Beveridge Manor
de Emmanuelle Nuncq

critiqué par B1p, le 11 avril 2020
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Jane Austen derrière la porte
Clémence Rosier est restauratrice de tableaux. Alors qu’elle végète un peu dans sa ville de province française, elle remporte un contrat pour aller exercer ses compétences aux Beveridge Manor, dans la campagne anglaise, chez Mrs Flaversham. Le manoir, construit à la Renaissance, est un lieu incontournable pour les tournages en costumes d’époque, et sa galerie aligne le portrait des châtelains qui s’y sont succédés depuis sa construction.

Alors que Clémence et Mrs Flaversham font connaissance et commencent à apprécier leur simplicité respective, la jeune restauratrice est particulièrement impressionnée par un portrait datant de 1804, représentant Arthur Wallingford, le dernier du nom à avoir occupé le manoir. En 1805, le châtelain disparaît complètement des archives, ce qui constitue un des mystères dans l’histoire du château. 1805, c’est une époque où Jane Austen, dont Clémence est une grande fan, ne publie pas encore, du moins pas sous son vrai nom. Mais à coup sûr, Arthur Wallingford a certainement dû baigner dans la société qu’a si formidablement décrite la romancière.

Clémence commence donc son office, dans son atelier improvisé dans la galerie du château, tout en rêvant à tous ces mystères du passé définitivement enfouis dans le silence. Enfin. Et si tout trouvait son explication historique derrière la porte ?

« Beveridge Manor » est écrit par une fan de Jane Austen, une dingue de reconstitution historique et une passionnée de paradoxes temporels. Cela se voit. Cela se lit. Et étant moi-même fan d’Histoire, j’ai été réjoui par le chemin qu’Emmanuelle Nuncq nous fait emprunter. Avec son écriture directe, la romancière rajeunît l’histoire et la tord habilement à ses fins pour en faire un récit joueur, malicieux, où on n’est pas au bout de ses surprises. Sentimental, aussi, mais il n’est point nécessaire d’être un fan de Jane Austen (que je ne suis pas), pour apprécier. L’ombre de Colin Firth et de Pride and Prejudice plane peut-être sur l’histoire, mais il n’est pas nécessaire de connaître le roman ni ses adaptations cinématographiques pour apprécier. Pensez éventuellement à chercher sur YouTube la fameuse danse qui donne son nom au roman pour apprécier tout la malice d’Emmanuelle.

(Emmanuelle Nuncq est une romancière française basée à Bruxelles)