Le coeur battant du monde
de Sébastien Spitzer

critiqué par Pascale Ew., le 5 janvier 2020
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Du Dickens sans grand suspense
Au milieu du XIXème siècle naît Freddy, le bâtard de Karl Marx. Le docteur qui devait le faire « disparaître » l’a confié à Charlotte, une jeune femme qui vient de perdre son bébé et qui attend le retour improbable de son amant parti chercher fortune en Amérique. Freddy et Charlotte vivent dans la misère.
En parallèle à cette histoire, Engels, riche héritier d’une entreprise textile, vit avec deux sœurs prolétaires, sans en épouser aucune. Il finance Marx et sa famille (il a épousé une noble). La situation et la position de ces communistes semblent équivoques, ambigües : ils vivent tels des riches, entourés par un milieu de privilégiés et défendent des idéaux pour un peuple qu’ils ne côtoient pas. Ces deux personnages ne sont nullement présentés de manière à attirer la sympathie et se comportent de façon très peu morale, d'autant plus si l'on pense à l'époque.
Ce roman est très long pour peu d’actions. Le lecteur s’ennuie en se demandant où l’auteur veut en venir. La situation des miséreux semble sans espoir. Pas grand-chose à quoi se raccrocher, donc.
la face cachée du monde 10 étoiles

Un roman déroutant mais terriblement captivant. Karl Marx et Friedrich Engels, ces deux monstres sacrés du mouvement ouvrier, voient leur image quelque peu ternie dans ce récit mettant en lumière la face cachée de leur vie. Un bâtard malvenu, dont il faut se débarrasser à tout prix. Une femme mettant tout en œuvre, jusqu’à la mort, pour protéger l’enfant qu’elle a accepté d’élever. Un homme vivant en concubinage avec deux sœurs, attentives à satisfaire tous ses désirs. Un riche capitaine d’industrie, habile homme d’affaires réussissant à concilier son état de patron avec le militantisme ouvrier. On est en plein mélodrame, pourtant attesté par les sources les plus sérieuses, citées en fin d’ouvrage. Avec son écriture efficace, ses phrases courtes parfois limitées à un mot unique, Sébastien Spitzer frappe fort et maintient l’attention du lecteur de la première à la dernière ligne. Une belle réussite, qui décevra sans doute les inconditionnels des célèbres auteurs du "Manifeste du parti communiste", mais ne dit-on pas que "dire la vérité est la meilleure preuve d’amour" ?

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 12 janvier 2024