La treizième tribu / l'empire khazar et son héritage
de Arthur Koestler

critiqué par Pierraf, le 23 novembre 2019
(Paimpol - 67 ans)


La note:  étoiles
L'origine des juifs Ashkénazes ?
A l'époque où Charlemagne se fit couronner empereur d'Occident, la région du Caucase et de la mer Caspienne était dominée par les Khazars. Ce puissant peuple, converti à une religion de parias, le Judaïsme, régna du Vième au XIIième siècle pour ensuite disparaitre.
Dans ce livre publié en 1976, Arthur Koestler défend la thèse selon laquelle les Juifs européens de l'Est et leurs descendants, c'est-à-dire les Ashkénazes, ne descendent pas (ou peu) des anciens Israélites, mais principalement des Khazars. Ce peuple aurait migré vers ce qui est aujourd'hui l'Europe de l'est, sous la pression de tribus nomades venues d'Asie centrale.
Cette histoire m'était totalement inconnue, et mérite d'être découverte. Le livre de Koestler est fort bien documenté, facile à lire. L'auteur bâtit une thèse, tout en étant conscient des limites de celles-ci, Il a le mérite de toujours chercher les arguments contraires et d'essayer de les expliquer rationnellement.
Un ouvrage, facile à lire et passionnant, qui mériterait d'être beaucoup plus diffusé.
Première approche 8 étoiles

Au temps de Charlemagne, la partie de l’extrême est de l’Europe allant du Caucase à la Volga était dominée par un puissant état appelé l’empire Khazar, suzerain d’une vingtaine de petits royaumes bulgares, polonais, magyars ou rhus qui lui versaient tribu. À cette époque, les armées du califat, qui étaient parvenues à franchir les montagnes du Caucase, furent stoppées net par les armées khazars. Il s’ensuivit un conflit qui dura plus de cent ans. Ils permirent ainsi un certain répit à l’empire romain d’Orient en bloquant cette avancée à l’est pendant qu’à peu près à la même époque, Charles Martel en faisait autant à l’ouest du côté de Poitiers. Les Khazars étaient un peuple nomade. Ils avaient la réputation de ne jamais se laver, de porter les cheveux longs (blonds aux yeux bleus pour les « Khazars blancs » et bruns aux yeux sombres pour les « Khazars noirs ») et de pratiquer des sacrifices humains. Pris entre l’autorité de l’empereur byzantin chrétien et le calife musulman de Bagdad, la Khazarie finit par adopter la religion juive, histoire de conserver son indépendance. Mais la montée en puissance du peuple russe et surtout les grandes invasions mongoles signèrent la disparition de leur empire et leur éparpillement en Pologne et en pays magyar principalement.
« La treizième tribu » est un essai historique qui, s’il apprend pas mal de choses sur une des véritables origines du peuple juif, n’en demeure pas moins basé sur des sources peu fiables voire contradictoires (lettres de voyageurs, de diplomates, voire témoignages de seconde main…). Il reste certainement beaucoup à découvrir sur le sujet. Le lecteur y découvrira combien ces temps pouvaient être barbares. Ainsi les Khazars se débarrassaient-ils des gens qu’ils jugeaient trop intelligents. « Si tu en sais trop, on te pendra. Si tu es trop modeste, on te marchera dessus », disaient-ils. Il pourra revoir également pas mal d’idées reçues. À cette époque, le prosélytisme religieux était courant, la mixité aussi, tout comme les viols de captives. Résultat plus de peuple élu ni de race pure, mais une immense majorité de gens métissés. Koestler prouve ainsi que l’idée d’une « race » juive issue uniquement de Palestine est un leurre. Si les Séfarades (juifs d’Espagne puis du Maghreb peuvent se prétendre d’une lointaine origine moyen-orientale), les Ashkénazes (descendants directs des Khazars éparpillés en Europe de l’Est) sont d’ascendance turco-mongole, voire aryenne d’Inde. Rien n’est simple en ethnologie historique. Ouvrage intéressant pour une première approche du sujet.

CC.RIDER - - 66 ans - 26 janvier 2023