Les aventures de Huckleberry Finn
de Mark Twain

critiqué par ALF, le 26 juillet 2004
(Ondres (40) - 44 ans)


La note:  étoiles
Racisme et recherche personnelle selon Twain.
Voici sans doute l’œuvre majeure de Mark Twain, l’un des écrivains les plus prolifiques de la littérature nord-américaine, connu entre autre pour son attachement à une certaine tradition culturelle locale, et pourtant si moderne dans son approche d’une société soumise à une évolution plus que constante. Bien au-delà d’une simple histoire pour enfants, l’auteur nous offre un portrait fidèle d’un pays en plein bouleversement, et surtout d’un peuple tiraillé entre une évolution urbaine inéluctable et une soif de liberté si ancrée dans les mœurs de l’époque. Personnage secondaire du légendaire «Les Aventures De Tom Sawyer», Huck revient dans une épopée clairement plus sombre et engagée ; malgré ses efforts quotidiens pour s’adapter à la vie dite civilisée, il se voit rapidement rattrapé par ses origines et son père alcoolique qui n’a de cesse de vouloir le ramener dans un univers figé et sans promesse d’avenir. Après de nombreuses errances, Huck finira par découvrir qui il est véritablement aux côtés d’un esclave noir en fuite et par le biais d’une cavalcade le long du fleuve Mississippi. On remarquera également le récit volontairement truffé de fautes d’orthographes, rendant ainsi plus vivant l’histoire d’un enfant à moitié sauvage, propulsé bien malgré lui dans des aventures qui trop souvent le dépassent, mais qui grâce à son courage et à sa dignité parviendra à changer sa vision du monde des Hommes. Certains verront dans ce roman de nombreuses allusions à Thoreau et sa quête de découverte intérieure, bien qu’il soit difficile ici de retrouver une quelconque trace de transcendantalisme à proprement parler. Plus globalement, ce sont les différences opposant le poids économique et politique grandissant du nord à l’immobilisme et l’aveuglement moral et social du sud qui court à sa perte en s’entêtant à vivre dans un âge d’or révolu. Voilà donc un livre sensiblement plus profond qu’il n’y paraît à première vue, que l’on rapprochera plus de «La Case De L’Oncle Tom» de Stowe ou même du tristement célèbre «To Kill A Mocking Bird» de Harper Lee.
Dans la nature sauvage 7 étoiles

Quasi-ancêtre du sauvageon, Huckleberry dissimule de grandes qualités sous un aspect parfois cradingue, ainsi qu'une cabane pas toujours ordonnée: En effet, premièrement celui-ci se lève chaque matin très tôt afin d'aller pêcher pour son repas, il doit nettoyer les inondations de son habitat (comme il vit près d'un fleuve) et surtout, au contraire d'ailleurs d'un Tom Sawyer, plus rêveur quant à lui - qui pour sa part passe la plus grande partie de son temps à imaginer des moyens pour comment séduire Becky, la fille du juge... - il a davantage d'argent dans sa tirelire. Car oui; Finn est limite besogneux, c'est ce qui le définit au plus haut point. De toute façon il est même arrivé à Huckleberry de travailler à la ville dans une épicerie pendant un moment.

Bien sûr, ce garçon ne manque pas de défauts, il peut-être commère, un peu fouineur, partisan, et au delà de tout je dirais pleurnichard et légèrement nombriliste; mais étant seul et peu aidé, il ne faut pas s'étonner qu'il ne change guère vis à vis de ces bourgeois et citadins qui le mésestiment profondément ! Enfin, il n'est pas sans expérience des grands dangers de la vie, et ne possédant pas de vraie maison pour s'abriter ou de complices éventuels pour le soutenir, il lui arrive même de combattre et de partir en chasse contre de vrais ennemis comme Joe l'Indien, quand il ne lui arrive pas de fuir carrément en compagnie de Jim; cet esclave noir et compagnon de souffrance. J'avoue que j'ai toujours beaucoup apprécié ce roman, on y lit l'appel de la nature et le don de la débrouillardise avec une certaine philosophie, étrangement assez retors ainsi que très moderne pour l'époque.

Antihuman - Paris - 41 ans - 16 octobre 2012


Un petit peu déçu 6 étoiles

Une petite déception. Certes malgré l’ancienneté de ces aventures d’ Hucklebbry Finn, force est de constater que l’écrit n’a pas pris de rides. Cependant je ne saurais comment l’exprimer mais j’ai vraiment plus apprécié les aventures de Tom Sawyer, peut être par ce côté plus naïf, plus « enfantin », d’autant plus que cette longue traversée en radeau m’a paru plutôt monotone malgré les quelques péripéties rencontrées par notre héros et Jim le Neg marron.
Ce roman vaut surtout pour la retranscription d’une Amérique révolue, la vision d’un esclavage tout ce qui avait de plus naturel en cette époque.
Pour résumé je recherchais une lecture récréative et je me suis un peu ennuyé, dommage.

Sundernono - Nice - 41 ans - 4 octobre 2012


Parfait 10 étoiles

Comme Tom Sawyer, une pure merveille à lire et relire. Monsieur Twain est tout simplement fantastique. Belle écriture et magnifiques histoires. Auteur à découvrir ou redécouvrir!!!!!

Lalie2548 - - 39 ans - 29 avril 2010


le lire en anglais 8 étoiles

Je n'ai pas de chiffres exacts, mais ce roman a du traverser quelque chose comme quatre traductions différentes. Donc, les lecteurs francophones ont pu bénéficier d'une version "à peu près exacte" à partir des années cinquante seulement. Les traductions précédentes avaient, semble-t-il, tendace à distortionner le message original pour, disons, rendre Jim l'esclave plus bête et le jeune Huck plus intelligent. De toutes petites pointes racistes qui en bout de compte changent la valeur du chef-d'oeuvre.

Mais ne serait-ce que pour la beauté mélodique du langage des personnages, lire "Huckleberry Finn" dans la langue originale vaut l'effort de lecture.

Grass - montréal - 47 ans - 30 septembre 2004


Portrait américain 8 étoiles

Excellente analyse et donc très bonne critique de ce roman de Twain souvent un peu trop vite catalogué "oeuvres pour la jeunesse". Cela me fait penser à la majorité de lecteurs qui lisent de façon superficielle "Peter Pan" ou "le seigneur des anneaux" ou d'autres d'ailleurs, sans jamais en décoder la réelle signification. Twain a également écrit d'autres romans pour la jeunesse (voir l'édition Bouquins chez Robert Laffon). Etant libraire, je me suis spécialisée dans la littérature américaine et Mark Twain figure toujours en bonne place dans mes recommandations.

Colomba - Bonifacio - 56 ans - 28 septembre 2004