La maison du soleil levant
de James Lee Burke

critiqué par Tistou, le 16 mars 2020
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Entre Mexique et Texas au début du XXème siècle
La production de James Lee Burke s’est principalement effectuée autour de deux types de héros récurrents : Dave Robicheaux, en Louisiane, à notre époque, pour … allez, 75% de sa production et Hackberry Holland (et sa famille), dans le Montana, toujours de nos jours, pour 20%. Le reste étant des nouvelles pour l’essentiel.
Il a eu envie manifestement de changer, sinon de lieu, au moins d’époque : le tournant du XIXème au XXème siècle et l’époque de la Première Guerre Mondiale, du côté du Texas et du Mexique. OK. Mais que croyez-vous que fit James Lee Burke ? Qu’il allait lâcher ses héros récurrents ? Pas vraiment en fait puisqu’il met en scène un Texas Ranger plutôt marginal, dont le nom est … Hackberry Holland ! Ni plus ni moins qu’un ancêtre (grand-père ?) du Hackberry Holland récurrent !!
Serait-ce que James Lee Burke a besoin de se rattacher à des choses, des thèmes, déjà développés ?
Ce qu’on retrouve aussi dans La maison du soleil levant c’est la violence, la sauvagerie, beaucoup plus inhérentes à la culture américaine qu’à l’européenne. En fait nous sommes ici dans un western (Fort Alamo pas loin géographiquement) qui marque la fin de l’épopée « western ».
Hackberry Holland est un Texas Ranger dont le fils, Ismaël, vient de combattre et d’être durement blessé, physiquement et psychologiquement, dans les tranchées de la Marne face aux Allemands. Il a réintégré le territoire américain mais les relations humaines et sentimentales de notre Hackberry Holland n’étant pas son fort, celui-ci n’a pu encore retrouver Ismaël, qu’il n’a d’ailleurs pas élevé (cf relations humaines et sentimentales, plus haut !).
Des personnages étonnants vont peupler ce roman, outre Hackberry Holland et Ismaël des femmes ; nuisibles comme Maggie Bassett, sa femme officielle, perverse et manipulatrice qui a ruiné sa vie sentimentale et l’a éloigné de son fils Ismaël, fils qu’il avait eu avec Ruby Dansen, personnage plus solaire, activiste syndicale et qui n’a pratiquement jamais vécu avec Hackberry Holland. Béatrice DeMolay également, tenancière de bordel au Mexique qui va jouer un rôle plus tourné vers la rédemption.
Au milieu de tout cela grenouille un sinistre personnage autrichien, Arnold Beckman, une espèce « d’ange de la mort », trafiquant d’armes et d’opium riche et qui sait cultiver les appuis et à qui Hackberry Holland a dérobé quelque chose lors d’une altercation au Mexique, et qui va se servir d’Ismaël pour récupérer ce qu’il considère comme son bien.
Entre gaucherie, maladresse d’Hackberry Holland, cynisme et absence de scrupules d’Arnold Beckman, faites vos jeux ! On retrouve bien des traits de Dave Robicheaux dans ce grand-père Hackberry Holland ; généreux, idéaliste, excessif et maladroit dans ses relations avec les gens, mais déterminé et ne se posant pas trop de questions. Ca fait bien penser à l’Amérique !
C’est indéniablement un roman de James Lee Burke. Mais atypique.