Impasse Verlaine
de Dalie Farah

critiqué par Jfp, le 1 octobre 2020
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
telle mère telle fille
Les relations étroites entre une mère et sa fille et le comportement, parfois violent, qui se transmet ainsi de génération en génération, ont fait couler beaucoup d’encre. La génétique y a sa part, c’est entendu, mais aussi l’éducation et le désir d’imiter ses parents pour gagner ou conserver leur amour. L’histoire, largement autobiographique, que nous conte Dalie Farah, ne déroge pas à la règle. Dès son plus jeune âge, la narratrice subit les coups et les punitions et vexations diverses et variées que lui inflige sa mère, elle-même victime dans son enfance des mêmes sévices. Le dépaysement pour la France, en provenance de sa Berbérie natale, n’y change rien, on transporte son fardeau avec soi, que l’on soit bergère dans les Aurès ou femme de ménage dans une cité de la banlieue clermontoise. La petite maghrébine, qui va échapper grâce à l’école au destin habituellement réservé aux filles, s’aperçoit, une fois arrivée à son tour à l’âge adulte, qu’elle porte les mêmes stigmates que sa mère, son physique mais aussi cette violence que la culture contient mais qui ne demande qu’à s’exprimer à la première occasion. Un beau portrait de deux femmes qui s’aiment et se détestent en même temps tant elles se ressemblent, une plongée dans l’univers trouble des relations mère-fille, contée dans une langue belle et n’hésitant pas à braver la grammaire pour atteindre à l’essentiel: nous émouvoir. Un premier roman réussi, dont on attend la suite pour gratter un peu plus la carapace de cet univers familial si étrange et pourtant si universel : quid de la fratrie, que l’on sait nombreuse mais dont on ignore tout, ou presque, tant le regard de la narratrice est centré sur sa mère ?