Animal lecteur, Tome 5: C'était mieux avant
de Sergio Salma (Scénario), Libon (Dessin)

critiqué par Septularisen, le 31 mars 2020
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
«La BD dont vous êtes le héros!»
On ne change pas une équipe qui gagne! C’est bien connu… Ce tome V d’«Animal lecteur» commence donc, comme tous les autres, par une critique fine et imparable de nos caprices à nous! Et oui! Nous les lecteurs, qui sommes aussi (pourquoi s’en cacher?) des consommateurs, plus ou moins informés, plus ou moins fans, avec nos habitudes, nos travers, nos exigences, et nos moments nostalgiques à la «Madeleine de Proust»…

Mais que l’on ne s’y trompe pas! Le côté «business » de la BD, du travail de libraire, du monde de l'édition, (impression, distribution, diffusion, promotion…), etc. sont également abordés de façon impertinente et avec un regard acéré!

Mention spéciale à la grosse fête des auteurs, j’ai nommé: le Festival d'Angoulême! Surtout lorsque les auteurs abordent Angoulême (Pg. 32-39), par le «petit bout de la lorgnette», n’hésitant pas à nous faire partager leur vision au vitriol avec un brin de fiel dedans… On découvrira ainsi p. ex. : le lecteur (curieux, badaud, ou passionné…), qui ne sait plus où donner de la tête, tellement l’offre est pléthorique ; les médias qui ne parlent de BD qu’une fois l’an ; les expositions ; les débats…

Mais aussi de façon «in » et « off » ce que pensent du festival les auteurs (invités ou pas…) ; les organisateurs ; les hôteliers ; les restaurateurs ; les journalistes ; les politiques ; les enfants : les angoumoisins (habitants d’Angoulême), et bien sûr les libraires qui tiennent les stands et pour qui, en attendant, les affaires continuent!..

Le temps d’un opus, le belge Sergio SALMA (*1960) et le français LIBON (*1972, de son vrai nom Ivan TERLECKI) laissent tomber les gags en un strip vertical, pour les planches classiques et nous donner quelques histoires courtes plus développées (parfois seulement une page), de toute beauté, et bien sûr toujours aussi hilarantes!
Et puis, cela nous permet au moins de découvrir (Pg. 23), comment est née la vocation de libraire spécialisé dans la BD de notre héros, Bernard Dolcevita. On découvrira p. ex. qu’au départ il était disquaire et que sa boutique s’appelait «Vinyle Boutik»… Mais, aussi le fait que: Si le «Para-BD», peut parfois bien aider les libraires en ces temps troubles, le Marsupilami, même s’il n’est pas présent physiquement, est toujours égal à lui-même, et peut causer, bien involontairement, beaucoup de dégâts! (Pg.28).

À conseiller à tous ceux qui veulent découvrir - dans une vision réaliste, parfois nostalgique, mais toujours didactique -, la face cachée des métiers de la BD,... Et à tous ceux qui aiment rire en le faisant!

P. S. Contrairement aux autres albums de cette série, celui-ci se présente sous un format A4 classique. Les gags se lisent sur des cases qui se suivent à l'horizontale et se lisent de gauche à droite, et certains gags se présentent sur plusieurs pages, qui ici sont au nombre de 56. Il n’y a donc pas lieu de parler du découpage pour cette BD.
C’est une BD caricaturale, de type «gros nez», et les personnages sont représentés avec des yeux tout ronds, blancs et plus grands que la normale. Les personnages apparaissent souvent en «plan taille», avec la tête inclinée et en train de faire un mouvement, tout ceci pour renforcer leur expressivité. La plupart des gags se déroulent dans la librairie «BD Boutik», il n’y a donc pas véritablement de décor. L’accent est mis sur le gag en lui-même et sur sa chute. Certains sont même uniquement «visuels » et ne comportent pas de dialogue.