La nuit porte jarretelles
de Béatrice Libert

critiqué par Débézed, le 8 avril 2020
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
De la poésie dans les aphorismes
Je n’ai pas pour habitude de comparer les textes les uns par rapport aux autres, mais, pour une fois, je me hasarderais à dire que ce recueil de Béatrice Libert est certainement celui qui est le plus poétique parmi tous eux que j’ai lus dans cette prolifique collection. Certains aphorismes sont de vrais morceaux de poésie :

« La clef du poème ne loge pas dans la serrure de l’idée »
« Sur le toit de l’enfance, l’aube d’un poème. »

A travers d’autres aphorismes, l’auteure évoque sa passion pour la poésie comme si elle était au centre de sa vie, à la pointe de ses préoccupations, dans les tiroirs du haut de sa pharmacopée :

« N’essaie pas de forcer l’ennui : c’est le sentier qui mène à la poésie. »
« Le poème du Rien passe par le chas du grand Tout qui cadenasse nos vies. »

Dans sa préface, Jean-Pierre Verheggen écrit : « Béatrice Libert est d’abord ici – d’abord et avant tout ! – une étonnante détourneuse » de fond et de forme ajouterai-je !

« Ce que les écrivains on dit :
« On ne fait pas d’hommes de lettres sans caser des bœufs. » »

Avant de conclure son recueil, Béatrice Libert adresse, un fort bel hommage à la mémoire du poète liégeois Jacques Izoard à qui elle dédie deux pages complètes dont cette définition choisie parmi les autres dédicaces :

« Izoardent : qui éprouve un élan vital à la lecture des poèmes de l’auteur. Ant. : izoardeux. / De plus en plus de Liégeois sont izoardents. »

J’ai choisi l’angle de la poésie mais il y aussi dans ce recueil beaucoup d’adresse et de finesse, de pertinence et d’impertinence car l’une sans l’autre n’est que soupe sans sel ou baiser sans moustache !
Et pour terminer, n’oublions jamais que « Quand le poème est tiré, il faut boire les vers. »