Le Fantôme de Canterville, suivi de "Le Prince heureux - Le Géant Egoïste et autres contes"
de Oscar Wilde

critiqué par Féline, le 28 juillet 2004
(Binche - 46 ans)


La note:  étoiles
Tel est pris ...
Folio Librio nous offre un recueil de cinq contes fantastiques, dans lesquels s'illustre le génie de l'esthète anglais : Le fantôme de Canterville, Le Prince Heureux, Le Géant Egoïste, L'Ami Dévoué et Le Rossignol et la Rose.

Le plus célèbre, "Le fantôme de Canterville", met en scène une famille de riches américains, les Otis, qui acquière le château de Lord Canterville, malgré les mises en garde de ce dernier au sujet d'un effrayant résident d'outre tombe qui sème la mort et la folie dans l'ancestrale demeure. Mais bien vite, tel est pris qui croyait prendre. Loin de se laisser impressionner par les facéties du spectre (le père ira même jusqu'à lui proposer de l'huile pour ses chaînes !), les Otis se transforment en bourreau pour Sir Simon de Canterville qui devient la victime de leurs mauvais tours.

Derrière l'humour anglais, l'ironie et le comique de situations, se distingue une critique des sociétés anglaise et américaine mais surtout une parodie du choc de la rencontre entre ces deux cultures : d'une part le conservatisme britannique, attaché à ses valeurs ancestrales et d'autre part, le modernisme et le matérialisme des américains, qui n'ont pas l'intention de se laisser manipuler par un simple fantôme.

Les cinq contes de cet ouvrage bénéficient d'une magnifique écriture très poétique. Tout en finesse, ils délivrent morales et messages forts, parfois avec cruauté mais d'une cruauté rare et raffinée.
Ils abordent la pureté et la bonté d'âme, qualités qui n'apportent que malheur. Bien que certains contes voient, d'une certaine manière, ces qualités triompher, la plupart montrent le sort féroce réservé par la société à ceux qui en sont dotés.

Du grand Oscar Wilde, dont l'humour caustique n'épargne pas les travers d'une société riche et bien pensante. Un must !
Booooh ! Même pas peur. 6 étoiles

Certes une excellente écriture, un conte bien balancé mais il faut surtout retenir qu'il s'agit une gentille petite histoire de fantôme pour les enfants.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 17 avril 2016


"Quel climat impossible !" 9 étoiles

Un vrai classique, rien à voir avec ces fades beautés un peu bêtasses ou un peu trop narcissiques pour être attirantes... Wilde s'en prend à ces vulgaires américains bien souvent pitoyables et tout le monde s'en réjouira avec grand joie (sauf les fous peut-être, j'en conviens.) Mais l'auteur britannique est quant à lui pertinent et encore plus que cela, juste: c'est sans doute pour cette raison qu'il a été tant châtié et si rarement imité.

Pour sa part c'est le tout premier bouquin que votre humble serviteur a lu. A l'âge de 6 ans. Vous comprendrez donc que je ne vais pas ébruiter l'intrigue au cas ou quelques-uns de mes clones tomberaient par hasard sur ce livre, ce serait juste malséant. De plus pour un conte la morale de ce recueil est tout simplement cruciale, en particulier d'ailleurs pour ceux qui ignorent ce que pertinence signifie. Et je ne parle même pas de ce géant dont Wilde nous relate ici l'histoire première , il est tellement gros et populaire qu'on le démasquerait aussitôt !

Si ce n'est son jardin secret...

Antihuman - Paris - 41 ans - 23 avril 2014


Un chef d'oeuvre classique qui ne vieillit pas 10 étoiles

Je ne suis absolument pas d'accord avec Opalescente qui a la dent dure quant au Le fantôme de Canterville. Il ne faut pas oublier le contexte de l'époque. Je trouve le style d'Oscar Wilde étonnamment jeune, parfois espiègle ou malicieux, avec quelques pics politiques. Il est clair que cette nouvelle aurait pu être plus longue, plus approfondie, mais dans le fond, ce texte si génial n'est-il pas d'abord destiné aux enfants ? Et n'est-il pas merveilleux que si longtemps après la mort du grand maître, les enfants continuent à être touchés par la magie de ce texte ? Il ne faut pas lire les auteurs pour chercher à les démolir, mais apprendre à se laisser porter par leur plume pour en découvrir les aspects les plus insoupçonnés. Sinon, notre démarche est inversement créative. J'ai adoré Le fantôme de Canterville et je crois que nombre de générations futures en feront autant !

Alex90 - - 34 ans - 10 octobre 2013


Des plus et des moins 6 étoiles

J’ai lu plusieurs contes d’Oscar Wilde (notés ici en ordre de préférence) et l’ensemble est plutôt inégal. L’écriture est parfois lourde, mais les histoires sont souvent délicieuses. Ça en vaut la peine pour les meilleures. J’ai trouvé Le fantôme de Canterville original et inattendu, mais Le rossignol et la rose est celui qui m’a le plus touché.

Le rossignol et la rose : Un rossignol entend un étudiant se plaindre qu’une fille dont il est amoureux ne dansera pas avec lui si il ne lui donne pas de rose rouge. Alors, le rossignol part à la recherche d’une rose rouge et une rose blanche lui dit qu’il y a une façon d’en produire une, mais le rossignol devra lui chanter la plus belle mélodie toute une nuit et sacrifier sa vie. C’est un conte magnifique et frustrant, mon préféré d’Oscar Wilde. 4.5/5

Le fantôme de Canterville : Une famille américaine décide d’aménager dans un manoir anglais, le Canterville Chase, sans aucun doute hanté, mais il en faut beaucoup plus pour impressionner les Otis. Un conte tordant et original dans l’inversement des rôles. 4/5

La fusée remarquable : C’est l’histoire d’une fusée (un feu d’artifice) très vaniteuse qui est une des plusieurs qui vont être lancées à un mariage d’un prince et d’une princesse. Je ne sais pas trop quoi penser de cette histoire, j’ai trouvé ça drôle et triste à la fois. La fusée est plus pathétique que d’autre chose... 3.5/5

L’ami dévoué : L’histoire d’un jardinier qui est toujours prêt à rendre servir à son riche ami. Un conte cruel sur les fausses amitiés, j’ai aimé. 3.5/5

Le crime de Lord Arthur Savile : Lady Windermere organise une réception et demande à son chiromancien personnel de lire la bonne aventure de ses invités, dont celle de Lord Arthur Savile et lui prédit un crime. C’est assez intriguant, l’histoire a quelques rebondissements, mais aussi beaucoup de longueurs. Aussi, je ne comprends pas les motifs du personnage principal, son étrange sens du devoir, ce n’est pas cohérent à mon avis, je ne comprends pas pourquoi il veut absolument faire ce crime. 3/5

Le prince heureux : Une hirondelle se fait amie avec la statue d’un prince heureux qui est triste. Plusieurs bons éléments, une fin touchante, mais l’histoire m’a moins frappé que d’autres. 2/5

Le millionnaire modèle : Un jeune homme pauvre, mais gentil, va faire une bonne action qui va changer sa vie. Je trouve cette histoire déjà vu et prévisible à l’extrême. 1/5

Le géant égoïste: Un géant n’aime pas que les enfants jouent dans son jardin... Je n’ai vraiment pas compris le sens de cette histoire, j’ai trouvé que c’était un peu n’importe quoi. 0.5/5

Nance - - - ans - 20 janvier 2010


Sur le fantôme de Canterville 8 étoiles

Il se lit en une heure, mais il est drôlement mignon ! Une histoire de fantômes, certes, mais pleine d’humour, de fantaisie, d’originalités diverses. Elle convient aussi bien pour les adultes que pour les enfants, voire pour les deux en même temps !

Le café de... - Perpignan - Bordeaux - 40 ans - 14 août 2009


Les contes pour enfants d'Oscar Wilde 3 étoiles

( Cette critique éclair ne concerne QUE l'ensemble des contes pour enfants, pour savoir ce que je pense du "Fantôme de Canterville" voir ma critique éclair dans la rubrique correspondante... )

"Le Prince heureux et autres contes" ont été publiés pour la première fois en 1888. Oscar Wilde est alors père de famille, il a deux jeune fils : Cyril, trois ans, et Vyvyan, a peine un peu plus d'un an. Un papa qui veut s'essayer aux contes ? C'est comme cela que j'ai abordé ses histoires.

On y retrouve en effet ses thèmes les plus chers ( dénonciation de l'hypocrisie, de la cruauté, de la bêtise ) mais a destination d'un autre public : les enfants.

Ben déjà c'est raté... Je trouve le style trop lourd, trop riche, trop complexe pour être accessible à des bambins. C'est du moins pas le genre d'histoire que je lirais à mes gosses avant de les envoyer au lit !

C'est poétique, oui, mais au sens foisonnant, luxueux, recherche, bref : pompeux.
A noter que j'ai lu TOUS ses contes pour enfants, pas uniquement ceux de cette édition. Croyez-moi : les histoires en question sont courtes, mais le style est tellement ciselé que la lecture en semble pourtant interminable.
Le langage est trop fleuri, les descriptions s'étalent au point d'être soulantes... C'est dommage parce que, à la base, les idées sont assez belles et tendres.

En fait, de tous ses contes, j'aime juste "L'Ami dévoué" -quelle verve espiègle ! un régal- et "La fusée remarquable", au style beaucoup plus dépouillé. Deux contes sur les neufs qu'il a écrit au total... Autant dire qu'Oscar Wilde n'est pas doué en la matière.

"Le fantôme de Canterville" est un délice ( encore une fois je renvoie à ma critique éclair dans la rubrique correspondante ), mais ses contes pour enfants sont franchement gavants.

Oburoni - Waltham Cross - 41 ans - 5 avril 2009


Le fantôme de Canterville, le Crime de Lord Arthur Savile, Le millionnaire modèle 7 étoiles

Les nouvelles diffèrent un peu de celles décrites par Féline alors je souhaitais préciser.
J'ai trouvé cet ouvrage assez inégal, je vais donc détailler un peu :

Le fantôme de Cantervillle : une nouvelle sympathique, mais que je suppose destinée à un public jeune. En effet l'histoire, bien que plaisante, est répétitive, et les "gags" lassent assez vite. Mettre en scène les craintes des spectre était une idée intéressante, mais il aurait été appréciable de le traiter avec plus de finesse. Je trouve toutefois que la fin relève largement le niveau de l'ensemble et sauve la nouvelle de l'ennui. 3/5

Le crime de Lord Arthur Savile : la grande réussite du recueil. Où comment un homme englué dans ses superstitions va être amené à commettre l'irréparable, afin de préserver un avenir qu'il croyait être heureux. Le style est acide et juste, et démontre la stupidité de la croyance en la prédestination. 4.5/5

Le millionnaire modèle : une nouvelle très courte, dont le principal défaut est justement son manque d'étoffe. C'est agréable à lire, mais ça e restera pas gravé dans les mémoires. Je reproche toutefois un mauvais choix de titre qui laisse trop facilement deviner la chute. 3.5/5.

Opalescente - - 42 ans - 13 novembre 2008


The Canterville Ghost… and other short fictions. 7 étoiles

Version bilingue (Folio bilingue) avec traduction de bonne facture. La VO installe une ambiance de circonstance alors que la traduction met en valeur les subtilités liées à la culture très “british”. Petite différence avec l’édition Librio présentée ci-dessus: les deux nouvelles qui suivent sont “Le Sphinx sans secret” (“The sphinx without a secret”, sous-titré “An etching” (Eau-forte)) et “Le millionnaire modèle” (“The Model millionaire”, sous-titré “A note of admiration” (En témoignage d’admiration)), deux nouvelles brèves et plaisantes mais qui nous laissent un peu sur notre faim.
“The Canterville Ghost”, sous-titré “A hylo-Idealistic Romance” (roman hylo-idéaliste, l’hylo-idéalisme est une doctrine philosophique soutenant que la réalité réside dans l’objet de la croyance en tant que tel (N.D.T.)). La patte Wilde, humour doucement amer mais classieux. Une nouvelle qui dépeint à merveille le choc de deux cultures, américaine et anglaise, et un savoureux portrait social. Le matérialisme libéralo-républicain et la tradition mystico-légendaire. Wilde s’y amuse comme dans une partie de ping-pong où l’humour et la dérision tiennent lieu de balle mais où, finalement, personne ne sort vainqueur… ou plutôt, les deux y gagnent.
Une réserve toutefois: contrairement à “Lord Arthur Savile’s crime” (pour rester dans la série des nouvelles de 1887) qui variait les situations, “The Canterville Ghost” finit par répéter les vaines tentatives du fantôme Sir Simon pour effrayer la famille Otis. Une série de situations un peu téléphonées qui m’a fait passer à deux doigts de la lassitude. Enfin, je chipote un peu.

Lincoln - - 65 ans - 4 janvier 2007


Humour et poésie 8 étoiles

« Beaucoup de femmes américaines quittant leur pays natal adoptent une apparence de malade chronique, avec l’impression qu’il s’agit d’une forme de raffinement européen, mais Mme Otis n’est jamais tombée dans cette erreur. Elle avait une constitution magnifique, et une quantité vraiment formidable d’esprits des animaux. En fait, à de nombreux égards, elle était parfaitement anglaise, et était un excellent exemple du fait que nous avons vraiment tout en commun avec l’Amérique de nos jours, excepté, bien sûr, la langue. » C’est sur ce ton fin et ironique que Wilde raconte la confrontation entre le vieux fantôme de Canterville fidèle à la tradition des manoirs anglais hantés et une famille américaine déjantée emprunte du matérialisme le plus terre à terre. On retrouve la logique paradoxale de Wilde qui s’amuse à inverser les rôles et bousculer l’ordonnancement des choses, mais également son goût pour le surnaturel et le fantastique ainsi que le mélange des genres littéraires. J'ai cependant trouvé cette nouvelle de qualité légèrement inférieure à d'autres de ses écrits, peut-être à cause de la dimension qui tient trop de la farce à certains moments.

Peu après la naissance de ses deux fils, Wilde a également écrit une série de contes pour enfants, dont « Le Prince heureux » et « Le Géant égoïste » qui sont des bijoux de poésie, de profondeur et d’émotion, et qui mériteraient à eux seuls cinq étoiles.

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 8 décembre 2006


Wilde en mots et en images 9 étoiles

Le Fantôme de Canterville est un condensé d'humour et de finesse. Eclats de rire, regards amusés, un moment de bonne humeur dès les premières pages. Une seconde lecture s'avère enrichissante, l'effet humoristique s'étant apaisé. On y relève ce brio de Wilde pour la caricature humaine, que ce soit via la famille Otis (absolument incroyable!) ou ce pauvre fantôme qui représente avant toute chose un esprit humain.
Beaucoup d'imagination de la part de l'un et de l'autre et, derrière ce rideau de facéties, un regard intelligent sur la peur et la maîtrise de soi. La fin, qui, en soi, devrait être triste, nous fait sourire d'affection et de tendresse pour ce spectre excellent dans le rôle de l'arroseur arrosé.

Je profite de l'occasion pour signaler l'adaptation de ce récit d'Oscar Wilde en bande dessinée, chez Delcourt, sous le titre "Le Fantôme des Canterville. D'après l'oeuvre d'Oscar Wilde" par Christophe Hanze et Jean-Luc Cornette (ISBN 2840553244, prix 8 euros). Une adaptation plutôt réussie!

Sahkti - Genève - 50 ans - 28 juillet 2004