La présence pure
de Christian Bobin

critiqué par Miriandel, le 30 juillet 2004
(Paris - 62 ans)


La note:  étoiles
Le grand Art.
"La présence pure" est un recueil de 66 pages où Christian Bobin trace un portrait simple et douloureux de son père atteint de la maladie d'Alzheimer. Un parallèle subtil entre la décrépitude d'un homme et la persistance d'un arbre donne au récit répit et sérénité.
« La neige a recouvert [l'arbre] pendant la nuit de lumière pure, comme une mère relevant un drap sur le corps de son enfant endormi. »
Comme toujours avec Bobin, plusieurs fois heurté de plein fouet par de pénibles réalités, il transcende le désespoir plus qu'il n'y cède.
« Il est impossible de protéger du malheur ceux qu'on aime : j'aurai mis longtemps pour apprendre une chose aussi simple. Apprendre est toujours amer, toujours à nos dépens. Je ne regrette pas cette amertume. »
Un livre qui plaira sans doute davantage à ceux en qui la souffrance a résonné. Un livre fort et pur. Une fois encore l'expression d'un génie, de ce génie qui illumine un siècle de quelques très rares bougies, pas de celui que le show-business s'évertue en vain à faire naître sous les projecteurs.
Voilà, je l'ai dit, c'est trop tard.
Christian Bobin est un génie : plus rien n'est jamais pareil après l'avoir lu.
de la prose poétique 10 étoiles

Ce recueil de textes de C. Bobin est un vrai retour sur soi, une interrogation sur le monde et notre rapport à celui-ci. C. Bobin nous fait rencontrer l'extraordinaire dans l'ordinaire. J'ai particulièrement aimé lire "Mozart et la pluie" où le génie humain est le voisin de sensations toutes simples comme la goutte d'eau que l'on sent sur son visage. "L'Equilibriste" et sa compagne s'envolent dans les airs, "L'Autre Visage" et d'autres valeurs que celles de notre société de consommation, mais aussi "Lettre Pourpre" et ce lecteur avec sa rose rouge pour l'écrivain, le découvreur de passages sombres et gais dans la vie. Un recueil de textes à redécouvrir régulièrement pour faire une pause et penser la vie, l'amour, la mort.

Printemps - - 65 ans - 7 avril 2013