Berlin, tome 3 : Ville de lumière
de Jason Lutes

critiqué par Vince92, le 22 juin 2020
(Zürich - 46 ans)


La note:  étoiles
La défaite
Jason Lutes livre enfin le troisième et dernier tome de sa série Berlin qui conte la vie d'une série de personnages entre les deux guerres mondiales dans la capitale allemande.
Enfin, car il a fallu au lecteur impatient près de 10 ans pour enfin connaître l'épilogue de cette histoire. Malheureusement, l'attente a fait décupler la (relative) déception née de la lecture de cet album… "tout ce temps pour ça" serait tenté de se dire le lecteur… tout d'abord, le volume fait la moitié de ses prédécesseurs… alors on ne juge pas d'un livre par son épaisseur mais quand Lutes prenait sont temps dans La Cité des pierres et Ville de fumée de développer les situations, de multiplier les cases silencieuses et instaurer une sorte de non-dit évocateur, on a le sentiment dans Ville de lumière qu'il expédie les scènes, qu'il est plus direct, moins subtil.
Le dessin est plus relâché également: J'ai relu les deux premiers tomes avant de terminer la série avec ce troisième tome… la différence graphique est assez significative entre les premier et deuxième tome et elle n'est pas en faveur de ce dernier album. Les dessins demeurent très bons au demeurant mais une fois de plus, Lutes montre moins de précision, de détail…
Les personnages évoqués au cours des deux premiers tomes sont confrontés inexorablement à la montée du nazisme et Berlin, la ville interlope, personnage-titre et récurrent que le lecteur avait découvert au cours des deux premiers tomes, n'échappe pas au phénomène. C'est tout d'abord Kurt Severing, le social-démocrate, figure de l'intellectuel désabusé, qui ne peut se résoudre à s'engager au sein du Parti Communiste et qui tombe peu à peu dans la dépression, c'est Marthe qui est obligée de rentrer à Cologne au sein de sa famille, forcée d'abandonner ses études d'art par manque d'enthousiasme, c'est celle qui est devenu sa compagne qui s'interroge sur son identité. Les enfants de l'ouvrière tuée par la police de Berlin sont livrés à eux-mêmes, l'un suit son père dans la SA, la fille aînée s'engage à fond avec le Parti Communiste- quel sera son destin. La famille juive qui l'a recueillie flaire le danger et fuit également…
Une fin plutôt décevante, pour une série qui demeure tout de même une référence du roman graphique voire un document intéressant de cette période des années 28-30.