on abandonne. Son roman court à la défense de l'enfance malmenée avec une histoire à allumer l'esprit du lecteur.