Corto Maltese, Tome 15 : Le jour de Tarowean
de Juan Diaz Canales (Scénario), Ruben Pellejero (Dessin)

critiqué par Vince92, le 6 janvier 2020
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Le chaînon manquant
En 1975 sortait en album " La ballade de la mer salée", gros album qui débutait en laissant son héros, un pirate à belle gueule dans une fâcheuse posture. Le destin de Corto Maltese, entravé sur un radeau à la dérive sur l'immense Océan Pacifique n'aurait pas dû faire de doute. C'était sans compter sur la chance inouïe du marin maltais imaginé et porté par son auteur, Hugo Pratt qui va faire bourlinguer son personnage de la Corne de l'Afrique à la Sibérie, de la jungle amazone aux lagunes de Venise.
Mais pourquoi donc Corto se retrouve-t-il attaché de la sorte au commencement de ses aventures? C'est ce que tente d'imaginer Juan Diaz Canales en développant une sorte de préquel à cet album mythique qu'est la "Ballade de la mer salée" (mais qui n'est pas- et de loin- mon préféré de la série).
Ainsi découvre-t-on que Corto et son complice Raspoutine sont au service du Moine, ou plus précisément, au service d'une confrérie qui règne sur les territoires ultramarins du Pacifique- territoire immense aux archipels éclatés et peuplés de tribus étranges et isolées. Ils libèrent le jeune Calaboose, monarque exilé et prisonnier depuis de nombreuses années. Sur le chemin du retour, Corto relâche à Sarawak, au sein du sultanat dirigé par une famille originaire d'Europe, négocient avec la tribu des Dayaks l'exploitation de la gomme de guja, prennent en charge Ratu la sirène dont Calaboose tombe amoureux et voguent vers Escondida, l'île du Moine qui a fait l'objet d'une révolution de palais.
J'ai trouvé que ce troisième album, le plus risqué pour le duo espagnol s’appropriait habilement les codes de la série et, à ce titre, est un bon album de reprise. Le contexte scénaristique cependant fait que c'est au final un album assez moyen: brodant sur une histoire existante, Le Jour de Tarowean par la multitude des histoires qui le composent donne le sentiment au lecteur d'un album assez "foutraque" dans la lignée de son illustre prédécesseur (la ballade de la mer salée donc...). Les personnages secondaires sont la composante de l'album que j'ai préférée: le retour de Calaboose en son île, le drame qui se joue entre lui, son père, la femme de celui-ci et Ratu constitue le morceau de bravoure de l'album mais il faut attendre le dernier tiers pour lire cette partie du récit. Beaucoup de digressions sont à mon sens inutiles ou amènent de la confusion à la lecture qui n'est pas nécessaire (les histoires de confrérie des Moines, les Dayaks, les disputes Corto-Rasta etc...).
Un album en demi-teinte au final malgré une atmosphère générale agréable, servie par un très bon dessin. Le scénariste a voulu trop en faire sans doute...