Berlin, 1933
de Daniel Schneidermann

critiqué par Colen8, le 28 octobre 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Pris pour un bouffon, au début
Eberlué par la mascarade des primaires puis l’élection si peu attendue de Trump (2016) le journaliste critique des médias s’est plongé dans les archives de la presse occidentale de l’entre-deux guerres (années 1930). C’était pour vérifier comment celle-ci drapée aux couleurs de démocratie et de liberté d’expression avait rapporté les menaces visibles du nazisme avec ses atroces conséquences. Quelques années plus tard durant la guerre (1942) les alliés connaissant l’extermination de masse contre les juifs et d’autres minorités s’en détourneront et s’en dédouaneront au prétexte d’en finir au plus vite par l’écrasement de la Bête immonde.
Ils étaient des dizaines en Allemagne, reporters et correspondants étrangers dûment accrédités auprès du Reich. Même en restant essentiellement cantonnés à Berlin, ils ont vu et connu les exactions des milices armées faisant régner la terreur dans le pays, les SA en chemises brunes, les SS en chemises noires des années avant la victoire électorale de Hitler et sa nomination comme chancelier (1933). De peur de se faire rappeler à l’ordre par la censure qui pouvait les mener à l’expulsion, ils s’en sont tenus à des chroniques insipides édulcorées donnant une image en demi-teinte de la situation réelle.
Pour les patrons de presse principalement américains, britanniques, français, souvent apparentés au grand capital, gros industriels ou brasseurs d’affaires soucieux de leurs intérêts avant tout, leur proximité avec le pouvoir politique et diplomatique leur intimait de ne pas faire de vagues face à la révolution nationale-socialiste allemande succédant à la montée du fascisme italien (1924). Malgré les excès du Chancelier Hitler, il importait de ne pas contrarier ce jeune pouvoir afin de s’en servir comme bouclier contre la menace bolchevique en Russie relayée par les partis communistes européens.
Les seuls reportages alarmants venus de quelques journalistes lucides et courageux, n’auront pas suffi à démonter la propagande nazie orchestrée par Goebbels. Pas plus que ceux des journaux de gauche soupçonnés d’un parti-pris de mauvais aloi parmi lesquels l’Humanité, non plus que ceux de l’agence de presse juive JTA pourtant spécialisée dans les reportages de photos éloquentes mais coutumière d’autocensure pour ne pas vouloir apparaître en victime d’un antisémitisme largement répandu et accepté en Europe.
Nb : pour suivre ses émissions et chroniques : https://arretsurimages.net/equipe/…