Les Services compétents
de Iegor Gran

critiqué par Romur, le 1 juin 2020
(Viroflay - 51 ans)


La note:  étoiles
Suffisamment de distance pour en rire
Souvenirs de la maison des morts, L’archipel du Goulag, Le ciel de la Kolyma… Les écrivains russes ont témoigné dans des textes poignants et terribles de l’univers concentrationnaire, tsariste puis communiste.
« Les services compétents » nous livre un autre regard, celui du fils de l'écrivain russe Andreï Siniavski, sur la traque dont son père a été l’objet de la part du KGB. Le regard est d’autant plus décalé que nous suivons en fait les agents des services chargés de démasquer celui qui publie en occident sous le pseudonyme d'Abram Tertz… Avec un brin d’ironie pour la bureaucratie et l’idéologie soviétique, Iegor Gran nous entraine ainsi dans cette enquête qui a duré une demi-douzaine d’années.
Au-delà du polard, nous découvrons avec délectation cette société dont la vertu socialiste chancelle face à la culture et aux produits occidentaux qui s’infiltrent, mais aussi face à la nécessité toute simple d’obtenir le nécessaire et pourquoi pas un petit peu de superflu… alors pourquoi ne pas trafiquer un peu, même quand on est lieutenant du KGB ? La surveillance du petit monde intellectuel donne lieu à quelques portraits hilarants, nos braves pandores ayant du mal face aux films de Fellini et aux tableaux de Picasso. Même si nous sommes dans la période post-stalinienne et les méthodes sont un peu moins sanglantes, permettant ce ton léger et cette ambiance un peu surréaliste, des événements tels que le massacre de Novotcherkassk viennent rappeler la menace permanente qui pèse.
Une lecture aisée, un style enlevé, un vrai talent de conteur : n’hésitez pas !
A vous qui avez eu la chance de ne pas avoir de parents dissidents 10 étoiles

" Les services compétents" d' Iegor Gran (300p)
Ed; P.O.L

Bonjour les fous de lectures....

Voici un livre qui nous raconte l'Union Soviétique entre l'époque Khrouchtchev et le début de l’ère Brejnev.
Loin du sérieux des manuels ou livres historiques, l'auteur s'est inspiré de l'histoire de ses parents, les dissidents soviétiques André Siniavski et Maria Rozanova, pour nous retracer avec humour la vie et l'ambiance de cette époque.

1959, la revue "Esprit", en France, publie un article anonyme discutant les principes du « réalisme socialiste ». Il affole le KGB et préoccupe les « services compétents », qui traquent son auteur durant six ans.
En février 1966, André Siniavski, le père de l'auteur, est condamné à la déportation pour cet écrit et pour l’ensemble de son œuvre.
Il passera près de sept ans dans les camps, d’où il reviendra physiquement cassé, mais intellectuellement comblé, allant jusqu’à affirmer que ce furent les « plus belles de sa vie ».

j'ai beaucoup aimé ce livre qui dépeint avec un certain humour (Noir ???) les absurdités de la bureaucratie soviétique (de l'époque???)
Le KGB et ses méthodes parfois (souvent ??) loufoques de contrôle de la population, en prend pour son grade.
Ce serait presque jubilatoire si ce n'était aussi proche de la réalité, ce qui fait qu'à certains moments, le sourire se fige.

Vous qui avez eu la chance de ne pas avoir de parents dissidents, installez-vous confortablement pour savourer ce jeu de " chat et la souris "

Faby de Caparica - - 62 ans - 3 juin 2020