Amours singulières
de William Somerset Maugham

critiqué par Bluewitch, le 21 juillet 2004
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Personnalités singulières
Première rencontre avec Maugham, son ironie allègre, son oeil pétillant sur un échantillon de personnages tous plus originaux les uns que les autres. Ce recueil de nouvelles ne manque pas de finesse ni de liberté.

Une vieille fille soi-disant coincée et bigote devenant la coqueluche du Tout-Londres ; un curieux polygame déterminé, après sa sortie de prison, à arrondir son compte d’épouses ; les confidences d’un homme éconduit ; la déroute d’un couple par… un excès de vertu !... et bien d’autres encore.

Florilège d’expériences humaines au travers d’un regard flegmatique mais néanmoins non dénué d’acidité, ces récits, à l’exception d’un seul, sont tous contés à la première personne, par un homme systématiquement écrivain et d’âge mûr comme l’était probablement Maugham à la parution de ce recueil.

S’est-il inspiré de son expérience personnelle ? Quoi qu’il en soit, j’ai beaucoup apprécié cet humour intelligent qui détaille l’autre avec, paradoxalement, indulgence et causticité. Une affection envers ces caractères isolés, en marge ou victimes d’eux-mêmes, voilà ce qui est perceptible de ces nouvelles pas du tout en décalage aujourd’hui.

A conseiller aux amateurs de littérature britannique…
Des nouvelles qui font passer de bons moments 9 étoiles

Découvrant dans ma petite bibliothèque personnelle (elle fait parfois office de caverne d’Ali Baba littéraire !) ce live de Somerset Maugham, « Amours singulières », je me dis que je vais le lire maintenant. Je n’avais jamais rien lu de Somerset Maugham, mais je savais qu’il était réputé être un excellent auteur. Pourquoi pas le découvrir avec ce titre, un peu intriguant, de « Amours singulières » ? Ainsi fut fait.

C’est un petit recueil de 6 nouvelles, dont chacune fait plus ou moins une quarantaine de pages. En lisant ce livre, on comprend mieux le titre. Le thème commun à ces nouvelles est les amours hors normes. En effet, chaque nouvelle raconte une histoire d’amour qui sort de l’ordinaire. Cela est un peu moins vrai pour une des nouvelles, intitulée « La voix d’Israël », qui raconte l’amour d’un jeune homme, non pour une femme mais pour le piano, au mépris des souhaits de sa propre famille. La plus tragique, celle que je préfère peut-être.

Les autres sont :

« Vertu » : le malheur d’une homme qui voit sa femme bien plus jeune que lui s’enticher d’une jeune godelureau. Vaudevillesque.
« La bonne douzaine » : un homme qui a été condamné pour s’être marié onze fois fréquente le même hôtel qu’une vieille fille, nièce d’un vieux couple. Drolatique et tragique.
« Jane » : une femme déjà âgée, excentrique en son genre, épouse un homme de 27 ans plus jeune qu’elle. Spirituel et bouffon.
« La bête humaine » : un homme toujours amoureux d’une femme qui s’est toujours refusée à lui, la rejoint dans une île grecque, pour essayer une fois de plus de la convaincre de l’épouser. La désillusion sera cruelle. La seule histoire qui n’ait aucun élément humoristique.
« La femme de lettres » : une femme écrivain célèbre pour son génie mais qui a peu de succès, rencontre enfin la consécration à cause de son mari qui la quitte pour aller vivre avec la cuisinière. Réjouissant et cocasse.

Vous l’aurez compris, ce sont des nouvelles au ton mi-dramatique, mi-humoristique. C’est très bien raconté, avec un humour léger, finement écrit dans le but d’amuser ou de toucher le lecteur adulte. Le style est simple, clair, facile à suivre, sans pour autant être simpliste. Chacune des nouvelles est intéressante à suivre et fait souvent sourire. On y passe de bons moments. Je découvre en Somerset Maugham un excellent écrivain, au propos dense, solide, et capable d’humour. Ce recueil me confirme dans le préjugé favorable que j’avais de lui et je me verrai bien lire d’autres livres de sa main.

Cédelor - Paris - 52 ans - 15 mars 2020