Avant la nuit
de Pete Fromm

critiqué par Tistou, le 27 avril 2020
( - 68 ans)


La note:  étoiles
10 nouvelles
10 nouvelles de qualités égales et qui présentent une belle cohérence. Un fil rouge, curieusement pas mis en exergue dans la quatrième de couverture, c’est la pêche. La pêche en eau douce mais pas n’importe quelle pêche, celle qui est manifestement considérée comme la reine des pêches, au moins par Pete Fromm (mais manifestement pas que) : la pêche à la mouche (bonjour Jim Harrison !).
Mais ce serait une grosse erreur de considérer que ce n’est que la pêche le thème majeur de l’ouvrage. La pêche n’est qu’un vecteur pour raconter des histoires humaines, des relations père/fils, mari/femme, ami/ami … et pour nous raconter les paysages du nord-ouest américain, entre Montana et Wyoming.
Quiconque ne connait des auteurs américains que ceux qui évoluent, ou font évoluer leurs histoires, qu’en mode urbain (métropoles de l’Est ou de la côte Ouest) devrait lire cet ouvrage pour bien comprendre qu’il y a, au moins, deux Amériques : celles des villes mais aussi celles de la nature profondément sauvage et envoutante. C’est dans dernier monde que nous fait évoluer Pete Fromm, un monde qu’il fréquente au quotidien puisqu’il vit dans le Montana, plus précisément à Missoula, une ville qui regroupe de nombreux auteurs dans ce qu’on a coutume de nommer « l’école du Montana », qui pratiquent le « Nature writing ». (Missoula ne paie pourtant pas de mine avec ses 60 000 habitants. Mais placée au cœur de ce fabuleux Etat qu’est le Montana comme elle l’est …)
Les dix nouvelles sont toutes d’une grande sensibilité et l’auteur français qui s’en rapprocherait le plus, dans le souci du détail de ces relations interpersonnelles est à mon sens Hubert Mingarelli, même si celui-ci fait peu intervenir de personnes du sexe féminin et ne magnifie pas la Nature comme le fait Pete Fromm. Je veux parler de l’esprit dans lequel ces auteurs écrivent …
C’est bien simple, sur les dix nouvelles je n’en ai aucune à mettre en retrait. Toutes d’une égale finesse et d’un égal intérêt. En plus on en apprend beaucoup sur la pêche à la mouche (ça me tenterait bien moi qui pêche la truite par ici « au toc »). Heureux habitants du Montana et du Wyoming qui disposent à volonté de rivières, torrents et lacs à salmonidés ! Et puis 900 000 habitants sur 380 000 km², ça n’est pas une grosse pression démographique ; ils ont encore l’espace pour vivre les poissons !

»Le soleil a fini par franchir les collines, et il nous a saisis au milieu de cette longue ligne droite. C’est le premier endroit de la rivière à recevoir la lumière du soleil et le fait que nous nous trouvions en plein dans sa trajectoire n’était qu’une coïncidence. En quelques secondes, les derniers nuages de brume se sont évanouis, et devant ce spectacle je me suis dit que nous étions en cet instant dans le plus bel endroit au monde et puis Mary m’a dit qu’elle m’aimait. »