Protagoras n'est pas l'oeuvre de Platon que je conseillerais à un débutant en philosophie : il vaut mieux commencer par l'Apologie et le Phédon.
Mais cette oeuvre présente l'avantage de montrer un cadre original - les joutes philosophiques qui se déroulaient dans les écoles d'Athènes.
Face à face, Socrate et Protagoras s'interrogent sur l'unicité ou la multiplicité des vertus.
Socrate est un maïeuticien (l'homme qui fait accoucher son interlocuteur de son idée). Il pose des questions, trouble son adversaire par son entêtement à décortiquer chaque détail de sa démonstration.
Protagoras est un sophiste. Cela ne signifie pas qu'il soit malhonnête mais qu'il fait payer ses enseignements et surtout qu'il a l'air de considérer l'éthique comme le but premier de la philosophie et non la vérité. A l'égard de cette vérité, les sophistes ont ce défaut d'adopter une attitude parfois relativiste : on ne sait pas ce qui est vrai puisque toutes les opinions peuvent se défendre (crime suprême pour un platonicien !)
Curieusement, Socrate n'est pas exempt de reproche dans ce dialogue où il interrompt immodérément son interlocuteur sur un détail de la démonstration (unicité ou multiplicité des vertus) qui n'avait pas forcément de rapport évident avec le fond du raisonnement de Protagoras (qui démontrait la nécessité d'enseigner la vertu), ou lorsqu'il détourne ironiquement l'attention sur un vieux poème de Simonide sans grand intérêt.
Tout cela rend parfois agaçantes les interruptions incessantes dont il grève les démonstrations de Protagoras. Quitte à humilier cet homme, autant que ce soit pour déboucher sur une conclusion claire, mais bon. Ce qui est clair pour Socrate ne l'est pas toujours pour moi.
Martin1 - Chavagnes-en-Paillers (Vendée) - - ans - 9 avril 2020 |