Bâtir le foyer blanc
de Arthur Kemp

critiqué par Mannimarco, le 14 mars 2020
(Daejeon - 23 ans)


La note:  étoiles
Fantasme ou réalité ?
Dans ce petit ouvrage, Arthur Kemp aborde la question du « grand remplacement » (selon l’expression de Renaud Camus), phénomène que l’on peut définir comme « la submersion progressive des populations de souche européenne installées en Europe depuis des millénaires, voire des dizaines de millénaires » (Philippe Baillet, dans sa préface, p. 7) par une immigration d’origine extra-européenne, ou immigration de peuplement.

En France, le grand remplacement est considéré comme un « fantasme d’extrême-droite » par la plupart des personnalités intervenant dans les principaux médias du pays. Mais pour Arthur Kemp, ce processus est bien réel et touche aussi bien les états d’Europe occidentale que d’Amérique du Nord, en passant par l’Australie et la Nouvelle-Zélande (en gros l’ensemble des pays à majorité blanche à l’exception des pays d’Europe de l’Est).

L’objectif de son ouvrage est de proposer une solution au grand remplacement, qu’il considère comme une forme de génocide.

Mais avant de parler plus en détail du livre en lui-même, une courte présentation de l’auteur s’impose. La préface nous apprend qu’il est né en 1962 en Afrique du Sud, de parents britanniques, qu’il a été journaliste, vit au Royaume-Uni depuis 1996 et a été membre du British National Party (positionné très à droite, à l’instar de l’éditeur) jusqu’en 2011. C’est un ethno-nationaliste.

Si l’ouvrage contient une introduction, huit chapitres et une conclusion, il est possible de le découper en deux grandes parties principales.

Dans la première, qui va de l’introduction au chapitre 4 inclus, l’auteur veut montrer que le phénomène de grand remplacement est bien en cours dans presque tout le monde occidental, qu’il s’agit d’un problème sans précédent, extrêmement grave et mortel pour notre civilisation, et que la solution qu’il propose, à savoir la construction d’un « foyer blanc », ou « foyer ethnique européen » est fondée sur les plans moral, juridique et historique.

A ce stade là, plusieurs défauts du livre se manifestent clairement. Le plus évident est le manque de citation des sources mobilisées par l’auteur. En effet, l’ouvrage est dépourvu de toute bibliographie et certains chiffres avancés pour prouver la réalité du grand remplacement sont difficiles à vérifier, les études dont ils sont issus n’étant pas toujours clairement nommées. Un autre défaut : la taille de l’ouvrage, très réduite, qui fait que certains sujets sont très brièvement abordés alors qu’ils auraient bien mérité un chapitre entier. Je pense notamment à la question des lois en matière d’immigration dans les pays extra-européens.

Revenons un instant aux statistiques fournies par l’auteur, en prenant quelques exemples. En ce qui concerne les Etats-Unis et le Royaume-Uni, les pourcentages proviennent de différents recensements, les statistiques ethniques étant autorisées dans ces pays contrairement à la France. Après vérification, et si certaines estimations ont été revues depuis (l’ouvrage date de 2013), l’on ne peut que donner raison à Arthur Kemp lorsqu’il annonce que le nombre de Blancs américains et britanniques diminue et qu’ils deviendront minoritaires dans seulement quelques décennies (vers 2050 pour les USA et dans les années 2060 au Royaume-Uni) si les tendances actuelles demeurent inchangées.

C’est ce qui justifie pour l’auteur la création de « foyers blancs », pour sauvegarder les peuples occidentaux, leur identité, leurs cultures, leur civilisation, rôle que ne jouerait plus le continent européen depuis les années 1950, alors que d’autres populations du monde disposeraient encore de ce genre de "sanctuaires" (il prend notamment l’exemple des Chinois).
Il voit en cette solution la seule possible, car il estime que plus le temps passe, plus les chances de l’arrivée au pouvoir de gouvernements favorables aux « européanistes » (européens identitaires, fiers de ce qu’ils sont et de leur histoire) se réduisent.
Arthur Kemp n’avait pas prévu l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2017, président aujourd’hui soutenu par de nombreux nationalistes et identitaires américains et européens, même parmi les plus radicaux.

Dans la deuxième partie de l’ouvrage, qui va du cinquième chapitre à la conclusion, l’auteur revient sur l’histoire de ce qu’il considère comme des foyers ethniques, de leur conception sous forme de projet à leur développement sur plusieurs décennies. Les deux exemples abordés sont ceux d’Orania, ville d’Afrique du Sud, et d’Israël, qu’il voit comme un « état ethnique juif ». Il oublie cependant de préciser qu’Israël est aujourd’hui loin d’être composé exclusivement d’individus de confession juive.

Les derniers chapitres sont une occasion pour l’auteur de mettre en lumière, après étude historique de ces exemples, des conditions à respecter et des erreurs à éviter pour bâtir le plus facilement possible des foyers européens.

Cet ouvrage, qui porte sur un sujet très clivant et qui n’intéressera pas tout le monde, manque de rigueur dans la citation et la présentation des sources qu’il utilise pour servir son propos, et est pénalisé par ses trop modestes dimensions, qui fait que certains sujets sont abordés trop succinctement.

Il soulève cependant une question qui me paraît fondamentale : les autochtones européens ont-ils le droit de rester eux-mêmes et de préserver leur civilisation ?

Il me semble important de conclure en précisant qu’aucun appel à la haine ou à la violence contre quelque population que ce soit n’est fait dans ce livre, même si l’auteur ne porte pas vraiment dans son cœur les européens ayant voté et continuant à voter pour des partis favorables à l’immigration extra-européenne.