A bord de l'Etoile Matutine
de Riff Reb's

critiqué par Blue Boy, le 23 février 2020
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Hommage poétique aux gueux de l’océan
« À bord de l’Etoile Matutine » était la première brique de la trilogie marine de l’auteur havrais. Certes, pas la plus marquante mais déjà d’une très bonne tenue par rapport à ses deux chefs d’œuvre qui allaient nous transporter par la suite, « Le Loup des mers », l’adaptation de Jack London qui refermerait ladite trilogie, et plus récemment « Le Vagabond des étoiles », également inspiré de l’auteur précité.

Cette fois, il s’agit de courts récits d’un autre écrivain, Pierre Mac Orlan. Français et d’une notoriété moindre que London, Mac Orlan a publié de nombreuses nouvelles et était réputé pour ses descriptions des bas-fonds parisiens. Avec ce recueil, il évoque le quotidien de pirates hauts en couleur, assez éloignés de l’image d’Epinal de l’abominable pillard sans foi ni loi, même si bien sûr on n’est pas chez les enfants de chœur.

Bien évidemment, on est toujours saisi par le dessin très précis et hyper expressif de Riff Reb’s dans ces ombrés faisant ressortir de façon inquiétante les visages taillés au crochet de nos flibustiers des mers. Si ces tranches de vie peuvent parfois susciter l’effroi, elles nous obligent parallèlement à ressentir de l’empathie pour ces mauvais garçons, qui en embarquant sur ces galions volés, ne faisaient que fuir un système qui ne voulait pas d’eux. La réinsertion sociale ne faisait pas partie du vocabulaire des institutions de l’époque…

Bien sûr, pour apprécier pleinement cette œuvre, il vaudrait mieux être fan du format littéraire que sont les nouvelles. Si ce n’est pas le cas (et ça ne l’est pas pour moi qui aime m’immerger dans des récits un peu consistants), on pourra tout de même goûter la qualité de l’écriture, la description d’un folklore lié à une « confrérie » méconnue et souvent diabolisée, comme pouvaient l’être les Indiens durant la conquête de l’Amérique.