De la littérature
de Umberto Eco

critiqué par Sahkti, le 21 juillet 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Miestrone d'excellente qualité
Dix-huit essais teintés de gourmandise littéraire et d'érudition, un véritable plaisir de lecture, une jonglerie de l'esprit obligé de passer d'un point à un autre sans reprendre son souffle. Des textes pas toujours très connus, prononcés lors de colloques ou de conférences universitaires ou rédigés en préface à des ouvrages pointus et peu souvent lus par le "grand public". Beaucoup d'érudition et peu de prétention, encore moins de vanité. C'est que Eco sait montrer un visage simple et accessible, celui d'un homme envieux de partager son savoir avec autrui sans forcément s'asseoir dans le fauteuil de la supériorité.
Lors d'un colloque bruxellois consacré à l'auteur, j'avais entendu un journaliste dire à propos de cet ouvrage qu'il ressemblait à du minestrone d'excellente qualité tant les ingrédients étaient variés et riches.
Si l'image me fait sourire, je la trouve, ma foi, assez conforme à la réalité.
C'est riche, c'est varié et on sent que Umberto Eco éprouve un malin plaisir à disséquer la littérature sous toutes ses facettes, notamment celles de ses écrivains. Un brin de scepticisme à la plume, il démonte complètement les aphorismes de Oscar Wilde qui perdent, du coup, une certaine partie de leur charme. Il fait de même avec l'oeuvre de Marx et le "Manifeste du parti communiste".
Ses propres textes ne restent pas intouchables, il s'attaque également à eux, les revisitant, exprimant ses joies et ses regrets, s'amusant de certains, appréciant la justesse d'autres.
J'ai beaucoup aimé "Borges et mon angoisse de l'influence" qui narre l'héritage de Borges dans l'oeuvre de Eco, avec pas mal d'humilité et de réalisme.
Cet ouvrage en appelle d'autres et pour bien saisir le propos de Umberto Eco, il convient d'avoir lu ou bien connaître les ouvrages et auteurs mentionnés, sans quoi la brillante dissertation d'Eco ne livrera pas tout le piquant qu'elle contient.