Le Banquet , suivi de Phèdre
de Platon

critiqué par Veneziano, le 11 avril 2020
(Paris - 47 ans)

La note: étoiles

De l'amour et de son apprentissage

Dans Le Banquet, le festin invitant à la discussion est consacré à un grand poète, Agathon, qui inspire le thème principal de la conversation, l'amour. Socrate, une fois n'est pas coutume, règle en maître de ce long dialogue. En appliquant la bonne méthode philosophique, les invités, tous masculins au passage, s'accordent sur la définition du terme, qui, en l'espèce, se décline, selon qu'il touche à une réalité purement physique ou plus personnelle, à l'image de la distinction des divinités qui y son consacrées, les deux Aphrodites, le double Eros. Il en vient à la conclusion qu'il vaut mieux préférer l'amant profond à celui qui n'aime pas.

Cette oeuvre présente le grand avantage de faire réfléchir, de prendre du recul sur cette notion, la relation autrui, l'importance de l'apparence, l'attachement à la personnalité, les raisons de la constitution d'une liaison. Après, l'intervention des divinités perturbe quelque peu, au moins un temps, la réflexion, mais il faut les prendre comme des allégories, pour que la description de leur action devienne utile. C'est intéressant.

Ce volume présente à la suite Phèdre, où il est question du même thème général, d'où ce groupement dans un même tome, Socrate y conservant, comme il se doit, la vedette. Dans ce nouveau dialogue, il enseigne ce qu'est l'amour au jeune Phèdre, influencé sur ce point par un long poème de Lysias, qu'il divulgue au philosophe. Ce dernier en apprécie l'habileté de la langue mais reste gêné par l'imprécision du raisonnement. En effet, l'amour reste une conception de l'âme, ici voisine de l'esprit, qui la crée par la perception qu'elle se fait d'une personne, par un juste équilibre entre beauté, sagesse et affection. La discussion porte sur ce dosage, perdure et approfondie la discussion chorale du Banquet, et en paraît presque plus claire.
Cette double lecture éclaire et complète l'étude de cette notion et de celles accessoires.