La nouvelle puissance américaine
de Henry Kissinger

critiqué par Colen8, le 16 mai 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Triomphalisme et naïveté
L’ancien chef de la diplomatie américaine sous les présidents Nixon et Ford adepte de la politique des « petits pas » pendant la guerre froide, donne sa vision du monde à l’entrée du nouveau siècle en 2000, avec un rappel des doctrines prévalant depuis les anciens présidents Jackson, Hamilton et Wilson. C’est l’heure où le super grand soviétique a sombré laissant le champ libre à une hégémonie américaine par la force des choses, celle où l’oncle Sam se fait fort d’entraîner les nations vers ce que les américains perçoivent comme une voie universelle vers la paix, la justice, le progrès économique : la démocratie!
Il y a bien quelques obstacles ici ou là que la puissance dominante se targue de résoudre : la crise des Balkans, la première guerre d’Irak en réponse à l’invasion inconsidérée du Koweït par Saddam Hussein, le terrorisme déjà présent en Iran, en Somalie, au Yémen, en Tchétchénie et ailleurs, l’interminable conflit israélo-palestinien toujours aussi insoluble, les désillusions de l’ingérence humanitaire sous couvert de droits de l’homme contraire à l’esprit westphalien du XVIIe siècle garantissant l’indépendance des Etats, sans compter les crises financières de l’Asie.
La voie irénique esquissée de concert avec la fin de l’Histoire théorisée par Francis Fukuyama s’est vite fracassée sur un enchaînement de catastrophes, à commencer par les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone ; ils ont durablement tétanisé le peuple américain qui n’avait subi d’autre attaque sur son sol que celle du Japon à Pearl Harbour en 1941. Les représailles à ce qui a été considéré comme un acte de guerre ont justifié l’anéantissement de l’Irak avec les conséquences que l’on connait depuis lors.