Colen8 a écrit l'essentiel.
Exquise verve de Frédéric Mitterrand dont on perçoit la voix suave tout au long de la lecture.
Mais, si la qualité de la forme est indéniable (quel conteur), le fond m'a quelque peu déconcerté. Evidemment, l'auteur a une nette préférence pour l'écrivain, à tel point que le livre est fortement déséquilibré vers le camp Hugo, aussi bien en volume qu'en sentiment. Même si Mitterrand souligne l'empathie de l'Empereur et l'égotisme de Hugo, les travers de Louis-Napoléon Bonaparte / Napoléon III sont appuyés, forcés, quand les défauts de Hugo sont balayés d'un pardon magistral - pensez, un coureur de jupons en France ! Il y a bien le récurrent "perissime" qui fustige l'autoritarisme familial du bonhomme, mais, somme toute n'est-ce pas un bon trait bourgeois du dix-neuvième siècle. Et, si les turpitudes du second Empire sont sombrement rapportées (oubliant que les gouvernements immédiatement précédents et suivants furent nettement pires !), les effets positifs du régime libéral de la seconde moitié de l'Empire sont susurrés du bout de la plume et retombent dans l'oubli où les a noyés la troisième République. Hugo a écrit pendant cette période deux de ses plus grandes œuvres "Les Misérables" et "La légende des Siècles"("N.D. de Paris" est antérieure), mais également "Les Châtiments" qui est un gâchis de talent au service de la mesquinerie.
Quoi qu'il en soit, un livre à lire.
Homo.Libris - Paris - 59 ans - 18 avril 2020 |